De notre correspondant permanent en Suisse. – Il y a des professions « à risque d’opinion ». On connaît celle qui regroupe les politiciens. De toutes ces professions « à risque d’opinion », c’est celle qui comporte le moins de risques. Qu’importent les déclarations publiques, tant qu’elles sont acceptables en haut lieu, leurs traces s’effacent aussitôt que passe l’actualité et la presse n’a guère de mémoire. A chaque élection, on repart à zéro, de nouvelles promesses chassant les précédentes.
Autre profession « à risque d’opinion » : les scientifiques. Et parmi eux, les spécialistes de la santé se sont illustrés depuis le début de la pandémie par leurs déclarations contradictoires et pour certains par leur sectarisme.
Une autre profession « à risque d’opinion » fait son tour de piste à chaque turbulence conjoncturelle : les économistes. Depuis le confinement, les économistes se répandent dans nos journaux. Si pour la plupart d’entre eux la récession sera terrible, d’autres ont clairement affirmé compter sur un effet de rattrapage au deuxième semestre 2020. Ce que prouve l’histoire : les crises qui ont suivi les pandémies ont été de courte durée et regorgent d’exemples témoignant des limites des mesures et des prévisions conjoncturelles lorsque la situation change brusquement. Ainsi en fut-il en 2015, lors de la levée du taux plancher du cours de l’euro par rapport au franc suisse. Les économistes étaient alarmistes, prévoyant un recul de l’activité pour la Suisse. Résultat : le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 0,7 %…
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Mais revenons à notre époque. Lors de ses dernières prévisions conjoncturelles, les économistes du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) prévoyaient une contraction du PIB de 6,2 % en 2020, une chute sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les premiers chiffres semblent confirmer ces prévisions : le PIB a reculé de 2,6 % sur les trois premiers mois de l’année et, en chiffres absolus, le chômage a déjà triplé sur un an, passant de 51 292 personnes à 148 870 chômeurs inscrits en juillet.
Mais dans les faits, la situation économique est moins catastrophique qu’annoncée. Le chômage est resté inchangé en juillet comparé au mois précédent après avoir fortement progressé depuis le début de l’année et, mieux encore, le SECO ne table pas sur une vague de licenciements pour l’automne comme annoncé dans la presse par de nombreux économistes. •
Eric Bertinat
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