Vous vous souvenez de la bourde de Sibeth Ndiaye : le 25 mars, alors que le confinement venait à peine de commencer, et que les écoles étaient fermées depuis neuf jours, l’étonnant personnage s’était mis toute la communauté enseignante à dos en expliquant qu’ils ne travaillaient donc plus compte tenu de cette fermeture. La jeune femme avait simplement oublié d’étudier le dossier sur lequel elle s’exprimait. Elle aurait dû savoir que la fermeture des établissements scolaires et universitaires ne signifiait pas (en principe) la fin des classes, et que les enseignants étaient désormais censés télétravailler. Deux heures plus tard, après sommations et menaces de grève, notre gaffeuse nationale faisait des excuses : « Mea culpa. Mon exemple n’est vraiment pas le bon. Je suis la première à mesurer combien l’engagement quotidien des professeurs est exceptionnel »… et patin couffin.
Nous avons aujourd’hui les chiffres, ou en tout cas une estimation assez fiable de la proportion des professeurs qui travaillent et de ceux qui ont « décroché », pour prendre la formule à la mode, qui évite de « stigmatiser ». Puisque les établissements scolaires sont à nouveau ouverts, il suffit en effet de faire l’appel. Chacun est censé être à son poste. Or d’après le ministère de l’Education nationale, 40 à 45 % des professeurs ont…disparu ! Ils continuent à être payés, mais ils doivent se cacher quelque part, car les chefs d’établissements ne les ont plus revus depuis des semaines. Sachant que notre pays compte environ 900 000 enseignants, cela signifie que 360 000 à 405 000 Français, tous enseignants, sont portés manquants.
Sont-ils morts du COVID-19 ? ça se saurait ! Sont-ils en grève ? (70 % des profs étaient opposés à la réouverture des écoles, d’après les syndicats d’enseignants). Se cachent-ils chez eux par peur du virus ? (toujours d’après les syndicats, 82 % disaient avoir peur de retourner au travail.) Ou tout bêtement ignorent-ils que le confinement est fini ?
Un encadrement éducatif exceptionnel
Remarquons que, du côté des élèves, l’absentéisme est encore plus élevé : 73 % des écoliers et 82 % des collégiens ont cessé de venir à l’école. Le tout petit noyau des élèves présents bénéficie en revanche d’un encadrement éducatif exceptionnel, malgré les profs « décrochés ».
Sur les 360 à 405 000 professeurs invisibles, certains entrent sans doute dans la catégorie qui était autorisée à ne pas reprendre tout de suite : enseignants présentant une fragilité particulière au COVID-19, ou hébergeant sous leur toit des personnes spécialement exposées, problèmes exceptionnels de gardes d’enfants… Mais au ministère, on s’étonne d’une telle évaporation. Un enseignant sur deux ou sur trois serait fragile des bronches ou hébergerait un pépé diabétique ? D’autres, enfin, justifient leur absence par le principe de précaution : les mesures de protection seraient insuffisantes dans leur école. Inversement certains enseignants mettent en avant des « contraintes sanitaires » trop lourdes…
En fait une partie des enseignants seraient déjà partis en vacances, persuadés que le travail ne reprendra pas vraiment avant septembre, qu’il n’y aura pas de contrôle, et que Blanquer ne prendra pas le risque social de priver de salaire les « disparus ».
Le ministère se veut d’ailleurs rassurant : « ils reviendront ». Quand ? Certes, pas avant la rentrée. Mais ils auront bonne mine. N’est-ce pas l’essentiel ? •
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Extrait de: Source et auteur
Est-ce bien 400’000 ?
”… que 4 à 5 % des enseignants du public ont ainsi séché les cours, soit environ 40 000 d’entre eux.”
https://www.magicmaman.com/pourquoi-certains-profs-n-ont-ils-pas-fait-cours-pendant-le-confinement,3657337.asp