Les réjouissances du 1er août sont l'occasion d'écouter les discours convenus des grands de notre petit pays. Pour ma part, je trouve qu'en la période actuelle cette fête a un goût particulier, plus amer encore que la même date l'an dernier alors que nous nous débattions dans une pandémie mystérieuse venue - non, importée - de Chine.
Nous sommes donc le 1er août, certes, mais en 1984. Pas l'année de sortie de la première version de Tetris, mais celle du roman de George Orwell. Nombre d'entre nous ont l'impression d'avancer en pleine dystopie, et le parallèle avec l'ouvrage anglais décrivant un futur cauchemardesque correspond de plus en plus à notre présent... Un petit tour d'horizon permet de voir ce qu'il en est.
Les Deux Minutes de la Haine
Tous les jours, la population est appelée à manifester lors d'un rituel, deux minutes d'hystérie et de hurlements contre le traître Emmanuel Goldstein, dont le portrait est diffusé sur des écrans. Goldstein, à la tête d'une prétendue résistance, est responsable de tout ce qui va mal. Personne ne le connaît personnellement, nul ne le défend - pareille idée relève de l'impensable. De même, il n'existe aucune autre explication sur les difficultés que traverse la société. Goldstein incarne et s'avère responsable de tout ce qui va mal.
En Suisse le parallèle avec Donald Trump est frappant. Il suffit d'un article sur Trump (il y en a au moins un par semaine, même s'il n'est plus président depuis sept mois) et de lire la teneur des commentaires, sur Le Matin par exemple, pour découvrir des tombereaux de bile et d'invectives, avec tout ce que l'esprit de meute implique. Donald Trump n'a rien fait contre la Suisse, n'est jamais venu en Suisse et n'a probablement pas grand-chose à faire de la Suisse, mais peu importe.
Et le plus intéressant dans tout cela est que le grand public ne connaît que de M. Trump ce qui en est dit dans nos médias. L'endoctrinement est impressionnant. Si vous vouliez une estimation de la capacité de manipulation des médias de masse, elle se mesure simplement à l'aune de la détestation de Donald Trump.
La Guerre c'est la Paix
La paix en Europe n'a jamais autant ressemblé à la guerre. La guerre est constamment invoquée par les pouvoirs publics de nos pays. Comme il ne faut pas "stigmatiser" qui que ce soit on entre en guerre contre des concepts: le terrorisme, l'extrémisme, la pandémie. Ces concepts ne sont jamais clairement définis, pas plus que les conditions d'une victoire. La guerre en devient un état continu, mobilisant, et perpétuel. De même, on évitera tout lien entre la "guerre" et les ennemis objectifs de nos contrées et de notre mode de vie, comme la Chine, les pays musulmans ou les ONG qui organisent sciemment notre invasion.
L'appel à la guerre permet ainsi d'en appeler à des exceptions qui deviennent progressivement la norme. On citera pêle-mêle la perte des libertés individuelles comme la liberté d'opinion ou de mouvement, le couvre-feu, la perte du secret médical, ou des interdictions professionnelles arbitraires. Tous les freins aux dépenses étatiques sont eux aussi oubliés au nom de l'urgence.
La crise devient la normalité et justifie tout par elle-même.
Les opposants à la "guerre" deviennent de fait des dissidents, puisqu'ils minent l'effort de guerre. Il en faut peu qu'ils deviennent objectivement des ennemis et ne soient traités comme tels. Des Gilet Jaunes aux Antivax, la riposte démesurée est une posture qui semble de plus en plus séduire les autorités. La logique simpliste de la guerre oblige à choisir son camp. Sur les réseaux sociaux on censure, sur les blogs on purge. Les chiens de garde de la pensée unique veillent au grain.
Émettre un avis différent suscite la division, c'est un crime.
L'Ignorance, c'est la Force
À notre époque, il est important de ne pas savoir. Ne pas connaître les chiffres réels de la production d'énergie pour plaider la "transition énergétique". Ignorer le cycle de vie d'une batterie pour plaider la "voiture électrique". Passer outre les fraudes scientifiques pour parler du "réchauffement climatique". Ne pas savoir que le confinement ne fonctionne pas. Invoquer sélectivement "la science" pour mieux passer sous silence que les masques ne fonctionnent pas.
Le passé doit être ignoré, ce que vaut l'abolition de notre Histoire façon Black Lives Matter et son pendant de la Cancel Culture. Leur vandalisme culturel qui n'a rien à envier à celui des talibans.
Sous nos latitudes, le passé à court terme est tout aussi ciblé, car il permet encore à ceux qui sont dotés de mémoire de réaliser les incroyables revirement à 180° qui sont la marque de nos gouvernements. Un peu d'humilité ne ferait pas de mal, car personne n'est parfait ; mais c'est mal comprendre les enjeux. L'inhumanité est un fondement de Big Brother, elle le caractérise. Big Brother, chez nous Big Governement, est parfait. Infaillible. S'il dit blanc un jour c'est la vérité. S'il dit noir un autre jour c'est encore la vérité. Celui qui ose plaider le changement se trompe: c'était vrai avant, et c'est toujours vrai maintenant, même si c'est le contraire. La vérité change, voilà tout.
La politique sanitaire du port du masque en est un exemple emblématique. Les masques ne servent à rien, et le grand public est de toute façon trop stupide pour les porter correctement ; en porter un au Parlement est une "provocation". Et puis, ceux qui portent des masques sont des salauds, il faut les réserver "pour le personnel soignant" à cause de la pénurie (même s'ils ne servent à rien, vous suivez?). Et du jour au lendemain, le port du masque devient obligatoire, dans certains lieux puis partout, même en extérieur, puis ne devrait plus l'être si on est vacciné, mais le reste quand même. Aux États-Unis, le Dr Fauci, l'homme qui a financé le COVID et la recherche sur le gain de fonction, affirme qu'il faut porter deux, voire trois masques les uns sur les autres...
Mieux vaut rire de tout cela, et surtout débrancher son cerveau, de peur d'être pris pour cible par les hordes conformistes assoiffées du sang des déviants. Le crimepensée a beau n'être qu'une pensée, il reste un crime.
La Liberté, c'est l'Esclavage
Grand révélateur de ce qui reste de nos prétendues libertés, le COVID aura permis d'illustrer cette dernière maxime de 1984 au travers de la vaccination.
Le "vaccin" contre le COVID (rendu possible grâce à Trump, mais il reste un salaud) était la promesse d'un retour à une vie normale. La fin des infections, des confinements, de la distanciation sociale, des masques.
Puis on parla de deux doses, puis de maintenir le port du masque, puis de continuer à devoir fournir des tests pour voyager. Alors que chaque individu aurait dû choisir de se vacciner ou non selon sa décision personnelle, la volonté de l'État est toujours plus forte de le rendre obligatoire, en multipliant les contraintes vexatoires.
L'Europe est quotidiennement prise d'assaut par des milliers d'immigrés clandestins, mais leur statut sanitaire n'est pas un débat autorisé dans l'espace public.
En échange de l'esclavage vaccinal, en France par exemple, on reçoit la liberté du pass sanitaire: le laisser-passer à fournir au cafés-restaurants, foires et salons, avions, trains et cars longs trajets, ainsi qu’aux établissements médicaux (authentique). Mais il faudra une troisième dose, et peut-être une tous les six mois. De quoi maintenir les listes à jour... La "liberté" est à ce prix.
Vivre en soumission
J'ai une anecdote personnelle à raconter à propos du port du masque. Prenant régulièrement le train pour des raisons professionnelles, je fus sans doute un des premiers en mars 2020 à décider d'en porter un en montant à bord. Je me rappelle les regards étranges et méfiants des autres passagers - je n'étais pas asiatique, n'est-ce-pas, que faisais-je avec un masque? Guetté comme une bête curieuse, certains n'osaient s'asseoir à mes côtés. Je n'avais bien sûr aucune certitude quant à son utilité, mais je tenais à faire quelque chose, à titre personnel.
L'histoire pourrait s'arrêter là mais les jours et les mois passèrent, alors que la première vague de COVID-19 frappait la Suisse. Mars, avril, mai, juin arrivèrent, avec leurs hôpitaux surchargés et le premier confinement. Mais ce n'est que le 6 juillet 2020 que le gouvernement helvétique décréta - "aussi lentement que nécessaire" je suppose - l'obligation généralisée du port du masque dans les transports.
Et là! Tous ces gens qui ne portaient pas de masque la veille se mirent à en porter un le lendemain. D'un coup d'un seul, des millions de visages furent recouverts, suivant les instructions diligentées par le Conseil Fédéral. Loin de ces histoires de pénurie dont les médias faisaient les choux gras, ils avaient tous réussi à mettre la main sur des masques. Ils attendaient juste le signal pour les porter.
La logique aurait voulu que si ces gens pensent que le masque fut efficace, ils le portent dès qu'ils en disposent ; mais au lieu de cela ils attendirent simplement le signe venu d'en haut. Le masque sur le visage n'était pour eux nullement une question de santé mais de soumission à l'autorité.
Ce jour-là, je compris que la plus grande part de la population du pays (celle que je pus croiser dans les transports en commun en tout cas) avait sciemment choisi de renoncer à penser par elle-même pour simplement obéir.
Joyeux 1er août 1984.
"Ne réfléchissez pas
Ne questionnez pas
Payez vos impôts
Votez pour nous"
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 1er août 1984 2021
M.Montabert,
Avez-vous lu le livre de G.Orwell ? Moi oui. Nous vivions dans le monde décrit dans ce livre, vous n’auriez pa eu loisir d’écrire votre commentaire sans être anéanti. Un peu de mesure ne ferait pas de mal, ne serait-ce que par respect pour les réelles victimes de régimes totalitaires.
Merci M. Montabert pour ce parallèle avec le livre ”1984” de G. Orwell.
Cela devrait être enseigné dans toutes les écoles !
Comme ce dicastère de l’enseignement public est au mains de la gauche politique, cela n’arrivera pas de sitôt !!
@Chris: c’est exact, merci pour la précision.
Trump est venu en Suisse, à Davos.
Bravo !