10 Jan 2020
Le programme de « réinstallation » de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés est destiné à donner un avenir aux personnes particulièrement vulnérables en Occident.
Mais la corruption autour du programme est florissante.
En effet, des employés de l’organisation vendent à des candidats migrants contre espèces sonnantes et trébuchantes les places convoitées, comme le montre l’enquête du magazine Stern en Europe et en Afrique de l’Est.
Source magazine Stern, [la version payante -ici- contient l’enquête in extenso avec les interviews etc… La version ci-dessous est un résumé de presse, lien en allemand ici].
Egalement lien ici [reprise en allemand de la source Stern] ou ici : https://www.n-tv.de/politik/Mitarbeiter-verkauften-wohl-falsche-Papiere-article21497933.html
Programme de « réinstallation » du HCR
Schéma ci-dessus « De l’Afrique vers le monde occidental » :
En Afrique de l’Est, l’Ouganda et le Kenya sont les principales destinations des réfugiés.
Ensemble, ces deux pays sont chargés de la protection d’environ 1,8 million de personnes originaires des pays voisins dans lesquels se sont déroulés des combats.
Chaque année, le programme de réinstallation du HCR réinstalle 3 000 à 5 000 réfugiés de chacun de ces deux pays – principalement vers les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Suède et la Norvège.
En jaune : destinations principales des migrants
En rose : pays dans lesquels le magazine Stern a enquêté
CORRUPTION AU HCR
[Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés]
Les employés de l’organisation d’aide aux réfugiés de l’ONU, le HCR, ont « facilité » la « réinstallation » d’Africains en Occident en échange de paiements en liquide.
Les employés ont notamment délivré de faux papiers à cette fin, avec lesquels les Africains ont pu figurer sur les listes convoitées du programme dit de « réinstallation ».
Dans le cadre de ce programme, plusieurs pays occidentaux, dont l’Allemagne, offrent à des réfugiés particulièrement éligibles au régime protection un avenir sûr dans leur pays.
Ce sont avant tout des personnes qui sont menacées par la maladie et la persécution qui devraient en bénéficier. Cependant, comme il n’y a actuellement que 50 000 à 60 000 « réinstallations » de ce type dans le monde chaque année, les chances d’obtenir l’un de ces lieux sont négligeables.
Un marché s’est formé dans la capitale ougandaise de Kampala, considérée comme l’un des principaux points d’entrée des réfugiés en Afrique de l’Est, avec des intermédiaires pour les entreprises illégales liées à la réinstallation.
L’un de ces intermédiaires décrit au magazine Stern comment il organise les affaires entre les Africains qui sont prêts à payer et le personnel local du HCR. En fin de compte, une place sur la liste coûte aux Africains environ 2500 dollars US.
L’employé du HCR se procure de faux certificats médicaux pour l’argent, par exemple. Des médecins sont donc également impliqués dans la fraude.
Le magazine Stern décrit également des cas de réfugiés qui auraient eu droit à une place sur les listes de réinstallation, mais qui sont restés les mains vides – parce que leur identité aurait été vendue à d’autres Africains qui sont partis avec eux.
Le siège du HCR confirme les preuves de corruption en Ouganda et au Kenya
Le siège du HCR à Genève a confirmé sans ambiguïté qu’il avait lui aussi reçu des indications de corruption en Ouganda et au Kenya.
Lorsque des informations suffisantes étaient disponibles, des enquêtes étaient également menées.
« L’intégrité du programme de réinstallation est une priorité absolue » (sic), a déclaré une porte-parole du HCR.
Elle a souligné qu’entre-temps, les empreintes digitales, la rétine et les photos des réfugiés étaient également enregistrées – pour rendre la manipulation plus difficile.
Toutefois, la procédure ne s’applique qu’aux réfugiés nouvellement enregistrés. Les personnes qui ont demandé l’asile avant 2018 continueront d’être enregistrées dans la base de données du HCR uniquement avec une photo de passeport et un numéro de dossier.
Le HCR a déjà dû lutter contre la corruption dans le processus de réinstallation par le passé.
En 2001, pour la première fois, neuf personnes, dont un Allemand, ont été poursuivies en justice au Kenya pour avoir accepté des pots-de-vin se montant à des millions de dollars au fil des années.
En 2017, un cas similaire à Kakuma, au Kenya, avait fait les gros titres et, plus récemment, le site Web du journaliste « The new Humanitarian » a fait état de cas de corruption au Soudan.
Et vous, qu'en pensez vous ?