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Le Danemark, une petite fenêtre sur ce qui nous attendLa Première ministre du Danemark Mette Frederiksen
Le Danemark a mis en place ses premières mesures de déconfinement. Ouverture d’écoles, apps de traçage, tests, les citoyens suivent l’étroit chemin de la réouverture. Souvent cité en exemple, le pays applique une politique des petits pas. Il n’échappe pourtant pas aux interrogations.
Jeudi matin, huit heures. La petite banlieue de Virum, au nord de Copenhague, s’ébroue dans un soleil généreux. Des enfants coiffés de casques colorés garent leur vélo dans le porte-vélos devant leur école. Ils saluent leurs amis. Leurs parents sont de bonne humeur. Beaucoup d'entre eux pourront bientôt reprendre le travail.
Ce qui est normalement une scène de tous les jours éveille aujourd’hui la curiosité du monde entier: le Danemark a été l'un des premiers pays du continent à rouvrir certaines écoles primaires la semaine dernière. Mais il apparaît rapidement que certaines choses ont changé, à la Fuglsanggårdsskolen. Les parents gardent leurs distances et ne sont pas autorisés à entrer. L’institutrice de première année tient une liste en main pour suivre avec précision qui est déjà autorisé à entrer et qui ne l'est pas.
Le directeur Rasmus Mattern Nielsen nous explique pourquoi: "Normalement, tous les élèves commencent à huit heures, maintenant ils sont autorisés à entrer par équipes. Toutes les dix minutes, un groupe différent, et chaque fois par une entrée différente." C'est l'une des dizaines de règles que Nielsen a dû mettre au point les semaines précédant la réouverture des écoles.
"Toutes les dix minutes, un groupe différent d'élèves peut entrer, et chaque fois par une entrée différente."
Dans la cour, Nielsen montre les lignes de marquage au sol: jaune, blanche et rouge. Ce sont les itinéraires obligatoires pour la troisième, la deuxième et la cinquième année respectivement. Chaque ligne les mène à leur tour à des lavabos équipés de gel pour les mains et de savon désinfectant.
Naya, sept ans, calcule combien de fois par jour elle se lave les mains: huit fois. À l'entrée, avant et après chaque pause, avant et après le lunch, et à nouveau au départ de l’école. Elle nous montre les bords irrités de ses doigts: "Nous devons laver nos mains une minute chacune. Ça fait de plus en plus mal." L’instituteur, Vibeke Busck, hoche la tête avec compréhension. "Les enfants respectent les règles. Mais pour leurs mains, c’est difficile. J'ai déjà dû demander à quelques parents s'ils pouvaient appliquer de la crème. L'une des élèves a dû rester à la maison aujourd'hui parce que ses mains étaient trop irritées."
Garder deux mètres de distance est une autre règle d'or. Le directeur Nielsen a fait le tour des salles de classe avec un bâton de deux mètres de long pour mesurer les distances entre les tables. Des distances qui créent un manque d'espace, ce qui explique pourquoi seuls les élèves de six à douze ans ont été autorisés à retourner à l'école. Sur les 730 élèves de l'école, seulement cinq cents sont physiquement de nouveau présents.
Il y a aussi ceux dont les parents se méfient. "25 enfants restent à la maison, explique Nielsen. La moitié est issue des familles dont l'un des membres est médicalement fragile, et l'autre moitié sont des parents qui refusent d'envoyer leurs enfants, car ils pensent que c'est trop dangereux." Un groupe Facebook a fait son apparition au Danemark, intitulé "Mon enfant n'est pas un cobaye". Il compte désormais 40.000 abonnés.
"Il y a une confiance dans le gouvernement"
Christoffer Greisen n’en est pas encore là. Ce chercheur de l’Université technologique du Danemark a deux adolescents, de 12 et 15 ans, toujours assignés à résidence. Tout comme lui d’ailleurs: son statut de chef de projet ne lui impose pas de se rendre sur son lieu de travail. "Mon aîné a un web meeting tous les matins", nous explique-t-il, "puis il fait ses devoirs et travaux à distance. Mon autre enfant de 12 ans a un web meeting tous les deux jours." Pour eux, le retour à l’école, c’est pour plus tard. Une nouvelle phase d’ouverture de la vie économique commence le 10 mai prochain. Le gouvernement en précisera les contours quelques jours auparavant. En attendant, c’est l’incertitude.
"Les tentes blanches font partie de notre stratégie de test, qui à son tour est liée à la réouverture du Danemark.
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