La novlangue managériale, un instrument de manipulation au service du pouvoir

Par Victor-Isaac Anne, journaliste pour Valeurs Actuelles ♦ La généralisation de la novlangue est une problématique évidemment bien connue de Polémia et de son président Jean-Yves Le Gallou. Ce dernier est ainsi le co-auteur, avec Michel Geoffroy, du célèbre Dictionnaire de novlangue. Vous pouvez retrouver plusieurs articles rédigés par Polémia sur ce thème en cliquant ici.
Lorsque Valeurs Actuelles a récemment réalisé un article sur ce phénomène dans le monde de l’entreprise, c’est donc tout naturellement que Jean-Yves Le Gallou a été cité à plusieurs reprises. Voici un extrait de cet article que vous pourrez retrouver dans sa version complète sur le site de Valeurs Actuelles en vous abonnant à ce média.
Polémia

En quelques années, ce jargon en apparence inoffensif s’est installé dans la communication officielle. Subrepticement, il formate nos représentations pour mieux plaquer les siennes.

Indolore, quasi-imperceptible, elle s’insinue dans nos vies avec une facilité troublante. La novlangue techno-managériale, naguère circonscrite aux couloirs impersonnels de l’entreprise, est désormais omniprésente dans les hautes sphères. Depuis plusieurs années, ce métalangage, mâtiné d’anglicismes et de périphrases absconses, s’impose dans la communication institutionnelle sans éprouver la moindre résistance.

« Libérer les énergies des entreprises » (Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail), « Schéma destructeur de la production linéaire » (Anne Hidalgo, maire PS de Paris), « Il y a une urgence à réinvestir avec de la présence humaine notre citoyenneté collective » (Eric Piolle, maire EELV de Grenoble), « Une grande consultation horizontale » (Emmanuel Macron) : de telles abstractions, déclinables à l’infini, parsèment aujourd’hui les discours politiques.

Avec pour conséquences, le triomphe d’une idéologie techniciste accessible aux seuls initiés et une disparition progressive du débat. « La novlangue technique a vocation à se substituer au vocabulaire politique. Or, le propre de la technique est d’apporter une solution à un problème, non de débattre », analyse Baptiste Rappin, maître de conférences à l’Université de Lorraine et auteur de l’ouvrage Au régal du management – Le Banquet des simulacres. 

Un faux langage d’experts

Tournée vers l’efficacité et le mouvement perpétuel – d’où l’utilisation récurrente des termes “disruption”,“agilité”,“flexibilité” – cette novlangue n’appelle pas d’observations contradictoires : « C’est une forme langagière entièrement positive. Elle ne supporte pas la négativité. Il en résulte une impossibilité pour le citoyen d’entrer dans le jeu politique », poursuit l’universitaire.

À la différence de la langue de bois et du politiquement correct, tous deux facilement identifiables, le jargon techno-managérial nécessite un véritable décryptage. Or, pour qui ne possède aucun rudiment de ce néo-langage, la tâche se révèle délicate. « C’est en cela que cette novlangue constitue un instrument de soumission et d’ahurissement », souligne Jean-Yves Le Gallou, essayiste et président de la Fondation Polémia, co-auteur d’un Dictionnaire de novlangue. « L’emploi de ce vocabulaire aux contours flous crée un effet de sidération chez beaucoup de personnes qui n’osent pas dire qu’elles ne comprennent pas », développe-t-il.  [...]

Source et la suite sur le site de Valeurs Actuelles

 

 

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