Reportage à Angers
Après un référé d’heure à heure, déposé le 14 septembre, qui devait sceller en l’espace de quelques jours le sort du bâtiment occupé par l’Alvarium, la communauté militante bénéficie d’un sursis d’une semaine supplémentaire au 17 rue Thiers.
Ils étaient une dizaine de militants à attendre le verdict du procès qui se tenait au tribunal d’Angers, lundi 21 septembre. Un référé d’heure à heure déposé il y a deux semaines, une procédure d’urgence censée accélérer l’évacuation de l’immeuble. Dans la journée, le mobilier avait été déménagé et les issues protégées afin de n’y laisser que le strict minimum au moment où les forces de l’ordre interviendraient.
Un procès « politique »
Un bâtiment de trois étages, occupé depuis novembre 2018 mais officialisé seulement le 8 septembre dernier. Au total, près d’une douzaine de personnes y ont été accueillies, quelques jours, parfois quelques mois. Des sans-abris, des jeunes en situation précaire qui étaient logés dans des chambres individuelles, entièrement rénovées et équipées par les militants de l’Alvarium, eux-mêmes.
Devant le juge du tribunal judiciaire d’Angers, Jean-Eudes Gannat et l’avocat de la structure montrent les factures d’eau et d’électricité réglées mensuellement depuis leur arrivée, diffusent les photos de l’intérieur du bâtiment en réponse aux avocats de la mairie d’Angers qui invoque un état « d’insalubrité » pour justifier l’urgence de la situation.
Un sursis d’une semaine
Le principal débat se pose sur l’utilisation du bâtiment par les militants de l’Alvarium. Est-il un lieu social dédié à l’accueil de personnes dans le besoin, ou un local politique occupé par « des méchants » ? La défense ne lâche rien et explique sans rougir les actions menées dans ce bâtiment au nom de l’Alvarium depuis des mois : l’accueil quotidien, le Noël des malchanceux…
Le juge n’a pas souhaité se prononcer à l’issue de l’audience et a repoussé sa décision au 28 septembre prochain. « C’est une petite victoire dans ce procès politique, on s’attendait à être expulsé aujourd’hui », réagit Jean-Eudes Gannat à la sortie du tribunal. Dans son réquisitoire, le juge a tout de même refusé de reconnaître l’Alvarium responsable du lieu de l’occupation. Il pointe du doigt quatre militants, dont le président-fondateur, qui devront à eux seuls assumer les condamnations qui pourraient être proclamées lundi prochain.
Bâtir quand d’autres détruisent
En attendant, les militants continuent d’entretenir le bâtiment du 17 rue Thiers. Lundi soir, ils étaient sept à se relayer pour garder l’immeuble toute la nuit. Aussitôt la décision annoncée par leur leader, les membres de l’Alvarium sortaient déjà les balais et les rouleaux de peinture pour effacer certains tags. Pendant que les squatteurs détruisent, les occupants non conformes entretiennent, rénovent, innovent dans un souci de préserver leur patrimoine commun et communautaire.
Comme pour marquer le coup de cette décision judiciaire, dans la nuit, les militants ont peint sur le mur de la salle commune une grande fresque aux couleurs de l’Alvarium. L’abeille ornée de la fleur de lys attendra d’être fixée sur son sort, le 28 septembre prochain. D’ici là, les militants promettent de nouvelles actions et continuent d’accueillir des sans-abris en attendant de devoir défendre avec ruse et ardeur leur nouveau bastion. •
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