Il n’hésite plus à utiliser le mot « invasion » et il demande un blocus naval dans le canal de Sicile. Invoquant des raisons sanitaires dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le 22 août le gouverneur de Sicile signait un arrêté ordonnant la fermeture des centres d’accueil pour immigrants illégaux et le transfert sur le continent de tous leurs pensionnaires dans les deux jours, avant le 24 août à minuit. Immédiatement, à Rome, le gouvernement de Giuseppe Conte réagissait : il est seul compétent pour les questions d’immigration. Elu en 2017 avec le soutien de la droite nationale et conservatrice, le gouverneur Nello Musumeci rétorquait que les régions sont elles aussi compétentes pour les questions sanitaires alors que les centres pour migrants sont surchargés et les autorités incapables d’empêcher les fuites des personnes supposément en quarantaine.
Les derniers jours du mois d’août ont ainsi vu la querelle entre la Sicile et la coalition de gauche au pouvoir à Rome s’envenimer après que le ministre de l’Intérieur eut obtenu de la justice administrative la suspension de l’arrêté de Musumeci. Pour Mme Lamorgese, il n’existe pas d’urgence migratoire en ce moment en Italie. Conséquence de la légalisation de masse en mai dernier des immigrants illégaux employés dans l’agriculture et comme aides à domicile, sur les 17 985 immigrants illégaux débarqués en Italie entre le 1er janvier et le 28 août (quatre fois plus que pour la même période de 2019 !), 42 % étaient des Tunisiens, arrivés le plus souvent non pas sur les bateaux des ONG (qui ont par ailleurs pleinement repris leur service de navette gratuite pour clandestins entre la Libye et l’Italie) mais sur des canots pneumatiques ou des bateaux de pêche. Les autres pays d’origine les plus représentés cette année, ce sont, dans l’ordre, le Bangladesh, la Côte d’Ivoire et l’Algérie. Autant de migrants économiques encouragés par l’espoir de bénéficier eux aussi d’une future légalisation de leur séjour.
Résultat : lundi matin, après l’arrivée samedi soir sur l’île de Lampedusa (qui fait partie administrativement de la région de Sicile) d’un bateau de pêche avec 370 « migrants » à son bord (principalement originaires du Bengladesh et du Sénégal) et le transfert entre dimanche et lundi matin de 307 « migrants » vers la Sicile et le continent, il y avait encore, selon l’agence de presse italienne ANSA, exactement 1 219 immigrants illégaux entassés à Lampedusa pour une capacité d’accueil maximale de 200 personnes. La situation est similaire dans les centres d’accueil aménagés dans les ports siciliens, et même les maires pro-immigration en ont franchement assez. Face au ras-le-bol de ses administrés, le maire de Lampedusa, qui refusait début 2019 d’appliquer le décret de Salvini interdisant l’accès des ports italiens aux ONG, menace aujourd’hui le gouvernement de Giuseppe Conte de grève générale sur son île si l’on n’évacue pas immédiatement ces immigrants très encombrants et, pour un nombre croissant d’entre eux, porteurs du coronavirus chinois. Le nombre de cas de Covid-19 a en effet beaucoup augmenté en août en Libye et en Tunisie (plusieurs centaines de nouveaux cas diagnostiqués chaque jour, mais beaucoup moins de tests effectués qu’en Italie ou en France). Dans la ville portuaire sicilienne de Trapani, qui vit du tourisme (comme Lampedusa) et s’affiche « Covid-free » (libre de Covid), le maire de gauche refusait déjà, quelques jours avant l’arrêté du gouverneur de l’île, l’entrée dans son port d’un navire servant à la quarantaine des « migrants ». •
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