Les Lyonnais l’ont voulu, les Lyonnais l’ont eu : le maire écolo de Lyon donne d’emblée toute sa mesure de fou végan en interdisant la viande dans les menus des cantines scolaires. Exit le fromage de tête, l’andouillette lyonnaise, le jésus, la rosette ! Dehors le boudin blanc ! Les amateurs de gratton ne lui disent pas merci, à monsieur le maire. On imaginait le côté « khmers verts » des écolos. Mais Doucet, le nouveau maire, bat tous les records d’intolérance, avec cette fatwa contre la viande.

Au nom de quoi cette interdiction ? Pour simplifier le service de cuisine en cette période d’épidémie, nous explique doctement la majorité municipale, consciente que son dogmatisme risque d’accélérer la dégradation de son image, déjà passablement ternie par le passage accéléré à l’écriture inclusive des documents administratifs. Débiter de la saucisse créerait donc plus de bouchons dans les cantines que débiter des carottes, à en croire les experts municipaux. On l’a bien compris, il s’agit d’une décision purement idéologique. Les écolos n’aiment pas la viande. Le véganisme fait partie de leur mode de vie, leur sert de spiritualité. Mais le problème avec les végans, c’est qu’on trouve toujours plus végan que soi ; de la viande au poisson, il n’y a qu’un pas, du poulet à l’œuf aussi. Quant au lait, son originale animale n’est guère contestable. Avec cette approche dogmatique de derviche tourneur de broches à légumes, Doucet prépare donc la reconversion de Lyon, capitale mondiale de la gastronomie, en patrie du rutabaga sauce liebig. Certains ministres sont immédiatement montés au créneau : Denormandie, ministre de l’Agriculture, au nom de la défense des éleveurs, et Darmanin, qui voit avec inquiétude progresser la dictature verte (mais persécute les identitaires).

Bidochophobes contre viandards

Mais la majorité a très vite sombré dans la cacophonie, comme à son habitude. Pompili, la ministre de l’Ecologie a en effet pris le contrepied de ses collègues, évoquant un « débat préhistorique ». Elle a reçu le renfort de Véran, habituellement chargé du COVID avec la compétence que l’on sait. C’est à présent toute la macronie qui polémique, se divise entre bidochophobes et viandards. Le point de non-retour du ridicule a été atteint par le Premier ministre qui, croyant apaiser les passions, a déclaré : « Moins nous alimentons les polémiques autoportées, mieux nous nous portons », tandis que les scuds des deux camps macroniens lui passaient au-dessus de la tête.

Quant à Attal (qu’il serait temps de reconduire à la frontière de la vie animale), il n’a pris parti ni pour un camp ni pour l’autre, se contentant de refuser « que ce soit une décision idéologique ». Mais c’est quoi, alors ? Et si c’est une décision dictée par des considérations de santé publique, à quelles sanctions doivent s’attendre les cantines qui, au mépris du principe de précaution, servent encore du jambon, des raviolis ou des lasagnes ?

A la vérité, les mairies écolos (Lyon, Bordeaux etc.) se caractérisent par une suite d’interdits, de tabous et de contraintes aberrantes, qui rappellent davantage la Chine de Mao que le paradis d’avant le péché originel (avec ou sans sapin de Noël).

Lundi des agriculteurs en colère et en tracteur (joli zeugma !) bloquaient la mairie où se tenait une réunion du conseil municipal. La folie verte ne fait que commencer. •

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