Si cette loi est adoptée, elle permettra aux Polonais de faire appel devant les tribunaux en cas d'interdiction et de censure injustes liées à la suppression de postes sur les médias sociaux
22 décembre 2020
Editeur: Remix News – Auteur: Grzegorz Adamczyk
Les défenseurs de la liberté d'expression de tout l'Occident célèbrent un nouveau texte de loi en cours de préparation par le ministère polonais de la justice, qui vise à garantir le respect des droits des utilisateurs de médias sociaux.
Le ministre de la justice, Zbigniew Ziobro, a souligné que "les utilisateurs de médias sociaux doivent avoir le sentiment que leurs droits sont protégés. Il ne peut y avoir de censure de l'expression. La liberté d'expression et de débat est l'essence même de la démocratie."
Un nombre croissant de messages sont supprimés par les sociétés de médias sociaux et les utilisateurs se voient imposer des interdictions ou même des suppressions de compte. Habituellement, à ce stade, ces utilisateurs sont à la merci des plateformes de médias sociaux et ont des options limitées.
Alors que la liberté de parole et d'expression est vitale dans les démocraties, les médias sociaux sont dominés par des entreprises qui peuvent introduire leurs propres directives. Dans le même temps, ces entreprises doivent respecter les lois des pays dans lesquels elles opèrent.
Le vice-ministre de la justice Sebastian Kaleta, qui supervise le travail sur les lois, a déclaré que le temps est venu pour la Pologne d'avoir des règlements qui protègent contre les abus des sociétés Internet géantes, selon l'agence de presse polonaise Benchmark.pl.
Il a ajouté que la nouvelle réglementation permettra à la Pologne de punir les sociétés de médias sociaux pour avoir violé les droits des utilisateurs, ce qui sera soutenu par le plein pouvoir du système judiciaire polonais. Si les sociétés sont reconnues coupables de violer les droits des utilisateurs et refusent d'obéir à la décision d'un tribunal, elles pourraient se voir infliger une amende allant jusqu'à 2,2 millions d'euros.
Dans le cas d'un conflit entre un site de médias sociaux et l'utilisateur, la nouvelle loi prévoit qu'un tribunal polonais décidera si une loi a effectivement été enfreinte, ce qui aurait justifié la censure.
Les conservateurs sont souvent la cible de la censure des médias sociaux
Après l'adoption de la nouvelle loi anti-censure, les médias sociaux ne pourront plus supprimer des messages ou bloquer des comptes à leur guise. Cette nouvelle loi concerne les messages qui n'enfreignent pas la loi polonaise. Ainsi, par exemple, les utilisateurs qui publient de la pornographie enfantine ou d'autres contenus illégaux n'auront aucun recours en vertu de la nouvelle loi pour faire rétablir leurs messages ou débloquer leurs comptes.
Cependant, une grande partie de la censure qui a lieu sur les plateformes de médias sociaux n'a rien à voir avec des contenus illégaux. Les conservateurs ont particulièrement insisté sur le fait que leur contenu a été interdit ou censuré sur les plateformes de médias sociaux, qui sont connues pour leur adhésion à la politique libérale. En fait, le média d'État polonais Poland Daily, qui publie des informations et des nouvelles sur la Pologne, a été interdit de Twitter au début de l'année et n'a pas été rétabli depuis des mois, bien qu'il n'y ait aucune violation évidente des directives de Twitter. Notre propre publication, Remix News, a également été interdite de la plateforme sans explication.
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On imagine mal aujourd’hui nos députés, qu’ils soient suisses ou français, s’engager à légiférer dans le même sens pour une véritable liberté d’expression. Preuve, s’il en fallait, de l’adhésion sans faille de nos politiciens à la pensée unique et au politiquement correct.