“L’offensive de Salvini sur les ″décrets migrants″ : prêt à proposer un référendum.”

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Italie. Revue de presse.

La modification des règles concernant l’accueil et la prise en charge des migrants, avec l’abrogation des décrets de 2018 voulus par l’ancien ministre de l’Intérieur M. Salvini, fait la Une du quotidien La Repubblica : « Moins de réfugiés, plus de travailleurs : la nouvelle Italie des migrants » - ‘’Le vice-ministre Mauri : ‘’les décrets de Salvini exploitaient la peur’’. Baisse des arrivées par bateau provenant de Tunisie’’ (La Repubblica).

  • Quorum non atteint lors du vote sur la prolongation de l’état d’urgence

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Les anomalies et les courts-circuits » : « Hier à la chambre, la majorité a accusé l’opposition d’irresponsabilité en raison de l’absence de quorum. Il s’agissait de l’état d’urgence et des mesures décidées par le gouvernement. Nul ne s’interdit sur le plan politique de juger le centre droit et de l’accuser d’irresponsabilité. C’est peut-être vrai. Toutefois, il relève de la majorité d’assurer le quorum, notamment quand il s’agit de voter des lois marquantes pour l’action politique de l’exécutif ».

COMMENTAIRE, Il Messaggero, M. Ajello « Tous ces bancs vides, dans les rangs du centre-gauche comme du centre-droit, sont un affront au pays » : « Y a-t-il quelques chose de plus important que de décider de la façon de continuer la lutte contre le virus et comment assurer la santé de tous ? On a assisté, de la part de la majorité comme de l’opposition, à une preuve d’irresponsabilité et d’incapacité d’être à la hauteur de la situation grave dans laquelle se trouve l’Italie. C’est une démission intolérable de la part des parlementaires de leur rôle institutionnel ».

Politique migratoire

DOSSIER, La Repubblica, de A. Ziniti, « Décret immigration, un revirement en demi-teinte : les nouvelles règles et ce qu’il reste à élucider » : « Le nouveau décret immigration, porté par la nouvelle ministre de l’Intérieur Lucia Lamorgese, a finalement été approuvé sans trop de difficultés. Son prédécesseur a immédiatement réagi : ‘’Au lieu de construire, ils détruisent. Nous rassemblerons les signatures nécessaires pour les arrêter’’. Renzi, qui ne veut pas que tout le mérite en revienne au PD, tweete ceci : ‘’Après avoir fait évoluer notre ligne sur l’Europe et arrêté [la réforme des retraites] Quota 100, nous supprimons maintenant les décrets sécurité de Salvini’’ (au sein du gouvernement, on craignait pourtant certaines résistances de la part du Mouvement Cinq Etoiles). Le PD se félicite quant à lui d’une belle avancée en matière de ‘’sécurité, de légalité et d’humanité’’ et qui démontre ‘’combien il est important de garantir à ce pays un gouvernement qui fait les choses’’ (Zingaretti). Giorgia Meloni dénonce un gouvernement qui ‘’a cédé face aux trafiquants’’. De leur côté, les ONG et les associations sont plus mitigées. Si tout ce qui s’éloigne des décrets Salvini est jugé bon à prendre en soi, certains soulignent le retard et le manque de courage de la part du gouvernement (Amnesty International, Mediterramea) mais surtout le fait que, bien que les amendes potentielles soient beaucoup moins élevées qu’auparavant, l’Italie continue de criminaliser des ONG aidant des personnes qui risquent leur vie en mer (Open Arms, Mediterramea). Elles encouragent toutefois le gouvernement à poursuivre dans cette voie. »

« Les nouvelles mesures :

- secours en mer obligatoire (les navires humanitaires secourant les migrants en mer ne pourront plus être refoulés aux abords de ports italiens, à conditions de respecter certaines règles telles que l’obligation pour les ONG de signaler aux autorités italiennes l’opération de secours).

- permis spéciaux pour ceux qui sont menacés (le président de la République a tenu à rappeler ce que prônent la Constitution et le droit international, à savoir l’interdiction de renvoyer dans leur pays d’origine des personnes qui seraient alors en danger. Elles devront désormais bénéficier d’une protection spéciale et la typologie des situations dites de vulnérabilité a été élargie).

– un accueil mieux réparti et de la formation (les structures d’accueil vont évoluer, elles seront plus petites et mieux réparties sur l’ensemble du territoire, elles proposeront bientôt à nouveau une série de services évincés par le décret Salvini comme l’accès à la formation et l’orientation professionnelles, à des cours d’italien, ainsi que l’inscription sur les registres de la mairie permettant entre autres un accès facilité aux soins médicaux) »

« Les objectifs manqués :

- La Libye n’est pas un port sûr (la zone SAR libyenne et le fait que les navires devraient en théorie suivre les instructions de Tripoli sur la coordination des secours en mer et ramener les migrants au point de départ. Le fait que l’ONU ne considère pas la Libye comme un pays sûr constitue un contresens qui doit encore être résolu).

– l’obtention de la nationalité semble encore bien lointaine (la question du droit du sol n’a pas encore été abordée, et la requête que peuvent faire les citoyens étrangers résidant en Italie de longue date reste un parcours bureaucratique laborieux et semé d’embûches, que Salvini avait allongé de 2 à 4 ans. Le gouvernement en a déçu beaucoup en se limitant à en réduire la durée de 4 à 3 ans).

– pas de permis, pas de travail (des milliers de migrants vivant et travaillant en Italie sont concernés : les demandeurs d’asile qui n’obtiennent finalement pas la protection perdent leur autorisation temporaire de séjour et par conséquent leur travail, se retrouvant dans l’illégalité. Le gouvernement n’a pas encore apporté de solution pour palier à ce cas de figure). »

EDITORIAL, Il Foglio « Une bonne preuve de sécurité » : « Le décret « sécurité » abolit certaines des normes les plus restrictives introduites par le précédent texte signé par Salvini sans tomber dans l’excès de l’accueil indiscriminé des extrémistes à la Saviano. L’accueil doit être sélectif, la protection « spéciale » pour les réfugiés est juste tant qu’il n’y a pas d’abus. Les frontières européennes, et donc aussi les frontières italiennes, ne doivent pas être abolies. Elles doivent être contrôlées et gérées avec bon sens et esprit humanitaire. Reste maintenant la dure épreuve de l’application des nouvelles règles. Et puis il faut des structures d’accueil adéquates si l’on ne veut pas qu’elles demeurent ce qu’elles ont été jusque-là, des lieux de confinements. Le succès ou l’échec de la politique migratoire passe par la résolution de ce problème ».

ENTRETIEN, La Repubblica de Matteo Mauri, vice-ministre de l’Intérieur « Les décrets de Salvini présentaient des problèmes de sécurité » : « ‘’Notre politique parle au cœur et à l’esprit et non au « ventre » des gens. Salvini a réussi à faire passer son récit. Ses décrets sur l’immigration sont la conséquence logique d’une action de propagande politique et ont créé concrètement de réels problèmes de sécurité pour le pays et nous avons dû en affronter les conséquences. La suppression de la protection humanitaire a constitué un très grave problème non seulement pour les migrants mais aussi pour les Italiens, car avoir plus de migrants irréguliers dans la rue crée des conséquences potentielles sur la sécurité. Même l’exclusion des demandeurs d’asile du système d’accueil a créé de gros problèmes, laissant des milliers de personnes sans véritable accueil et sans aucune intégration" »

ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina, « L’offensive de Salvini sur les ″décrets migrants″ : prêt à proposer un référendum » : « Alors que les élections administratives lui ont laissé un goût amer dans la bouche, le chef de la Ligue Matteo Salvini regarde désormais vers les communales de 2021, et vers la bataille référendaire pour abroger les nouvelles dispositions prises par le gouvernement qui, de fait, vident de leur contenu ses « décrets sécurité » pris quand il était ministre de l’Intérieur. En proposant ce référendum, Salvini renoue avec ses thèmes de prédilection qui ont assuré son succès par le passé : ordre public et immigration. Cependant, cette rhétorique ne fait plus recette puisque la Ligue a obtenu de mauvais scores lors des dernières élections, et que son chef a quelque peu perdu son aura de taulier de la politique italienne. Mais il tente de se ressaisir et a désormais le regard tourné vers les élections communales de l’année prochaine, où il veut trouver ses têtes de liste pour Milan, Turin, Bologne, Rome et Naples. Ces élections municipales sont vues comme un tremplin pour les élections politiques de 2023 par le centre-droit. »

ARTICLE, La Repubblica, F. Tonacci, « Arrivées de migrants, moins de réfugiés et plus de migrants économiques. L‘invasion qui n’existe pas » : « Il n’y a pas d’urgence ni d’invasion migratoires : au 5 octobre 2020, 24.332 personnes ont débarqué en Italie, un chiffre à peu près similaire à celui de 2018 à la même date (21.131). Et ce sont de plus en plus des travailleurs, donc des migrants économiques, qui arrivent sur nos côtes. La principale raison à cela est le coup porté par la pandémie de Covid-19 à nombres d’économies de pays qui étaient déjà fragiles. C’est notamment le cas de la Tunisie, de laquelle sont arrivées 4.287 personnes en juillet. Mais depuis que les gouvernements italien et tunisien ont trouvé un accord, ce flux s’est largement réduit depuis. »

  • Mouvement 5 Etoiles

ENTRETIEN, Fatto Quotidiano, de Vito Crimi, dirigeant par intérim du M5S « ‘’Les chefs ne comptent pas, le dernier mot reviendra aux votants sur la plateforme Rousseau’’ » : « ‘’Ce ne sont pas les figures historiques du M5S qui décideront du contenu et de la direction des États généraux. Il y aura un processus de participation « par le bas » où tout le monde aura un espace grâce à la plateforme Rousseau. A l’assemblée de Rome des 7 et 8 novembre pourront participer les représentants choisis des différents territoires. Les ministres pourront également être représentés, à condition qu’ils se rendent aux assises territoriales et qu’ils soient choisis. On discutera des thèmes à mettre au cœur de l’agenda politique, de l’organisation pour les réaliser et des règles, sur la base des indications territoriales. Le document final de synthèse devra ensuite être voté par les inscrits sur la plateforme « Rousseau ». Si on devait opter pour un organe collégial, il faudra prévoir un « primus inter pares », c’est-à-dire un représentant légal comme chef politique. Rousseau est notre plate-forme, c’est là que nous votons. Avec Casaleggio, on ne finira pas au tribunal, il n’y a pas de raison’’ ».

L’ENTRETIEN, La Repubblica, de Roberto Fico par A. Cuzzocrea, « “Evitons la scission, pour ma part quand j’étais réticent je n’ai pas abandonné le navire” » : ‘’Le PD n’est pas la peste noire, les partisans du Mouvement 5 Etoiles ont voté oui à cette alliance. Se retrouver au tribunal avec Casaleggio n’aurait pas de sens : j’ai toujours essayé de faire avec et c’est ce qu’il faudra faire cette fois aussi. A Montecitorio (Chambre des députés), nous garantirons le travail en présentiel et je ne transigerai pas, ceci dit nous pourrons discuter du vote à distance, c’est une possibilité. Lors du ballotage, nous avons obtenu de bons résultats avec les démocrates, ce modèle est à reproduire dans les grandes villes où il faudrait aussi mobiliser la population. Je me réjouis de la modification des décrets sécurité de Salvini. J’avais promis que j’allais me battre en vue de cet objectif’’ ».

ARTICLE, La Repubblica, de C. Lopapa, « Après le flop de Salvini, c’est au tour des modérés ; Toti invite à dîner le nouveau centre-droit » : « Le centre-droit, très affaibli, tente de renaître de ses cendres. Forza Italia et l’aile modérée se remobilisent vers le centre à la suite du désaveu de la double-échéance électorale du mois dernier. Salvini, pourtant en difficulté, continue de refuser le dialogue avec le PPE malgré l’invitation de Giancarlo Giorgetti. Certains comptent bien s’engouffrer dans la brèche laissée béante au centre : Toti et Carfagna (anciennement Forza Italia), doivent se rencontrer ce soir pour discuter de la création d’un parti d’inspiration libérale et populaire d’ici la fin de l’année. Toti raisonne ‘’Au centre-droit, il y a toujours eu de nombreux dirigeants ; aujourd’hui il manque celui de l’aile modérée.’’ Le président de la Ligurie est prêt à rivaliser avec le chef de la Ligue pour prendre la tête de la coalition. Salvini ne voit cependant pas l’opération d’un mauvais œil, lui qui se positionne à droite. Pourtant, mis sous pression constante, son parti commence à accuser le coup. Giorgetti, à Catane, a déjà exposé sa vision des choses : avec la proportionnelle en vue, mieux vaut miser sur le centre. Et il n’est pas le seul à raisonner de la sorte, nombreux sont les poids lourds qui se joignent à lui (Luca Zaia, Attilio Fontana, Massimo Bitonci…). Au sein du monolithe de la Ligue, quelque chose commence à s’agiter. »

(Italie : revue de presse)

 

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