Pape François: un immigrationniste au Vatican?

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Est-ce de la générosité ou de l’inconscience? Le profil et la biographie du Saint-Père peuvent expliquer cette ouverture: rédemption et remords sont les marqueurs sociologiques du Pape actuel. Cela lui fait un point commun avec les idéologues du wokisme.


Le Pape François, de passage à Lesbos qui abrite encore plus de 2 200 migrants dans le camp de Mavrovouni, a appelé l’Europe à ne pas transformer la Mare Nostrum en « Mare Mortuum », un cimetière maritime pour migrants. Il y a dit la messe avec une cinquantaine de migrants catholiques en provenance d’Afrique.

A Athènes, il a appelé l’Europe à ne pas se replier sur ses égoïsmes nationalistes, en présence de la présidente hellénique Katerina Sakellaropoulou, le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas et le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi. Ceux-ci lui avaient pourtant expliqué à quel point la Grèce se débat avec un nombre proportionnellement insurmontable de migrants arrivant sur ses nombreuses côtes.

Un adepte du concept mélenchoniste de créolisation?

Quelques jours avant, de passage à Chypre, il tenait à peu près le même discours : « Chypre, en tant que carrefour de civilisations, a une vocation innée à la rencontre, favorisée par le caractère accueillant du peuple chypriote. La beauté de cette terre provient des cultures qui, au cours des siècles, se sont rencontrées et mélangées ici. Aujourd’hui aussi, la lumière de Chypre est richement bigarrée. De nombreux peuples et nations ont apporté des nuances et des teintes différentes à ce peuple. »

Jésuite proche des Franciscains, François est au plus près de la parole de Jésus et ce type de propos généreux est prévisible. En tant que dirigeant du micro-Etat du Vatican, il n’a pas à en assumer la responsabilité : la Cité du Vatican est gardée par d’épaisses murailles et par sa centaine de gardes suisses ! Et au risque d’être poujadiste, on ne voit guère la Curie romaine partager ses vastes pièces et chambres pour loger des migrants. Le Pape François use dès lors de son pouvoir spirituel pour agir sur le temporel sur lequel il n’a pas prise.

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Ne cherche-t-il pas d’ailleurs sa propre rédemption ? Dans « Les Deux Papes », long métrage estampillé Netflix (2020), on apprend qu’au moment où se déroule l’action du film l’encore cardinal Jorge Mario Bergoglio a eu une attitude des plus ambiguë avec la junte argentine après le coup d’État militaire de Jorge Rafael Videla, le 24 mars 1976. La junte assassinera des milliers d’opposants (qu’on jetait à la mer par avion). Bergoglio est-il mal à l’aise avec cette période ? On touche là à l’essentiel : la culpabilité du pape François. Serait-il dans le remords, la repentance et la rédemption pour un mal supposé qu’il aurait fait et qui nécessiterait réparation ?

Jean-Baptiste Noé, historien et écrivain, dans un essai publié chez Salvator qualifie le pape François de populiste de gauche en ce sens qu’à la suite de nombreux théologiens et prêtres d’Amérique latine, « il a développé une ‘théologie du peuple’ dans laquelle le peuple n’est pas vu comme une catégorie sociale (comme dans la théologie de la libération), mais comme une catégorie mystique. La théologie du peuple reprend certains éléments de la théologie de la libération, mais elle n’est pas matérialiste » [5].

Le peuple est ici incarné par « l’indigène privé de ses terres ». Les communautés populaires d’Amazonie possèdent selon le Pape une organisation supposée meilleure que les autres formes d’organisations politiques. Ainsi, François n’aime pas l’Europe mais moins encore l’Europe centrale qui a retrouvé pourtant le chemin de la religion. Profondément sud-Américain, le Saint-Père est ouvert, par miséricorde et charité chrétienne aux migrants. Il ne comprend pas les peurs identitaires des Européens (l’islam est quantité négligeable en Amérique du Sud), contrairement à Jean-Paul II et Benoît XVI pour qui les racines chrétiennes de l’Europe étaient fondamentales.

L’accueil des migrants, une réparation faite aux pauvres

Pour l’actuel Pape, « le vrai peuple, le peuple bon, ce sont les indigènes », explique Noé. « Ils ont une sagesse innée qu’il faut respecter et promouvoir. Mais dans l’esprit de Bergoglio, partagé du reste par beaucoup de chrétiens, le monde est fini, et les ressources sont limitées. Par conséquent, si l’Europe s’est développée, cela n’a pu se faire qu’au détriment des autres continents. L’Europe est riche parce qu’elle a pris aux autres. Vieille idée marxiste et malthusienne qui est incapable de penser le développement comme une création de richesse. Par conséquent, l’accueil des migrants est une réparation faite aux pauvres. Il faut accueillir les migrants pour réparer les crimes de la colonisation. L’Europe doit expier puisqu’elle est responsable de la pauvreté et des dérèglements climatiques. »

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En octobre 2019, lors du synode de l’Amazonie, on constate « le retour sous une autre forme de la théologie de la libération avec l’entrée en force du syncrétisme dans cette religion vieille de deux millénaires » confirme le pasteur Samuel Furfari. « Jamais comme aujourd’hui on n’a fait l’éloge du paganisme. Il suffit de parcourir la table de matière de ce document pour s’en rendre compte. Il y est question de ‘conversion écologique’, de ‘conversion intégrale’, de ‘conversion ecclésiale en Amazonie’, alors que l’Église a pour mission de prêcher la conversion à Christ. Le document de travail du synode (‘Instrumentumlaboris ‘) contient sept fois le terme ‘Mère’, et dans un langage tout à fait étranger à la Bible, indique que le Saint Esprit a enseigné à ces peuples la ‘foi en Dieu Père-Mère Créateur’ ».

Le stop and go de l’évangélisation

Pour François, l’Eglise doit se limiter à échanger avec les Indiens en respectant leur croyance ancestrale. Il n’est plus question ni d’évangélisation ni de baptême des Indiens. « Il semble donc que, selon le Vatican, les traditions et religions autochtones ont préséance sur la Bible et sur la tradition catholique romaine », semble regretter Furfari. « D’ailleurs, les missionnaires catholiques en Amazonie ne prêchent plus la conversion à Christ, mais ‘accompagnent’ les indigènes. Le missionnaire Corrado Dalmonego, qui vit avec des Indiens depuis 11 ans et les connaît donc bien, estime que ces autochtones peuvent ‘avec l’expérience de leur propre religiosité, aider l’Église elle-même à se purifier des schémas, des structures mentales qui sont peut-être devenues obsolètes et inadéquates. »

On réalise ici à quel point le pape François a tous les attributs du wokisme contemporain. Il constitue un allié de poids dans la révolution culturelle que nous vivons actuellement.

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