Victoire de l’AfD contre le ministre allemand de l’Intérieur

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L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti libéral-conservateur allemand, a obtenu une victoire symbolique cette semaine à la Cour constitutionnelle fédérale. La Cour de Karlsruhe lui a en effet donné raison contre le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, de la CSU, le parti frère bavarois de la CDU d’Angela Merkel. En 2018, Seehofer avait fait publier sur le site de son ministère un entretien qu’il avait donné à l’agence de presse DPA et dans lequel il qualifiait l’AfD de parti « corrosif » et son action de « très dangereuse pour l’Etat ». « Ils s’opposent à cet Etat. Ils peuvent bien dire des milliers de fois qu’ils sont des démocrates », affirmait aussi Seehofer dans cet entretien. L’AfD avait déjà poursuivi la ministre de l’Education, Johanna Wanka (CDU), dans un cas similaire datant de 2015 et, quand les juges de Karlsruhe s’étaient saisis de cette nouvelle affaire en février dernier, la presse prévoyait qu’ils donneraient à nouveau raison à l’AfD.

Pour la Cour constitutionnelle allemande, un ministre n’a pas le droit d’utiliser les moyens de son ministère pour attaquer un parti d’opposition car cela porte atteinte au principe de neutralité de la fonction publique et d’égalité des droits des partis politiques. Une égalité des droits qui est d’ailleurs violée de bien d’autres manières en Allemagne vis-à-vis de l’AfD, premier parti d’opposition au Bundestag avec 89 députés face à la grande coalition unissant la CDU-CSU (246 députés) au SPD social-démocrate (152 députés). Ainsi, dans cette Chambre basse du Parlement allemand, alors que l’usage veut que chaque groupe parlementaire y détienne une vice-présidence, l’AfD est privé de ce privilège par une coalition de tous les autres partis, de gouvernement comme d’opposition, depuis les élections législatives de 2017.

Dans ce contexte, le porte-parole de l’AfD Jörg Meuthen a réagi au jugement de la Cour constitutionnelle en estimant que « cette victoire juridique de l’AfD contre Seehofer est une contribution importante à l’hygiène politique en Allemagne » car la Cour a indiqué que « le ministre de l’Intérieur doit respecter la loi ». Le coprésident de l’AfD Tino Chrupalla a, quant à lui, remarqué que « les autres partis peuvent parler de morale, nous avons le droit de notre côté ».

Cette victoire est purement symbolique puisque le ministre de l’Intérieur avait déjà fait retirer depuis longtemps l’entretien en cause. Elle ne suffira probablement pas à sortir l’AfD de la crise dans laquelle il est plongé depuis l’expulsion de ses rangs en mai d’Andreas Kalbitz, un leader de son aile nationale-conservatrice, après des accusations de liens passés avec des groupes néo-nazis. L’Office de protection de la Constitution, qui est le service allemand de surveillance du territoire, a en outre profité de ces accusations pour mettre cette aile nationale-conservatrice du parti sous surveillance, et c’est pourquoi Tino Chrupalla, qui avait voté contre l’expulsion de Kalbitz, comparait récemment cet Office de protection de la Constitution à l’ancienne Stasi est-allemande. Mais l’AfD souffre aussi, en plus de l’hostilité constante de tous les grands médias, du regain de popularité des partis de gouvernement à la faveur de la gestion efficace de la pandémie de Covid-19. Un récent sondage ne le donnait plus qu’à 8 % des intentions de vote contre 40 % pour la CDU-CSU et 16 % au SPD. •

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