Coronavirus

Marine Le Pen a regretté sur RTL l’absence d’anticipation et « l’incohérence des décisions du gouvernement ». Que n’avait-elle pas dit ? Il est vrai que personne n’avait vraiment anticipé ce phénomène. Sur ces questions d’anticipation, les médias distribuent les bons et les mauvais points, dans les autres pays. Le gouvernement italien (de gauche) est plutôt ménagé. L’Espagne (de l’alliance PS-extrême gauche) pourrait faire mieux, mais va dans le bon sens. Il y a un seul pays où tout est mal fait, c’est l’Amérique de Donald Trump, qui est « dans une situation inconfortable », titre Le Monde du 11 mars.

Imaginez si l’Italie avait été dirigée par Matteo Salvini ! Il est probable que les pays de la communauté européenne réclameraient sa tête sur l’air des lampions, et que féministes, « antifas », black blocs et autres défenseurs des droits de l’homme assiègeraient l’ambassade d’Italie, se succèderaient en « nuits debout » permanente. L’impréparation, l’indécision, les contradictions face au coronavirus, légitimeraient le plus sévère des cordons sanitaires politiques, voire la rupture des relations diplomatiques.

Mais l’Italie est dirigée par la gauche, par une coalition du Parti Démocrate (ex-PC) et du M5S, sorte de Gilets jaunes à coloration « insoumis ». Du même coup, impréparation, indécision, contradictions ont droit à un traitement de faveur. Guiseppe Conte, l’actuel président du conseil des ministres, n’est pointé du doigt par personne. Seul « le système de santé italien » est mis en cause. Un système dont n’est apparemment pas responsable le gouvernement. Et s’il est responsable, il n’est pas coupable.

Ramené au nombre d’habitants, il y a deux fois moins de lits d’hôpitaux en Italie que chez nous, Le personnel médical pourrait être infecté à hauteur de 10 % et plus. La saturation menace. Des médecins évoquent l’idée de réserver les soins « à ceux qui peuvent s’en sortir », c’est-à-dire aux moins âgés. Enoncé ainsi, le problème de la santé en Italie fait peur. Mais encore une fois, la critique épargne ses gouvernants. Il ne s’agirait pas de faire le jeu de « l’extrême droite » ! Même si le gouvernement est acculé à annoncer à présent une « mise sous cloche » du pays.

L’Espagne est encore moins bien lotie que l’Italie, et elle n’a pas, elle, l’excuse d’avoir été le premier pays européen frappé. Les chiffres de personnes infectées et de morts se rapprochent à présent de ceux de la France (600 cas et une vingtaine de morts). Pourtant le chef du gouvernement, le socialiste Sanchez, n’a pris la parole que ce lundi sur l’épidémie. Pour ne pas alarmer les Espagnols, il a commis l’erreur gravissime de ne rien organiser, de ne prendre aucune mesure préventive. Un vrai scandale sanitaire, alors que le premier cas avait été identifié dans les Canaries, 40 jours plus tôt !

Pour l’heure, rien n’a d’ailleurs changé dans les habitudes des Espagnols, aucune limitation n’est prévue pour les rassemblements. Les Espagnols se préparent donc des lendemains qui déchanteront. Néanmoins Sanchez n’est pas mis pour autant au pilori par les pays européens.

La solution des démocrates : un congé maladie pour les confinés

Un seul chef d’Etat est mis en cause dans nos médias : Donald Trump. Les Etats-Unis ont enregistré 800 personnes infectées et 22 morts. Ce n’est pas rien, mais à l’échelle des Etats-Unis, pays cinq fois plus peuplé que la France, c’est l’épaisseur du trait. Néanmoins Trump ne néglige pas l’impact boursier de l’épidémie, désormais visible.

L’opposition à la Maison Blanche, elle, a compris le risque que fait courir le coronavirus, s’extasient les médias français : les démocrates réclament un congé maladie pour les salariés confinés. Quelle avancée ! •

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