Agonie de l’Union européenne et de ses dogmes, incompétence du gouvernement, unité nationale impossible… La directrice de l'Issep, Marion Maréchal, livre à Valeurs actuelles son analyse des causes profondes et des conséquences de la crise du coronavirus. Et prédit que politiquement, “rien ne se passera comme prévu dans les mois à venir et jusqu’en 2022”. Entretien.
Valeurs actuelles. Emmanuel Macron a expliqué, après le début de la crise du coronavirus, que c’était « une folie » de « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner ». La réalité l’aurait-elle converti au souverainisme ?
Marion Maréchal. Il est assez savoureux de découvrir un Emmanuel Macron soucieux du maintien des secteurs stratégiques sur le territoire national. Ce même Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, qui avait accompagné, pour ne pas dire encouragé, le rachat de la branche énergie d’Alstom par les Américains. Ce même Emmanuel Macron qui défend ardemment le projet de défense européenne, encourageant, de fait, la délégation de notre « protection » à une institution supranationale, tout en souhaitant « en même temps » le maintien de l’OTAN sous domination américaine.
N’est-ce pas le gouvernement d’Emmanuel Macron, au travers du Conseil européen, qui a validé il y a deux semaines un nouveau traité de libre-échange entre l’UE et le Vietnam ? Quelle cohérence y a-t-il à vouloir maintenir la production agricole sur notre territoire et limiter la dépendance aux importations, tout en organisant une mise en concurrence frontale et déloyale de nos agriculteurs avec le monde entier ?
C’est une remise en cause radicale de la vision du monde et de l’Homme portée par les dirigeants depuis Jacques Chirac au moins. Nous assistons à l’effondrement de toutes les certitudes sur les bienfaits de l’Homme nomade, de la société ouverte, de la fin des Nations. Nous allons changer d’univers mental après cette crise.
Il y a un an, vous vous disiez dans Valeurs actuelles « désespérée » que la notion de “puissance”, « qui devrait être au cœur de la réflexion des élites politiques nationales et européennes », en soit dans les faits « totalement absente ». La crise que nous traversons pourrait-elle servir de détonateur pour une prise de conscience générale de la classe dirigeante française ?
Il ne peut y avoir d’exercice de la puissance si nos gouvernants restent empêtrés dans une lecture périmée des rapports de force entre les différents acteurs (Etats, ONG, institutions, grands groupes, etc.). Que ce soit au niveau national ou européen, nos dirigeants continuent de penser que la concurrence aujourd’hui se joue sur la taille industrielle ou le prix. C’est l’argument de la fameuse « masse critique » qui devrait sans cesse nous pousser à renforcer l’échelon européen ou à fusionner des groupes pour créer des géants européens plus compétitifs.
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La partie est jouée d’avance puisque l’UE interdit toute préférence communautaire, tout patriotisme économique, tout soutien de la commission ou des Etats nationaux à leurs groupes et sociétés dans la compétition mondiale au nom de la sacro-sainte concurrence « libre et non faussée ». Ils nous imposent des règles du jeu que personne d’autre ne respecte.
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Nous voyons bien que tous les pays membres n’ont pas le même objectif dans cette union. Certains pays veulent bien adhérer à un marché commun, bénéficier de la stabilité d’une monnaie commune qui leur garantit des prêts à taux faible, toucher les subventions européennes, mais ils ne conçoivent pas l’Europe comme une entité solidaire, autonome et indépendante. [...]
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