Par la Rédaction.
Hongrie – La saga du Fidesz et du PPE a connu un tournant en ce lundi 6 mai 2019 : à trois semaines des élections européennes, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a reçu à Budapest le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache (FPÖ). Cette visite intervient quelques jours après la visite de Matteo Salvini, dont le parti est pressenti pour remporter les élections européennes en Italie.
Répondant aux questions de la presse, Orbán a déclaré que le gouvernement hongrois ne peut pas soutenir la candidature de Manfred Weber (qui est le Spitzenkandidat du PPE pour la présidence de la Commission européenne, auquel appartient toujours le Fidesz, en dépit de sa suspension).
En effet, fin mars 2019, Manfred Weber a déclaré que s’il avait besoin des voix des eurodéputés du Fidesz pour être élu président de la Commission, il préférerait ne pas être élu. Jusqu’à présent, l’une des seules réactions en provenance du gouvernement hongrois avait émané de Judit Varga, ministre en charge des relations avec l’UE. L’évocation d’un avenir du Fidesz en dehors du PPE était restée très mesurée.
Orbán a ajouté que le gouvernement hongrois cherchait un autre candidat à soutenir pour la présidence de la Commission.
Prenant modèle sur le gouvernement autrichien qui rassemble les conservateurs de l’ÖVP et la droite populiste du FPÖ, Orbán préconise la même alliance au niveau européen. Prenant à contre-pied une grande partie des figures du PPE, Orbán prône donc une alliance du PPE avec les groupes à sa droite au Parlement Européen, plutôt qu’avec les libéraux de l’ALDE voire les socialistes. C’est la raison pour laquelle, selon les déclarations du Premier ministre, le Fidesz reste au PPE pour tenter jusqu’au bout de faire prévaloir sa ligne au sein de la plus grande famille politique européenne.
Le décalage du Brexit (si celui-ci devait effectivement avoir lieu un jour) pourrait également avoir un impact considérable sur le jeu électoral qui va suivre l’élection européenne (choix du président de la Commission, des commissaires européens, et des présidents de commissions du Parlement européen). En effet, à l’heure actuelle, le renouvellement du contingent britannique se fera au détriment du PPE, puisque les conservateurs britanniques siègent au sein du groupe CRE avec le PiS polonais, les travaillistes au sein du groupe socialiste, tandis que les sondages prédisent une victoire historique du Brexit Party de Nigel Farage.
Notons également que cette déclaration de rupture entre Orbán et Weber intervient à un moment où la diplomatie hongroise est particulièrement active : en pleine crise avec le PPE, Orbán recevait son allié polonais à Budapest pour les commémorations du 15 mars ; en avril, Orbán a effectué un voyage de plusieurs jours en Asie où il a été reçu par le président chinois Xi Jinping ; début mai, Orbán a reçu à Budapest les leaders populistes Salvini et Strache. Et le 13 mai, pour la première fois depuis plus d’une décennie, le Premier ministre hongrois sera reçu à la Maison Blanche par le Président des États-Unis, Donald Trump.
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