Pour la première fois depuis 1934 – date à laquelle Mustafa Kemal avait fait « cadeau de Sainte-Sophie à l’humanité » en la désaffectant de tout usage cultuel, l’appel du muezzin a retenti samedi dernier depuis la basilique édifiée par Constantin en 330 pour honorer Byzance, la nouvelle Rome. Recep Tayyip Erdogan, sultan autoproclamé de l’Empire ottoman qu’il reconstruit pierre par pierre avec l’aval de Trump et d’une Europe muette et soumise à ses volontés, a ainsi tenu parole et respecté son engagement électoral, lui qui promettait de rendre au culte coranique les églises muséifiées de l’ancien Empire byzantin. En 2011, il avait ainsi reconverti en mosquée Sainte-Sophie de Nicée (Iznik) où avait été formulé le Credo et fait subir le même sort, deux ans plus tard, à Sainte-Sophie de Trébizonde (Trabzon).
Toutes nos belles âmes occidentales ont versé des larmes de crocodile, observé de Conrart le silence prudent ou, comme le pape François, attendu que la catastrophe se soit produite pour pleurer sur le lait renversé. Le gouvernement turc s’est aussitôt justifié en ces termes : « Nous avons pris cette décision par rapport à nos droits, comme nous l’avons fait en Syrie, en Libye ou ailleurs. »
Erdogan a donc profité de la peur d’une Europe incapable de faire face à la menace migratoire qu’il brandit perpétuellement en envoyant régulièrement en Grèce des milliers de musulmans fanatisés. Le président turc sait qu’il a les coudées franches en Libye où son homologue américain lui laisse finalement carte blanche. L’OTAN et Ankara filent le parfait amour pour le plus grand malheur de notre pays qui n’a pas reçu le soutien escompté lors du récent incident naval entre notre frégate Courbet et un bâtiment turc au large des côtes libyennes. Les Etats-Unis laissent ainsi les islamistes turcs et les fondamentalistes musulmans s’installer en Libye pendant que, en Europe, les prédicateurs turcs font leur nid dans les mosquées, accomplissant ainsi un énorme travail de sape et d’encadrement des populations de langue turque.
Erdogan a mesuré notre couardise, il sait qu’il peut reconstituer l’ancien Empire ottoman en profitant de nos faiblesses et en s’appuyant sur Washington et Jérusalem qui ont tout intérêt à avoir une Turquie forte.
Quant à la Grèce, elle subit encore une fois un terrible coup ajouté aux menaces sur l’intégrité de son territoire. Qu’on se souvienne, comme le rappelle le quotidien grec Dimokratia, que la prise de Sainte-Sophie en 1453 « correspond à la prise de la Cité sacrée par les Ottomans qui aura marqué la fin de l’Empire chrétien ». •
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