Avouez qu’il y a quelques mois, la Greta et le CETA étaient le cadet de vos soucis. A juste titre, d’ailleurs. Ce qu’il faut penser de la petite Greta, Présentl’a évoqué hier, et y revient aujourd’hui. Ce qu’il faut penser du grand CETA est plus complexe. Une chose est sûre : notre intérêt, en tant que Français, était de rejeter l’une et l’autre.
L’accord CETA a certes été adopté mercredi par l’Assemblée nationale, mais la bataille n’est pas finie : il doit maintenant passer devant le Sénat. Le vote positif des députés n’a été acquis qu’avec une majorité étriquée : 266 voix contre 213. Ce scrutin a divisé la majorité : 61 macroniens ont désavoué le gouvernement, en s’abstenant, ou même en votant contre, ce qui signifie que ces députés n’appartiennent plus à la majorité. En effet, s’abstenir ou voter contre un projet gouvernemental, préparé depuis deux ans, et déjà partiellement appliqué, c’est bien passer dans l’opposition, si les mots ont un sens.
Cette grave division chez les marcheurs est la première retombée positive de l’accord de libre-échange conclu avec le Canada. D’autant qu’il creuse aussi un fossé entre macronistes et écologistes. Or les écologistes de Jadot nous étaient présentés comme la réserve de voix naturelle de LREM, dans la perspective, notamment des municipales. C’est d’ailleurs pourquoi les macroniens ont mal vécu la diatribe anti-CETA de Hulot contre la baisse des normes sanitaires », lui que l’on n’avait guère entendu quand il était ministre.
Sur le fond, s’agit-il d’un texte qui met en danger la santé ? La gauche, à la remorque des écologistes, s’est placée sur le seul terrain de la sécurité alimentaire. L’accord favoriserait l’introduction de produits dangereux : OGM, farines animales etc. C’est un faux procès qui est fait au Canada. A priori ce qui est bon pour des estomacs canadiens n’a pas de raisons d’être nocif pour ceux des Français.
Un ticket d’entrée difficile à acquitter
Le vrai enjeu n’est pas là. Ces normes sanitaires élevées, notamment sur les pesticides, au nom du principe de précaution, – excessives, sans doute –, ont eu néanmoins une énorme vertu : elles ont créé un ticket d’entrée difficile à acquitter pour les exportateurs canadiens et autres, et, de ce seul fait, elles ont protégé le marché intérieur français. C’est en tout cas l’argument que mettaient en avant nos agriculteurs pour s’opposer au CETA. Ces normes constituaient un habile substitut à la disparition progressive des barrières douanières, comme savent en jouer sans complexe Chinois et Américains, par exemple. Pourquoi alors se priver de cet instrument protectionniste ? Par peur des sanctions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ?
Qui plus est – et c’est l’un de ses points forts –, notre pays est associé aux notions de qualité, de haut de gamme. C’est valable pour l’industrie du luxe, comme pour la filière agroalimentaire. Cette montée en gamme, c’est notre image de marque. Ouvrir nos frontières à des produits plus bas de gamme, c’est brouiller cette image, ce positionnement sur l’excellence.
Un torpillage de l’accord CETA aurait un dernier mérite : il chahuterait considérablement l’UE, et constituerait une manifestation de notre souveraineté. Le parlement européen sortant avait ratifié l’accord. Sa déclinaison dans chaque pays semble bien partie pour générer des réactions de plus en plus fortes. La messe est dite avec le vote de mardi ? Rien n’est donc moins sûr.•
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