Voilà une affaire dont la France, qui compte actuellement 5 100 soldats au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, se serait volontiers passée : alors que le pays est plongé depuis des mois dans une grave crise politique et confronté à une vive agitation entretenue par la coalition hétéroclite de chefs religieux et politiques constituant le « Mouvement du 5 juin », des militaires, emmenés par le colonel Assimi Goita, ont réussi à renverser le président Ibrahim Boubacar Keïta par un coup d’Etat condamné par la communauté internationale.
Ibrahim Boubacar Keïta s’est retiré
Mardi, en effet, des militaires maliens révoltés ont subitement pris le contrôle du camp Soundiata Keïta, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, se sont emparés des armes qui y étaient stockées et ont réussi à faire prisonniers le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre Boubou Cissé, dont ils ont exigé la démission immédiate. Une exigence à laquelle s’est plié le président Malien dans la nuit de mardi à mercredi, en expliquant à la télévision « n’avoir pas d’autre choix que de se soumettre à la volonté de (son) armée en révolte pour éviter que du sang ne soit versé », et en annonçant par la même occasion la dissolution du Parlement et de son gouvernement. Dans la foulée, les putschistes, qui ont mis en place un « Comité national pour le salut du peuple », se sont empressés d’annoncer leur intention de « créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales » dans « un délai raisonnable », et ils ont promis que tous les accords internationaux du Mali seraient respectés.
Paris condamne le putsch
Cependant, du côté de la communauté internationale, qui a condamné à la quasi-unanimité ce coup de force et où l’on n’a pas oublié que le putsch qui avait renversé en 2012 Amadou Toumani Touré avait permis aux djihadistes de lancer leur offensive sur Bamako, l’inquiétude est grande. Notamment en France, où le gouvernement craint beaucoup que cette situation ne profite aux groupes islamo-terroristes contre lesquels sont engagés les hommes de la force Barkhane. Qualifiant ce putsch d’« événement grave », le Quai d’Orsay a rapidement condamné « avec la plus grande fermeté » l’action menée par les mutins du colonel Assimi Goita. Mercredi, Macron est même monté au créneau pour demander aux putschistes de libérer immédiatement Ibrahim Boubacar Keïta et Boubou Cissé, et de rendre le pouvoir « sans délai aux civils ». Il a annoncé en outre que « la France et l’Union européenne (étaient) aux côtés de la CEDEAO et de l’Union africaine pour trouver une issue à la crise malienne ». Quant à l’état-major français, il a assuré mercredi que, dans l’immédiat, l’opération Barkhane continuait et que les opérations menées par nos troupes contre les groupes djihadistes n’étaient « pas interrompues ». •
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