S’oriente-t-on vers de nouvelles élections en Italie ? C’est ce que souhaitent Matteo Salvini et la Ligue. Le prétexte leur a été donné par le vote mercredi des sénateurs du Mouvement 5 étoiles (M5S) contre la poursuite des travaux de construction de la ligne de TGV Lyon-Turin. Une poursuite des travaux en faveur de laquelle s’était pourtant prononcé le Premier ministre Giuseppe Conte après des mois de tensions entre les deux partenaires de la coalition gouvernementale. Finalement les motions en faveur de cette ligne de TGV ont été votées avec les voix de la Ligue et de l’opposition. Dès jeudi, le leader de la Ligue, Matteo Salvini, également Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement Conte, clamait qu’il n’y avait plus de majorité de gouvernement et appelait à de nouvelles élections, se faisant rabrouer par Conte qui lui rappelait que c’est au Premier ministre de constater le moment de sa perte de majorité au parlement. Vendredi, les sénateurs de la Ligue présentaient une motion de censure.
Vers une coalition de droite ?
L’énergique ministre de l’Intérieur italien fait donc le pari de nouvelles élections à l’issue desquelles il aurait toutes les chances de pouvoir diriger une coalition de droite, avec ou sans le parti de centre-droit Forza Italia(FI) de Silvio Berlusconi. Les récents sondages montrent en effet que la Ligue pourrait même gouverner avec le seul soutien des nationalistes-souverainistes Fratelli d’Italia (FdI). Aux dernières nouvelles, la Ligue était donnée à 38% des intentions de votes, FdI à 8% et FI à 6,5%. La Ligue est déjà alliée à ces partis au niveau local et régional. A gauche, le Parti démocratique (PD) des anciens Premiers ministres Matteo Renzi et Paolo Gentiloni est donné à 23%, devançant ainsi largement le M5S qui continue sa baisse et ne recueille plus que 16,5% des intentions de vote. Du point de vue de Salvini, c’est donc le moment rêvé pour de nouvelles élections, la coalition avec le M5S empêchant la Ligue, un parti libéral-conservateur (libéral pour les questions économiques et conservateur pour les questions sociétales) de réduire les impôts et de relancer une économie en panne, et l’obligeant au contraire à accepter de coûteux programmes sociaux qui alimentent les déficits et mettent l’Italie à la merci d’une Commission européenne par essence hostile, notamment à cause du blocage par Salvini de l’immigration illégale par la Libye.
Ce sera néanmoins au président de la République Sergio Mattarella, lui aussi hostile à la Ligue car provenant du PD, de décider de convoquer ou non de nouvelles élections qui pourraient avoir lieu en octobre ou en novembre. Or la gauche pourrait lui donner l’occasion de tenter un gouvernement « technique », une partie du PD semblant prête, sous l’égide de Matteo Renzi, à négocier un tel gouvernement avec le M5S dont l’ancien leader et fondateur, Beppe Grillo, est lui aussi favorable à une telle coalition de gauche avec à la clé un référendum sur la diminution du nombre de parlementaires, voulue par le M5S. L’actuel secrétaire général du PD, Nicola Zingaretti, s’oppose toutefois fermement à un tel scénario. Il se dit prêt à affronter la Ligue sur le champ de bataille électoral et appelle son parti à l’unité.
Le pape François lui-même se lance dans le combat contre la Ligue avec la publication vendredi par La Stampad’une interview dans laquelle le souverain pontife se prononce à nouveau pour l’accueil indiscriminé des immigrants et dit voir dans le discours des souverainistes des ressemblances avec les discours d’Hitler des années 1930. Pas sûr que cette comparaison grossière digne de l’extrême gauche antifa fasse basculer l’opinion publique italienne, y compris parmi les catholiques pratiquants, le dogme de l’infaillibilité papale ne s’étendant fort heureusement pas au champ politique. •
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