À chaque crise migratoire aiguë, les médias de grand chemin mettent en avant un symbole de la détresse humaine, comme s’il était indispensable d’édifier les consciences. A l’opposé, les violences commises lors des tentatives d’entrées clandestines dans le territoire européen sont très souvent décrites en mode mineur dans les médias de grand chemin. Les quelques exemples que nous en donnons illustrent ce prisme dans la présentation médiatique des événements.
Des images pour émouvoir
En 2015, la photo du jeune migrant prénommé Alan, mort sur une plage grecque, a fait le tour de la terre. Le photographe qui l’a prise ne cachait pas son intention de « faire changer l’opinion de l’Europe concernant les réfugiés ». Plus proche de nous, le 18 mai 2021, lors des franchissements massifs de la frontière du territoire espagnol de Ceuta par des clandestins, tacitement autorisés voire commandités par les autorités marocaines, la photo du sauvetage d’un bébé de la noyade – à quelques mètres de la côte — par un garde civil espagnol a été largement diffusée. Elle amenait les médias de grand chemin à présenter celle-ci, à l’instar du Parisien le 20 mai, comme un « symbole d’un drame humanitaire ».
Il y a pourtant une autre facette de l’immigration clandestine massive que connaissent les pays européens : celle des nombreuses violences commises par les clandestins pour imposer leur présence coûte que coûte sur le sol européen. Les médias de grand chemin ne rendent compte de cette violence que ponctuellement et de façon clinique. Est-ce parce que celle-ci pourrait, en étant plus amplement présentée, provoquer de l’indignation et faire prendre conscience de la hauteur des enjeux ? Loin des clichés, cette violence montre également la détermination des clandestins à venir en France ou dans un pays voisin, face à des autorités toujours promptes à accorder des « droits ».
À Calais, des tentatives d’intrusion parfois violentes
Dans la région de Calais, les agressions des forces de l’ordre et des routiers par des migrants sont très fréquentes. Pour ne citer que deux exemples, durant la nuit du 1er au 2 juin 2021, la ville de Calais a connu des scènes dignes d’une guerre civile qui ont été passés sous silence par de nombreux médias.
Le quotidien régional La Voix du Nord s’est fendu d’un article assez lapidaire sur cet événement. Il ne peut s’empêcher de victimiser les clandestins en les appelant des « exilés ». Des « exilés », plus de 300, qui « armés de barre de fer et de bâtons (…) ont pris à partie des CRS. (…). Lors de ces heures d’affrontements, « une trentaine de CRS auraient été contusionnés, sept blessés et hospitalisés. L’un d’eux plus gravement ». Au vu de sa couverture médiatique, cela ne devait être qu’un épiphénomène pour les médias de grand chemin. Alors que cela aurait pu être l’occasion de relancer le débat sur la présence constante de milliers de clandestins dans le secteur qui harcèlent douaniers, policiers et routiers.
Peu avant, le 14 mai, Ouest-France nous informait qu’« une centaine de migrants a investi la rocade Est de Calais en découpant le grillage situé au niveau du chantier du nouveau port. (…). Ils ont ensuite « tenté d’entraver la circulation en déposant du matériel sur la chaussée. (…). De même source, la circulation a été « légèrement impactée » le temps de l’intervention des forces de l’ordre et plusieurs camions ont subi des dégradations par des jets de projectiles ».
Il ne s’agit que de deux récents « faits divers », comme la ville de Calais et la zone du tunnel sous la Manche en connaissent tant d’autres depuis plusieurs années. Des évènements qui ont été traités par les deux quotidiens régionaux de façon désincarnée, presque clinique. Il est vrai qu’ils donnent une image négative de certains migrants, alors que ces deux titres rivalisent d’efforts pour leur donner à longueur d’articles une image positive.
L’immigration clandestine arrivant en Espagne explose
En Espagne, les arrivées de clandestins par la mer ne font qu’augmenter depuis 2019. Au 30 mai, le Haut-commissariat aux réfugiés de Nations Unies recensait près de 10 000 arrivées clandestines depuis le début de l’année 2021. Un chiffre qui est probablement largement sous-estimé.
Les agressions contre les gardes civils espagnols chargés de la surveillance des côtes se multiplient. En avez-vous entendu parler en France ? Le site d’information Le Maroc diplomatique a donné la parole à deux syndicalistes de la garde civil espagnole : « Depuis le début de l’année, plus de 30 agents ont été agressés (…) dont sept dans des affrontements avec des migrants ». Nous n’en saurons pas plus sur les circonstances de ces agressions ni sur la nature des lésions dont ont été victimes les membres des forces de l’ordre espagnoles. Ce début d’information n’a été ni exploité ni développé par les médias de grand chemin français.
Le 18 mai, plus de 8 000 africains se sont introduits clandestinement dans l’enclave espagnole de Ceuta, en Afrique du nord. Alors que le Maroc est rétribué pour empêcher les départs clandestins, les autorités de ce pays ont ouvert les vannes pour montrer leur mécontentement suite à l’accueil en Espagne du leader du Front Polisario pour des soins médicaux. L’image d’un bébé sauvé de la noyade par un garde civil espagnol a fait le tour du monde. Les violences contre les forces de l’ordre espagnoles ont par contre été totalement passées sous silence par la majorité des médias de grand chemin.
C’est dans la presse locale espagnole que l’on trouve des informations à ce sujet. Le journal espagnol local, El Faro de Ceuta, évoque une « offensive historique que l’on avait jamais connue auparavant ». Ce sont en effet des images de guérilla à Tarajal que le journal a mis en ligne sur son site : d’un côté des migrants qui jettent des pierres contre les gardes civils espagnols, de l’autre, des tirs de grenades lacrymogènes pour contenir les assauts des migrants. On apprend que la mobilisation de l’armée, de la police nationale, de la police locale et de la garde civile a été nécessaire pour faire face à ce que le journaliste qualifie de « chaos ». En avez-vous entendu parler ?
La France n’est pas épargnée par la violence de certains migrants
Notre pays n’est pas épargné par la violence de certains migrants. Faire simplement respecter la loi apparait un objectif souvent inatteignable.
Parmi les exemples récents, fin juillet 2020, deux gendarmes ont eu la curieuse idée de vouloir contrôler un groupe de migrants à Ouistreham. Valeurs actuelles nous apprend que « (une) vingtaine d’individus aurait alors « sauté » sur les forces de l’ordre, selon ces dernières. Les gendarmes auraient ensuite tenté de disperser le groupe à l’aide de lanceurs de balles de défense (LBD) et de gaz lacrymogènes. Outre les deux militaires blessés, deux véhicules de la gendarmerie nationale ont été endommagés ».
De très nombreux clandestins arrivés par la mer méditerranée en Italie cherchent – et réussissent souvent – à gagner la France. Ils prennent pour certains tout simplement le train pour venir dans notre pays. Souhaitant mener une opération de contrôle dans le train Nice Menton, des policiers ont été agressés par une dizaine de migrants le 7 mars 2021. Le quotidien régional Nice Matin nous informe qu’ « une première bagarre a éclaté, des migrants ont volé des outils et se sont renfermés (dans les toilettes). (…) De nouveaux affrontements éclatent. “Très violents”, selon Unité SGP Police. Deux policiers sont touchés, l’un à l’œil, l’autre à la main. “Aucun migrant n’a été blessé dans l’opération, les collègues ont agi avec beaucoup de professionnalisme” » commente un syndicaliste policier.
Parfois ce sont les no border, qui militent pour la suppression des frontières, qui s’en prennent aux forces de l’ordre afin qu’elles laissent passer les migrants.
La radio Alpes 1 nous informe que le 17 mai, « plus d’une centaine de militants contre les frontières et les contrôles faits envers les migrants se sont mobilisés ce samedi, entre Clavière et Montgenèvre, à la frontière. (…) Des accrochages entre les militants et les forces de l’ordre se sont produits, les gendarmes ont dû essuyer des jets de projectiles, les manifestants qui tentaient de forcer la frontière ont été repoussés au moyen de gaz lacrymogènes. Selon nos informations, le gendarme aurait eu l’avant-bras fracturé ».
L’article ne précise pas si des no border ont été interpellés, tant ils semblent bénéficier d’une quasi impunité. C’est encore une fois un récit clinique, décontextualisé, des événements qui est fait. Une agression devient un « accrochage ». Les agressions sont rarement décrites précisément. Comme s’il fallait minimiser et éviter de relier des événements qui « font système ». Rappelons que le mouvement Génération Identitaire a été dissous pour avoir voulu symboliquement contrôler une frontière.
À Paris, la mise à l’abri comme un droit
Dans la capitale française, les mises à l’abri des clandestins se succèdent à un rythme martial dans un enchainement bien orchestré : les associations d’aide aux migrants rameutent les clandestins pour qu’ils occupent une place de la ville. Les services de la préfecture prévenus à l’avance mobilisent des cars pour transporter les clandestins vers un hébergement en Ile de France, avant très probablement d’être répartis dans la France entière, conformément à la politique de peuplement souhaitée par le gouvernement.
La « mise à l’abri » de tous les clandestins, annoncée par le président Macron dès le début de son mandat, est désormais considérée comme un droit par les clandestins. À tel point que ceux n’en bénéficient pas immédiatement perçoivent cela comme une injustice.
Lors de la dernière opération en date, le 30 mai, de nombreux migrants ont véritablement agressé les forces de l’ordre pour pouvoir accéder aux bus conduisant à un hébergement. Un internaute a mis en ligne des images de cette scène assez effarante. Cela lui inspire ce commentaire :
Les faits relatés ne sont que quelques exemples, pris parmi d’autres, d’un récit ignoré de la crise migratoire qu’il faut plutôt appeler invasion migratoire. Un récit fait de drames humanitaires mais aussi de violence que les médias de grand chemin ne peuvent pas totalement passer sous silence. Une violence qui donne la mesure de la pression migratoire qui n’est jamais traitée comme un véritable sujet à part entière, alors qu’un nombre croissant d’Africains n’a comme seule perspective d’amélioration de son sort que de venir en Europe. Un phénomène massif mais à bas bruit dans les médias, dont le récit reste à écrire.
Article paru sur le site de l’OJIM.
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