Le PDC en pleine phase d’introspection
Interview de Gerhard Pfister, président du PDC.
RTS, Forum, 15.02.2020
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Pietro Bugnon : Le PDC (Parti démocrate-chrétien) tenait aujourd’hui son assemblée générale à Frauenfeld. Les sondages le donnaient perdant des élections fédérales de 2019 mais il s’est maintenu. Comment retrouver le chemin du succès ?
Gerhard Pfister : Il faut réformer. Actuellement le PDC ne récolte pas plus que 11% des voix : pourquoi ?
Pietro Bugnon : Vous avec défini quatre cantons prioritaires, Zurich, Berne, Argovie, Vaud, de grands cantons où vous voulez progresser.
Gerhard Pfister : La moitié des sièges à gagner au Conseil national sont dans ces quatre cantons. Le PDC est fort dans les petits cantons, les anciens cantons catholiques, mais il faut convaincre la majorité dans les grands cantons. Dans mon canton, Thurgovie, le PDC a encore 25% des électeurs, mais ça ne suffit plus pour rester important au niveau suisse.
Gerhard Pfister : On dit toujours que le PDC a ses fiefs, mais il n’y a aucune garantie de garder les sièges. Donc pour 2023, les prochaines élections, la réforme sera nécessaire pour gagner des voix.
Pietro Bugnon : Il y a cette éternelle question, la place du « C », est-ce que ce « C » aide ou handicape le parti ?
Gerhard Pfister : Je suis moi-même catholique et conservateur. Voici le dilemme : le parti est perçu comme catholique, chrétien, et ceux qui ne sont pas catholiques pensent qu’ils ne peuvent pas voter pour ce parti.
Pietro Bugnon : Votre conseillère fédérale, Viola Amherd, pense que le « C » n’est plus nécessaire, d’autres pensent le contraire, c’est la division.
Gerhard Pfister : Je veux mener ce débat, sans division.
Pietro Bugnon : Une union avec PBD, c’est envisageable ?
Gerhard Pfister : C’est une option.
Pietro Bugnon : A part ces questions de forme, il y a aussi les questions de fond.
Sur le dossier européen, pour vous démarquer du PLR, ne devriez-vous pas vous opposer aux bilatérales ?
Gerhard Pfister : Non. L’initiative pour la fin des bilatérales, nous avons toujours été contre.
Il y a d’autres possibilités pour se distinguer. Les bilatérales, c’est trop important pour la Suisse, cela amènerait des divisions.
Pietro Bugnon : Vous souhaitez rester jusqu’en 2023 ?
Gerhard Pfister : J’espère être réélu président du parti en juin 2020 et je suis prêt à me battre pour le PDC jusqu’aux élections de 2023.
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Commentaires des journalistes :
Pietro Bugnon : Gerhard Pfister se voit donc en grand réformateur de son parti. On en est tout au début des réflexions sur ce grand chantier. Un chantier trop ambitieux ?
Marie Giovanola (correspondante à Berne) : Le PDC n’a pas le choix. Il ne veut plus être dans le camp des perdants. Avec 11% de l’électorat, la question de la survie dans les grands cantons urbains se pose. Alors, les stratégies se dessinent : plutôt avoir une ligne plus sociale en abandonnant le « C » confessionnel. Ce « C » fait d’eux un parti traditionnel, évoque le conservatisme, le chrétien. Ce n’est pas sans danger de changer : si le parti élimine le « C » le risque de rupture est réel, entre un PDC libéral, des villes, et le PDC des champs, traditionnel.
Un conflit générationnel se dessine également, avec les jeunes plus enclins au changement.
Mais Gerhard Pfister ne veut pas brader le « C ».
Le PDC a ses forces, être au centre permet de faire et défaire les majorités. Le PDC devrait donc prendre de l’importance au lieu de reculer.
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Cenator : Le PDC a fait un constat : la religion a perdu son importance dans la société actuelle. Lors de sa dernière assemblée à Frauenfeld, le parti a remis sur le tapis la question du C et veut faire le bilan de ce qui rapportera le plus électoralement, le garder ou la bazarder.
Nous vivons une époque où l’idéologie compte plus que la raison, où le nombre des voix aux élections prime sur les convictions.
Ces partis du centre n’ont qu’une conviction, c’est que de ne pas en avoir permet de faire des alliances avec tous et n’importe qui, si bien que tout le monde les courtisera, il n’y a plus de parti qui voudra les fâcher.
A noter que notre cheffe de l’armée, Viola Amherd, n’aime pas le « C », et c’est sûrement pour cela qu’elle a été élue au Conseil fédéral.
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La Hongrie de Viktor Orban a également beaucoup de soucis avec ce changement de mentalité politique qui balaie l’Europe, à savoir ne plus garder d’autres convictions que la nécessité d’être élu.
Lors des dernières élections régionales en Hongrie, tous les partis se sont ligués contre le Fidesz, le parti au pouvoir, afin d’obtenir un changement de majorité. Après l’homme interchangeable, voici les convictions politiques interchangeables.
Une jeune mariée dit à son époux en lui servant le repas du soir :
Chéri, il faut que je te dise, je ne sais cuisiner que deux plats : le poulet au paprika et les pâtes sucrées au pavot.
L’époux : Et ça, c’est lequel des deux ?
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Orban et le ministre Zoltan Balog ont également relevé la nécessité indispensable de renforcer les racines chrétiennes pour garantir la survie de la civilisation hongroise. Sans lien avec ses racines, même les pays de civilisation plurimillénaire vont disparaître.
Être chrétien sans patriotisme, c’est de l’arrogance qui se veut citoyenneté mondiale. Être patriote sans christianisme, c'est du paganisme. Et si vous abandonnez toutes les vertus de la citoyenneté, la qualité de vie va en souffrir. Si ces trois idéaux sont réunis, christianisme, patriotisme et citoyenneté, alors nous serons conscients de qui nous sommes : identitaires, hongrois et chrétiens.
Être chez nous, être solidaires entre nous, avoir le sentiment d’appartenance est une bonne chose.
http://www.tdg.ch/gerhard-pfister-la-torpille-pdc-contre-lunion-europeenne-480901652932
http://www.24heures.ch/laccord-cadre-avec-lue-na-pas-davenir-selon-le-president-du-pdc-290353695996
Parti Démocratique tout seul?
Pas sûr que ça fixerait une identité plus claire.
En Italie, par exemple, le PD est la gauche social-démocrate qui partage le gouvernement avec M5S.
Si c’est ça le programme, autant mettre un ‘f’, un point devant et se sauver, en .pdf