Afghanistan : volte-face de l’Allemagne et des Pays-Bas qui suspendent les expulsions de migrants

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L'Allemagne et les Pays-Bas ont annoncé ce 11 août la suspension des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine en raison des combats sur place entre Taliban et forces pro-gouvernementales, qui ont fait de nombreuses victimes civiles. Il s'agit d'une volte-face pour ces deux pays.

Aux côtés des gouvernements belge, danois, grec et autrichien, l'Allemagne et les Pays-Bas avaient la semaine dernière demandé à la Commission européenne de maintenir la possibilité d'expulser des migrants afghans, malgré un appel de Kaboul à interrompre ces expulsions.

A Berlin, le ministère de l'Intérieur a finalement opté pour la suspension «en raison de l'évolution de la situation sécuritaire» dans le pays, a justifié un de ses porte-parole, Steve Alter, sur Twitter. Le gouvernement à Kaboul «nous a demandé déjà depuis un certain temps de suspendre [les expulsions] jusqu'à la fin octobre», requête «que nous satisfaisons et que je trouve également juste», a précisé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue du Bahreïn Rashid Al Zayani.

L'Autriche a en revanche maintenu sa ligne dure. «A l'heure actuelle une suspension de facto des expulsions n'est pas en discussion», a affirmé à Vienne un porte-parole du ministère de l'Intérieur à l'AFP. Depuis 2016, environ un millier d'Afghans, déboutés de leur demande d'asile, ont été expulsés par avion vers leur pays par les autorités allemandes, surtout durant les années 2018 et 2019. 

«La situation en Afghanistan est susceptible de changer et les événements pour la période à venir sont si incertains que j'ai décidé d'introduire un moratoire sur les décisions (d'expulsion) et les départs», a déclaré la secrétaire d'Etat néerlandaise à la Justice et la Sécurité, Ankie Broekers-Knol. «Le moratoire sur les décisions et les départs s'applique pour une durée de six mois et s'applique aux ressortissants étrangers de nationalité afghane», a ajouté la ministre du parti libéral VVD dans une lettre adressée au Parlement néerlandais. 

Mauvais signal

Alors que les combats s'intensifiaient en Afghanistan, les six Etats membres de l'UE avaient adressé une lettre à la Commission européenne demandant de ne pas suspendre les expulsions de migrants afghans et «d'engager un dialogue intensifié avec les partenaires afghans sur toutes les questions migratoires urgentes, y compris une coopération rapide et efficace en matière de retour». 

«L'arrêt des retours envoie un mauvais signal et est susceptible de motiver encore plus de citoyens afghans à quitter leur domicile pour l'UE», plaidaient-il également dans la lettre envoyée le 5 août, dont une copie est parvenue à l'AFP. Mais un haut responsable européen a déclaré que, parce que les autorités afghanes avaient notifié à Bruxelles que Kaboul suspendait ses opérations de retour forcé pendant trois mois, il y avait peu de chances que ces expulsions soient maintenues. «Et clairement, étant donné la situation actuelle, je ne m'attends pas à ce que des opérations de retour forcé aient réellement lieu», a déclaré le responsable. Il a également précisé que jusqu'à présent cette année, 1 200 personnes avaient été renvoyées en Afghanistan depuis l'UE, dont 1 000 étaient «volontaires» et 200 «forcées».

La situation en Afghanistan s'est largement dégradée ces dernières semaines. Galvanisés par le retrait des forces étrangères, qui auront définitivement quitté l'Afghanistan d'ici à la fin du mois d'août après vingt ans d'occupation, les Taliban ont multiplié les gains territoriaux. Ils se sont emparés le 8 août de Kunduz, la grande ville du nord-est, et, ces derniers jours, de huit autres capitales provinciales, au cours d'une offensive éclair déclenchée en mai et qui s'est récemment accélérée.

Le gouvernement de Kaboul avait en juillet appelé les pays européens à cesser, pendant les trois prochains mois, d'expulser des migrants afghans. La Suède et la Finlande avaient suspendu les renvois en Afghanistan à la suite de cet appel. Les Afghans constituaient en 2020 10,6% des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat.

 

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