De notre correspondant permanent à Varsovie – Le château de Krasiczyn, près de la ville de Przemysl, dans le sud-est de la Pologne, accueillait cette semaine quelque 350 jeunes Polonais et Hongrois invités par un organisme de coopération polono-hongroise nouvellement créé par les deux pays, l’Institut Felczak. Il s’agissait d’étudiants, notamment des universités catholiques de Varsovie et de Budapest, mais aussi de lycéens, de jeunes militants politiques, des militants pro-vie et autres jeunes leaders, venus se former ensemble et apprendre à mieux se connaître. Des panels de discussion ont été organisés. Parmi les sujets : « Le christianisme comme fondement de la culture et de l’amitié polono-hongroise », « Qu’est-ce que pour moi la Pologne, qu’est-ce que pour moi la Hongrie », « L’Initiative des trois mers » (un forum de coopération régionale réunissant 12 pays d’Europe centrale) ou encore un état des lieux des institutions de l’UE après les élections de mai dernier. Votre correspondant faisait partie de ce dernier panel, et deux vice-présidents des parlements hongrois et polonais étaient venus eux aussi échanger avec les jeunes des deux pays.
Le Polonais Ryszard Terlecki, du PiS, et le Hongrois Janos Latorcai, du parti chrétien-démocrate (KDNP) allié au Fidesz depuis 2010, en ont profité pour mettre en garde ces jeunes, dont beaucoup auront à exercer bientôt des responsabilités pour leur pays, contre la tentation de vouloir devenir des Européens au sens libéral dominant en Europe occidentale, c’est-à-dire des Européens sans être des Polonais ou des Hongrois, à la recherche d’une Europe sans identités nationales, sans frontières et sans foi chrétienne, une « Europe du plaisir » dans laquelle notre seul objectif serait de mener une vie la plus agréable possible. C’est une illusion, ont averti les deux responsables politiques, une telle « Europe du plaisir » ne peut exister que pour quelques années ou quelques décennies au maximum car l’islamisation en cours à l’ouest du continent rend une prochaine confrontation inéluctable.
Mais il n’était pas question que de politique au château de Krasiczyn. Des rencontres avec des écrivains et des historiens des deux pays étaient aussi organisées, des films ont été visionnés, et il a beaucoup été question de culture et d’histoire. Ces rencontres duraient du 26 au 30 août et se terminaient par une messe vendredi à la cathédrale de Przemysl.
L’université d’été organisée pour la deuxième année consécutive à Krasiczyn, à mi-chemin à peu près entre Varsovie et Budapest, a bien entendu pour but de renforcer les liens entre Polonais et Hongrois, deux peuples dont l’amitié séculaire, qui plonge ses racines dans le christianisme, a quelque chose d’exceptionnel en Europe.
Aujourd’hui, avec deux partis très proches idéologiquement, le PiS et le Fidesz, à la tête des deux pays, et avec l’offensive politique et idéologique menée depuis Bruxelles contre les gouvernements de Varsovie et de Budapest, cette amitié polono-hongroise reprend des couleurs.
Et c’est cette coopération entre Pologne et Hongrie, ainsi que l’a confié à votre correspondant Marek Kuchcinski, ancien président de la Diète polonaise et principal instigateur de l’université d’été de Krasiczyn, qui est le moteur des initiatives de coopération régionale en Europe centrale, tel le groupe de Visegrad à quatre pays ou l’Initiative des trois mers à douze. Vu de Varsovie et de Budapest, la coopération régionale est un bon moyen de rééquilibrer l’Union européenne géopolitiquement, face à la domination franco-allemande, et idéologiquement, face à l’idéologie progressiste dominante. •
Photo : Les vice-présidents des parlements polonais et hongrois face aux jeunes à Krasiczyn. (Photo : Olivier Bault)
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Merci à Olivier Bault de nous permettre de lire ici son reportage en dehors de Présent qui est tout de même un peu cher.