Le 11 juin, lors de la 5e édition du Forum international Primakov Readings organisé à Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a explicité sa vision de la lutte contre la prolifération mondiale des arsenaux nucléaires. Depuis le 1er février, date de l'annonce du retrait unilatéral des Etats-Unis du traité de désarmement nucléaire INF, la Russie a suspendu sa participation au traité et exprimé, à plusieurs reprises, ses inquiétudes quant aux conséquences de la décision américaine sur la paix mondiale.
A cet égard, Sergueï Lavrov a estimé que pour éviter tout conflit nucléaire, les Etats-Unis et la Russie devaient rapprocher leur position : «Il est crucial que la Russie et les Etats-Unis apaisent le reste du monde et adoptent une déclaration commune au plus haut niveau selon laquelle une guerre nucléaire ne peut être gagnée, et qu’elle est donc inacceptable et inadmissible.»
La stabilité stratégique et le contrôle des armements reste l’objet de la plus grande attention
Le chef de la diplomatie russe a par ailleurs rappelé qu’après la signature du traité INF, lors de la Guerre froide, les dirigeants de l’ex-URSS et des Etats-Unis avaient rappelé l’importance de préserver leur engagement à deux reprises. «Et nous ne comprenons pas pourquoi cette position ne peut pas être reconfirmée dans les circonstances actuelles. Nos propositions sont en cours d’examen par la partie américaine», a-t-il souligné.
«La stabilité stratégique et le contrôle des armements restent l’objet de la plus grande attention. Lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le président [russe Vladimir] Poutine a évoqué les conséquences éventuelles de l’abandon total des restrictions [concernant] les missiles nucléaires. Toutes les initiatives russes dans ce domaine demeurent en vigueur. Nous avons noté que Washington s’était déclaré prêt à coopérer. Nous attendons des actions concrètes», a-t-il en outre rappelé.
Un désengagement américain des traités tous azimuts
L’appel de la Russie à préserver les équilibres mondiaux intervient au moment où les Etats-Unis entendent se désengager d’un autre traité, le Start (Strategic Arms Reduction Treaty, en anglais). Signé en juillet 1991, quelques mois avant la disparition de l'URSS, par le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev et son homologue George Bush (père), le traité Start a été reconduit plusieurs fois. Il a été remplacé en 2010 par le traité New Start, en vigueur pour 11 ans.
Mais l’absence d’une volonté américaine de poursuivre les négociations pour le prolonger au-delà de 2021, n’est pas sans inquiéter la Russie. «Personne ne mène de négociations avec nous jusqu’à présent. Il n’y a pas de négociations formelles, et en 2021 tout sera fini», avait constaté Vladimir Poutine, s'exprimant en marge de la 23e édition du Forum économique de Saint-Pétersbourg.Le dirigeant russe avait en outre rappelé que, selon lui, les Etats-Unis détricotaient depuis plusieurs années l'architecture de sécurité héritée de la Guerre froide. La série des accords Start a en effet permis jusqu'à présent de maintenir les arsenaux nucléaires américains et russes bien en deçà de leur niveau des années 1970 et 1980. «J’attire votre attention sur le fait qu’il n’y aura plus aucun instrument limitant la course aux armements ou, par exemple, le déploiement d'armes dans l'espace. Est-ce que nous comprenons bien ce que cela signifie ou non ?», avait martelé Vladimir Poutine qui avait prévenu que la Russie possédait un temps d’avance dans le cas d’une nouvelle course à l’armement.
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