Des dizaines de manifestants ont affronté la police, le 20 février, dans un village du centre de l'Ukraine où environ 70 personnes, Ukrainiens et étrangers, devaient être placés en quarantaine après avoir été évacués de Chine, frappée par le nouveau coronavirus. Par peur de la propagation de l'épidémie, les manifestants rassemblés là dès la matinée ont bloqué la route menant vers l'hôpital qui accueillera les évacués de Chine, y allumant des feux, selon les chaînes de télévision ukrainiennes.
Des centaines de policiers anti-émeute déployés sur place ont fini par repousser les manifestants dans la soirée afin de dégager la route. Les passagers, parmi lesquels au moins une famille avec des enfants, avaient tous des masques sur leurs visages. Plusieurs faisaient un salut de la main ou brandissaient des petits drapeaux ukrainiens tandis que d'autres se cachaient derrière les rideaux.
Sur les réseaux sociaux, nombre d'Ukrainiens ont condamné ces protestations et dit en avoir honte. L'avion transportant 45 Ukrainiens et 27 ressortissants d'autres pays en majorité originaires d'Amérique latine, en provenance de Wuhan, la ville chinoise où est apparu en décembre le virus, avait atterri à Kharkov (est) en fin de matinée, selon des journalistes de l'AFP. Huit Argentins, deux Costaricains, cinq Equatoriens, un Israélien, un Monténégrin, un Panaméen, quatre Salvadoriens et cinq ressortissants de République dominicaine ont été évacués par Kiev. Une Kazakhe est par ailleurs descendue au cours d'une escale à Almaty.
Les passagers ont ensuite été transportés en bus dans la petite ville de Novi Sanjary (région de Poltava, centre) pour y être placés en quarantaine pendant 14 jours dans un hôpital militaire.
Par solidarité, la ministre de la Santé rejoint les évacués en quarantaine
Dans la matinée, un groupe d'habitants avait bloqué la route pour empêcher leur arrivée. Composée d'abord de quelques dizaines de personnes, la foule a grossi jusqu'à réunir des centaines de personnes au fil de la journée.
La police régionale a alors fait état de premières échauffourées et au moins deux blindés ont été déployés sur place. Sous protection policière, les bus transportant les évacués, certains ayant eu les vitres brisées par des jets de pierre, ont réussi dans la soirée à pénétrer dans l'enceinte du centre médical.
Selon un responsable de la police ukrainienne, cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine, 24 personnes ont finalement été arrêtées. Neuf policiers et un habitant ont par ailleurs été blessés, a indiqué la police dans un communiqué. De plus, deux procédures pénales, pour «troubles massifs» et «menace ou violences contre les forces de l'ordre», ont été ouvertes, a précisé la police.
Il s'agit de gens absolument en bonne santé
Le président Volodymyr Zelensky a tenté d'apaiser les craintes, assurant sur Facebook que les personnes évacuées allaient être «complètement isolées». «Tout le possible et l'impossible ont été faits pour garantir que le virus ne pénétrerait pas en Ukraine», a-t-il poursuivi avant de s'en prendre aux protestataires : «Les tentatives de bloquer des routes et les hôpitaux, de ne pas laisser des Ukrainiens retourner en Ukraine, ne montrent pas notre bon côté», a souligné le président.
Le ministère de la Santé a assuré de son côté qu'aucune personne malade n'avait été admise à bord de l'avion alors que le ministre de l'Intérieur et des responsables régionaux sont arrivés sur place pour tenter de calmer les habitants. Dans la soirée, le Premier ministre Oleksy Gontcharouk a annoncé qu'il s'y rendait également. «Il s'agit de gens absolument en bonne santé [...] Ils ont passé deux contrôles de médecins chinois, puis deux cordons de nos médecins», a assuré le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov devant la foule en colère. «Si vous continuez de résister à la police, vous allez être interpellés», a-t-il poursuivi. «Bien sûr que nous allons opposer de la résistance», a hurlé en réponse une manifestante.
La ministre ukrainienne de la Santé a ensuite décidé de rejoindre les évacués de Chine en quarantaine en raison du nouveau coronavirus. «J'ai pris la décision de rejoindre les gens en observation. Je vais passer les 14 prochains jours avec eux, dans le même bâtiment et les mêmes conditions. J'espère que ma présence calmera ceux de Novi Sanjary et le reste du pays», a écrit Zoriana Skaletska sur Facebook dans la nuit du 20 au 21 février. Elle a ajouté avoir été choquée par «la panique et le rejet, la négativité et les agressions» envers les évacués en quarantaine : «Ces gens sont nos compatriotes. Nous vivons dans un même pays et devons prendre soin de notre santé».
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