Fausse charité et vrai mondialisme : le couple Gates

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Notre époque regorge de fausses idoles, qui sont venues remplacer les héros et les saints. Idoles en toc : footballeurs, acteurs subventionnés, arpenteurs de plateaux télé ou prédateurs financiers. Dans les rangs de cette inépuisable cohorte, que nourrissent sans cesse la frustration et le ressentiment des masses, Bill Gates a toujours maintenu sa place. N’était-il pas un héraut du nouveau paradis technologique, avant même que ce dernier se révèle un enfer numérique ? Le fondateur de Microsoft n’est-il pas parvenu à accumuler l’une des plus prodigieuses fortunes de tous les temps ? Voilà qui suffit à en faire une référence pour la sous-culture mondialisée. Netflix vient ainsi de lui consacrer une série documentaire louangeuse : « Dans la tête de Bill Gates » ; et Paris-Match a titré il y a quelques jours « Bill Gates, médecin du monde », se félicitant de l’ambition du milliardaire d’être « l’homme qui débarrassera l’humanité des épidémies ». Rien que ça.

La générosité de Bill Gates et de son épouse Melinda est devenue un marronnier médiatique. Voilà un conte de fée qui arrange bien les progressistes de tous bords, qu’ils représentent la tendance capitaliste ou pseudo-philanthropique. Contre le scénario bisounours du milliardaire devenu le plus grand bienfaiteur de l’humanité contemporaine, notre confrère Lionel Astruc, habitué des enquêtes au long cours, n’y va pas par quatre chemins dans l’ouvrage qu’il lui a consacré : « Les opérations philanthropiques de la Fondation Bill et Melinda Gates s’apparentent à un outil au service des multinationales les plus nocives pour l’environnement, la santé et la justice sociale, et parfois également au service des intérêts économiques de Bill Gates lui-même. » Comme toute fondation, celles des Gates est en premier lieu une machine d’optimisation fiscale qui investit ensuite ses capitaux via un trust dans les plus grandes multinationales. On pourrait ainsi citer dans son portefeuille Total, McDonald’s, Walmart, Monsanto ou encore Coca-Cola. Quant à leur engagement humanitaire, il sert de cheval de Troie aux mêmes intérêts industriels et commerciaux. Par exemple en imposant en Afrique un modèle d’agriculture privilégiant les OGM. Ou encore en appuyant ses programmes de vaccinations de grande ampleur et de recours systématique aux solutions pharmaceutiques, « au mépris des solutions moins industrielles et potentiellement tout aussi efficaces. »

Si Lionel Astruc ne remet pas en cause les bonnes intentions de Bill et Melinda Gates ni certaines initiatives heureuses que permit leur immense fortune, il se sert de leur exemple pour décrire le modèle de philanthro-capitalisme qui remplace peu à peu la philanthropie classique, souvent d’inspiration chrétienne, désormais jugée archaïque. Les adeptes de la doctrine sociale de l’Eglise comme ceux du Small is Beautiful d’Ernst-Friedrich Schumacher verraient dans le gigantisme financier du charity business mondialiste une raison suffisante pour le dénoncer. La charité doit, elle aussi, respecter l’ordre et la justice, et s’astreindre de justes limites, au risque de faire plus de mal que de bien. Il n’est malheureusement pas certain que la crise du coronavirus serve de leçons à ces nouveaux démiurges.

L’Art de la fausse générosité : la fondation Bill et Melinda Gates, d’Alexandre Astruc, Actes Sud. •

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Un commentaire

  1. Posté par Laberlue le

    Que Bill Gates soit un virtuose en informatique, personne ne le conteste. Ce qui n’est pas normal, c’est de pouvoir accumuler autant d’argent. Le problème est là. Il devrait y avoir des limites. Car une telle fortune a la fâcheuse tendance de monter à la tête de son détenteur. Il se croit maître et chef de la planète, si ce n’est pas dieu. On voit bien que sa philanthropie cache des intérêts, une idéologie, un désir de dominer et d’être toujours et encore plus riche. Il est peut-être l’homme le plus intelligent, mais une intelligence au service de la cause globaliste dont personne ne veut. Car elle défend avant tout l’enrichissement d’une oligarchie clanique qui se dissocie des populations. Qu’il continue à fabriquer ses logiciels et qu’il ne s’occupe pas de politique. La politique n’est pas l’affaire des riches, des informaticiens, des banques et de la finance. En plus, vu ses accointances avec Epstein et le Lolita Express, il n’est pas trop fréquentable.

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