Pourquoi Trump a choisi d’endiguer la Chine

Publié par Guy Millière le 10 août 2019

“Trump provoque un séisme”, dit un journal. “Le Président américain a gravement enfreint la trêve avec la Chine”, dit un magazine. Comme toujours, la presse française ne comprend rien à rien, et dès qu’il s’agit de Trump, choisit de critiquer d’abord sans même tenter de réfléchir après. Ne manquent pour l’heure au tableau que ceux qui accusent Donald Trump de protectionnisme. Ils ne vont pas tarder à se manifester à nouveau. Ils l’auront fait quand cet article paraitra.

Il faut redire une fois de plus que non, Donald Trump n’est pas protectionniste. Il estime simplement que pour pratiquer le libre-échange, il faut être deux. Si un pays est pleinement ouvert aux produits venant d’un autre pays tandis que l’autre pays est, lui, totalement protectionniste, il ne s’agit pas de libre-échange.

Et si quelqu’un dit que le pays totalement protectionniste se retrouve, après avoir vendu des milliards de produits, avec des sommes d’argent considérables dans la monnaie du pays pleinement ouvert et doit faire quelque chose de ces sommes, on peut répondre que le pays totalement protectionniste peut parfaitement garder les sommes considérables sans les utiliser s’il mène une guerre politique et stratégique contre le pays pleinement ouvert (il peut aussi acheter des obligations du pays pleinement ouvert avec une partie des sommes).

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Donald Trump discerne que la Chine mène une guerre politique et stratégique contre les Etats-Unis et, au-delà d’eux, avec le monde libre. Il discerne que la Chine sous-évalue sa monnaie et vend souvent à perte pour s’emparer de marchés. Il discerne de surcroit que la Chine pratique un véritable pillage de propriété intellectuelle vis-à-vis d’entreprises américaines. Il en tire les conclusions que n’ont pas tiré ses prédécesseurs. Il entend arrêter les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. Il n’est pas dupe des ambitions chinoises. Il sait que la Chine vise une hégémonie mondiale et entend asservir le reste de la planète. Il sait que la Chine est un pays totalitaire et qu’une hégémonie chinoise serait incompatible avec la liberté d’entreprendre, de décider, de penser et de parler. Il entend dès lors endiguer la Chine. C’est ce qu’il fait.

Il connait les vulnérabilités de la Chine. Il sait que le calme intérieur en Chine est maintenu par la possibilité offerte aux Chinois des campagnes (où le niveau de vie est bien plus bas) de venir travailler dans les villes où le niveau de vie est bien plus haut, et il sait que si cette possibilité se brise ou se fragilise, le calme peut se trouver perturbé. Il sait que la Chine mène des activités prédatrices en Asie et sur toute la planète en asservissant des pays par l’intermédiaire des réseaux que les Chinois appellent de manière trompeuse les “routes de la soie”.

Il sait que la Chine a un budget militaire croissant, destiné à créer des forces à même d’intimider, et pratique d’ores et déjà l’intimidation. Il sait que la Chine est l’alliée de pays qui sont les ennemis des Etats-Unis et du monde libre : Iran et Russie, Venezuela et Cuba. Il sait que la Chine a longtemps utilisé le régime nord-coréen pour tenter de chasser les Etats-Unis d’Asie orientale. Il sait que la Chine est en train de tenter de militariser l’espace et que la 5G développée par la firme chinoise Huawei a aussi des visées militaires et qu’un pays qui s’équipe en 5G de Huawei se place en dépendance de la Chine pour ses réseaux de communication civile et militaire.

Il sait qu’il doit agir et il agit. Il sait qu’il n’y a pas de “trêve” du côté de la Chine. Il ne provoque pas de “séisme”. Il fait ce qu’il doit. Il entend en endiguant la Chine éviter qu’elle poursuive sur sa trajectoire, et la conduire vers un respect des règles du commerce international et vers une coexistence vigilante avec le monde libre.

Il décide de taxes qui ont ces fins et qui seront levées si la Chine change de comportement.Il discerne que la Chine est condamnée à plier, parce qu’elle est vulnérable, et pliera. Il discerne qu’elle est d’ores et déjà en train de plier.

Et ceux qui parlent de “guerre monétaire” parce que la Chine vient de dévaluer davantage sa monnaie, ou qui placent quasiment la Chine sur un pied d’égalité avec les Etats-Unis ne savent pas de quoi ils parlent.

  • La Chine ne peut pas dévaluer sa monnaie trop fortement sans en subir elle-même les effets pervers : cela lui permet de baisser le prix de ses exportations, mais lui fait payer plus cher ses importations, et elle importe une large part de ses ressources énergétiques.
  • La Chine reste sur de nombreux plans un pays en voie de développement où la créativité intellectuelle est faible et entravée.  Piller n’est pas créer.
  • Elle est infiniment plus dépendante de ses exportations vers les Etats-Unis que les Etats-Unis sont dépendants des importations venues de Chine (des entreprises américaines qui font fabriquer en Chine sont d’ores et déjà en train de déplacer leurs unités de production hors de Chine, par prudence).
  • La croissance chinoise a fortement fléchi et est sans doute très inférieure aux chiffres annoncés (certains experts disent que la Chine a non pas 6,2 pour cent de croissance, mais à peine plus de zéro pour cent aujourd’hui, et une déflation semble s’enclencher).
  • La Chine s’est fortement endettée pour se maintenir à flot et sa dette représente désormais plus de 300 pour cent de son PIB, ce qui est catastrophique.
  • Si la Chine vient de renoncer à acheter les produits agricoles américains qu’elle achetait, elle ne pourra pas le faire longtemps : elle n’a guère d’autres fournisseurs vers lesquels se tourner pour la plupart des produits concernés, et elle se porte atteinte à elle-même davantage qu’aux Etats-Unis, qui ont les moyens d’encaisser le coup.
  • La Chine a acheté des obligations américaines, mais si elle les vendait massivement, ce serait sans aucune conséquence pour les Etats-Unis et sans effet majeur pour les marchés financiers, et la vente massive ferait baisser le prix des obligations américaines pour tous ceux qui en possèdent, au premier chef la Chine.
  • Le soulèvement en cours à Hong Kong crée une situation très délicate pour les autorités chinoises. Ecraser le soulèvement dans le sang serait catastrophique pour la Chine, financièrement et en termes d’image internationale, céder à ceux qui se sont soulevés serait montrer à d’autres Chinois que les autorités peuvent céder, et d’autres Chinois, dans un contexte où la croissance s’absente, pourraient se soulever.

En toute logique le monde libre que menace la Chine inclut outre les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon, la Corée du Sud. Et le monde libre que menace la Chine comprend et approuve ce que fait Donald Trump.

La presse française est emplie de journalistes qui ne comprennent pas ce que fait la Chine et ce qu’elle vise, ou qui font comme s’ils ne comprenaient pas. Elle est emplie de journalistes qui ont des réflexes dignes des chiens de Pavlov quand il s’agit de Trump : le nom de Trump apparait, et ils se mettent à éructer et saliver.  Ces journalistes sont imprégnés d’un anti-américanisme nauséabond et semblent rêver d’un futur où la Chine remplacerait les Etats-Unis en position de première puissance du monde, ce qui ne se produira pas. On peut légitimement se demander s’ils font partie du monde libre.

On peut se le demander aussi en regardant les positions des principaux dirigeants des pays d’Europe occidentale, qui semblent ne pas comprendre beaucoup plus que les journalistes de la presse française.

Les dirigeants français, allemands, mais aussi les dirigeants britanniques (avant Boris Johnson) semblent ne pas voir du tout les visées de la Chine et ce que peuvent être les conséquences de ces visées. Plusieurs d’entre eux ont accepté les offres 5G d’Huawei, ce qui signifie qu’ils acceptent consciemment ou inconsciemment ce qui découle.  Ils semblent penser que la Chine dominera le monde et semblent même le souhaiter.

Ils se comportent en idiots utiles et se placent dans des impasses très délétères.

Ils semblent incapables de comprendre ce qui se joue géopolitiquement à l’échelle planétaire, et sont dès lors des dirigeants indignes qui conduisent leurs pays vers l’ornière.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

Source : Pourquoi Trump a choisi d’endiguer la Chine – Dreuz.info

Un commentaire

  1. Posté par Michel Vasionchi le

    Très bon article “décapant” , en toute modestie , j’ajouterais , qu’une question fondamentale s’impose d’elle même , est-ce aux USA et à l’Occident, de financer 30 après la chute du mur de Berlin et l’implosion du paradis socialiste en URSS, la dernière dictature communiste au monde ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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