Ce lundi 25 mai, a été rendu public un rapport accablant contre le gouvernement espagnol, à propos des manifestations autorisées le 8 mars pour la Journée internationale des femmes. Son auteur, le commandant de la Garde civile de Madrid, le colonel Diego Pérez de los Cobos, déclare que cette journée « n’aurait jamais dû être autorisée » alors que des recommandations sanitaires anticipées invitaient expressément à l’interdiction de tout rassemblement. On y apprend notamment que des réunions tenues les 5 et 6 mars avec Salvatore Illa, le ministre de la Santé, et, Fernando Simón, directeur du Centre de Coordination et d’Urgence Sanitaire, préconisaient la suspension totale de tout regroupement.
Or, si certains d’entre eux furent officiellement interdits, celui des mouvements gauchistes du 8 mars fut délibérément autorisé et encouragé, y compris par le gouvernement et ses principaux soutiens, le PSOE et Podemos, alors que les risques de transmission étaient déjà connus : « Toutes ces circonstances, conclut l’officier de la Garde civile, font comprendre qu’à compter du 5 mars, aucune manifestation ou concentration de personnes n’aurait dû avoir lieu dans la communauté de Madrid en raison de la crise sanitaire déjà installée et du COVID-19 ». Le rapporteur souligne, en particulier, que le ministère de la Santé disposait déjà d’un document du directeur de la Santé publique, Pilar Aparicio, qui avait alerté le 6 mars des « risques de transmission ».
Par ailleurs, l’enquête atteste que, de son côté, la Communauté de Madrid, avec son directeur général de la Santé publique, avait elle-même réclamé « la suspension de toutes les réunions ». Ce rapport explosif de 83 pages a été rendu possible après une plainte déposée contre le gouvernement et l’ouverture d’une procédure lancée par un juge madrilène.
Crise de confiance des armées
L’affaire, déjà très embarrassante pour le Premier ministre Sanchez, connaît à présent, deux rebondissements qui ouvrent désormais une crise politique et militaire. Dans les heures qui ont suivi la publication de ce rapport, son auteur, le colonel Diego Pérez de los Cobos, a été révoqué par le ministre de la Défense, pour « perte de confiance », soulevant un vent de contestations politiques venant des partis non gouvernementaux, Parti Populaire, Vox et les centristes de Ciudadanos.
La crise s’est encore aggravée, ce mardi, avec la démission du directeur général adjoint (DAO) de la Garde civile, officiellement le numéro 2 de cette force militaire, le lieutenant-général Laurentino Ceña, qui a refusé la mise en cause de son subordonné. Ce geste extraordinaire de soutien explicite à un officier connu pour son intégrité, manifeste, selon les quotidiens espagnols, la plus grave crise de confiance publique dans la chaîne de commandement des armées espagnoles, depuis la tentative de putsch du colonel Terejo en 1981. •
Bernard Callebat
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