Après avoir obtenu le soutien du Russe Vladimir Poutine lors de sa visite à Moscou samedi, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé cette semaine la tenue dimanche prochain à Berlin d’une conférence de paix internationale consacrée à la Libye. Doivent y être représentés, sans doute au plus haut niveau, espère la partie allemande, la Turquie, la Russie, les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’UE et l’ONU. Ont également été invités l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Algérie, la république du Congo, la Ligue arabe et l’Union africaine. Le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) soutenant le gouvernement de Tobrouk, et Fayez el-Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale de Tripoli (qui est le gouvernement libyen reconnu par l’ONU), devraient également être présents.
La nouvelle de cette conférence est tombée mardi, quelques heures seulement après que le maréchal Haftar eut quitté Moscou sans signer la trêve acceptée par el-Sarraj. Un refus qui avait suscité l’ire du président turc Recep Tayyip Erdogan, celui-ci ayant alors menacé « le putschiste Haftar » de lui infliger « la leçon qu’il mérite s’il poursuit ses attaques contre l’administration légitime » en Libye. Un cessez-le-feu négocié le 8 janvier par la Russie et la Turquie semblait toutefois encore tenir sur le terrain.
La Russie et de la Turquie mènent le jeu
Il est donc clair aujourd’hui que ce sont désormais la Russie et la Turquie qui mènent le jeu en Libye, ayant pris le relais des Occidentaux que Moscou rend à juste titre responsables du conflit. Le journal anglais The Guardian affirmait mardi savoir de sources en Turquie, en Syrie et en Libye que 2 000 combattants syriens de l’Armée nationale syrienne (ANS), un conglomérat de milices soutenues par Ankara, étaient déployés par la Turquie à l’est de Tripoli. Contrairement aux 300 militaires italiens présents dans la capitale libyenne, les forces envoyées par Erdogan sont destinées à s’engager dans les combats. Ces combattants seraient payés par le gouvernement de Tripoli mais Ankara leur aurait promis la nationalité turque, la Turquie finançant les soins médicaux et le rapatriement des corps. La présence de ces combattants syriens est toutefois niée par la Turquie, de la même manière que la présence de mercenaires russes aux côtés des forces d’Haftar est niée par la Russie.
Le maréchal Haftar est soutenu par l’Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes unis, la Russie et la France, tandis que le gouvernement d’el-Sarraj, reconnu par l’ONU, est soutenu par la Turquie, le Qatar, l’Italie et l’Union européenne. Le faible engagement des Italiens du côté du gouvernement de Tripoli et même les louvoiements de Rome depuis l’avènement du deuxième gouvernement Conte à la tête d’une coalition de gauche ont sans doute largement contribué à ce qu’el-Sarraj se tourne vers Erdogan.
Les combats près de Tripoli ont débouché en ce début d’année sur un accroissement des départs d’émigrants depuis les côtes libyennes, avec près de mille personnes récupérées en mer et ramenées en Libye au cours des deux premières semaines de janvier selon l’OIM, et plusieurs centaines arrivées en Italie ou se trouvant encore en ce moment sur des bateaux d’ONG européennes. •
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