Affaire Zemmour : RTL cède à l’appel de la censure

Organiser des débats sur les ondes c’est bien, mais pas avec n’importe qui. La radio RTL a décidé d’écarter Eric Zemmour de son antenne.

« Ses prises de position ne sont plus compatibles avec les débats où il est invité. » Avec cette phrase signée de la direction de RTL, tout est dit sur l’état de la pluralité d’opinions sur la scène médiatique française. Le discours fort d’Eric Zemmour à la Convention de la droite, samedi 28 septembre, aura marqué un tournant dans l’histoire de la liberté d’expression en France et les vrais visages des patrons de presse se dévoilent enfin.

La direction de RTL juge les propos d’Eric Zemmour « pas compatibles »avec « l’esprit des débats auxquels il participait ». Déjà écarté de sa chronique hebdomadaire le jeudi matin, c’est maintenant sa participation ponctuelle aux matinales du vendredi qui est supprimée du programme de l’antenne. La collaboration entre les deux partis est désormais terminée, même si les portes lui « restent ouvertes » en tant qu’invité.

Une aventure de près de dix ans

Et ce n’est pas sur la solidarité corporatiste qu’Eric Zemmour peut compter. Les journalistes de la station « faisaient le siège des patrons »depuis plusieurs jours pour tenter d’obtenir l’éviction du polémiste, rapporte Le Parisien. Après plusieurs rencontres entre la direction et la Société des journalistes (SDJ), la censure semble avoir eu raison de la pluralité.

Eric Zemmour intervenait sur RTL depuis 2010, traversant contre vents et marées différentes polémiques. Au fil des « affaires », la station lui a petit à petit supprimé du temps d’antenne. De ses débats avec Nicolas Domenach, aux chroniques« On n’est pas forcément d’accord »du jeudi, voilà que les interventions ponctuelles dans les matinales d’Yves Calvi sont désormais de trop.

CNews souhaite « se donner du temps »

Reste, pour entendre Eric Zemmour, son émission avec son comparse Eric Naulleau le mercredi soir sur Paris Première. Une émission, forte de ses 125 000 spectateurs qui devrait perdurer « tant qu’elle restera dans les garanties que nous nous sommes fixées », a expliqué la chaîne. Dans le dernier épisode, mercredi 2 octobre, il s’est d’ailleurs défendu face à un Eric Naulleau qui l’accusait d’avoir « franchi toutes les limites ». « L’islam est une religion totalitaire qui prend en charge les individus, que ça te plaise ou non. J’ai le droit de le dire », a-t-il répondu.

Toujours dans la petite lucarne, Eric Zemmour devait intégrer CNews dans les prochaines semaines pour les émissions de débats quotidiens animées par Christine Kelly. Mais la signature du contrat ne s’est pas faite cette semaine comme prévu, la chaîne ayant décidé « de se donner du temps »,face à l’ampleur de la polémique. Au Figaro, sa place ne semble pas menacée, la direction estimant que la parole d’Eric Zemmour « n’engage que lui et pas le journal ».•

Etienne Lafage

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