De notre correspondant permanent à Varsovie – Comme ils le font chaque année à l’occasion des marches LGBT en Pologne, cette année 43 ambassadeurs ainsi que les représentants de l’UE et de plusieurs organisations internationales ont signé une lettre ouverte aux autorités polonaises pour exprimer leur « soutien à la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI) ». Coordonnée par l’ambassadeur de Belgique alors que le lobby LGBT est en ce moment privé de marches pour cause de pandémie, cette initiative a été soutenue par la plupart des ambassades de l’UE (mais pas celle de la Hongrie ni de la Slovaquie). On y trouve entre autres les signatures de l’ambassadrice des États-Unis et de l’ambassadeur de France.
Exprimée en termes généraux, la lettre semble toutefois suggérer, sans le dire vraiment, que les homosexuels feraient l’objet de discriminations et de brimades en Pologne.
L’ambassadrice des États-Unis, Georgette Mosbacher, est toutefois allée plus loin à coups de messages sur Twitter et dans le cadre d’une interview pour un média polonais, où elle explique aux Polonais : « Il faut que vous sachiez que sur la question LGBT vous êtes du mauvais côté de l’histoire. ». Avec même des menaces à peine voilées, comme quoi la Pologne aurait en Occident l’image d’un pays « hostile aux minorités sexuelles », ce qui a un impact « défavorable sur les décisions d’investissement et sur les questions militaires ».
Les critiques pleuvent – et ce n’est pas la première fois – sur cette ambassadrice membre du très mondialiste Atlantic Council qui traite l’allié polonais de très haut. À telle point que ses interventions suscitent régulièrement le débat en Pologne : est-il bien raisonnable de dépendre à tel point de l’alliance avec les États-Unis si Washington se comporte aujourd’hui comme Moscou (toutefois sans la menace d’intervention militaire) en voulant imposer son idéologie ? Le problème, c’est que Bruxelles est encore pire que Washington dans ce domaine, et le risque aujourd’hui, c’est que Joe Biden remporte l’élection de novembre et que cet impérialisme idéologique se fasse encore plus pressant de la part des États-Unis. Aujourd’hui en effet, l’ambassadrice Mosbacher, pourtant nommée à Varsovie par Donald Trump (mais ayant déjà fait carrière au sein de l’administration Obama), semble agir surtout de sa propre initiative dans ce domaine.
Réponse du berger à la bergère, en l’occurrence du ministre de l’Intérieur polonais Joachim Brudziński à l’ambassadrice américaine Georgette Mosbacher. « Nous attendons votre réaction scandalisée au renvoi d’hôtesses de l’air pour avoir porté une chaînette avec une petite croix, nous attendons votre condamnation des voyous qui attaquent des militants pro-vie dans la rue », a écrit Brudziński sur Twitter en référence aux pratiques de la British Airways en Grande-Bretagne et aux agressions physiques de militants pro-vie en Pologne par des militants LGBT.
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