La France et l’Italie s’opposent en Libye

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L’offensive contre Tripoli du maréchal Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL) soutenant le gouvernement de Tobrouk, renouvelle les tensions entre la France et l’Italie. Car si Jean-Yves Le Drian a appelé mardi Haftar et el-Sarraj, le premier ministre du gouvernement de Tripoli, à convenir d’un cessez-le-feu et à renouer le dialogue, Paris a en revanche bloqué la condamnation par l’UE de l’offensive de Haftar de la même manière que la Russie, autre soutien de l’ANL, avait empêché dimanche l’adoption d’une résolution de l’ONU contre le maréchal. Le quotidien italien La Repubblica évoquait mardi un projet de déclaration préparé par le service européen pour l’action extérieure qui avait été envoyé aux gouvernements des 27 et qui s’est heurté au veto de Paris. Pour le journal, la France d’Emmanuel Macron a ainsi confirmé ce dont l’accusaient déjà Rome et Tripoli : son soutien à l’ANL, aux côtés de la Russie, de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue, a réagi en parlant d’un « acte gravissime » de la France motivé par des « intérêts économiques et commerciaux ».

Mercredi, les combats se déroulaient aux abords de Tripoli, mais il semblerait que le maréchal Haftar, qui avait lancé son offensive le jeudi 4 avril, se heurte à une résistance plus forte que prévu, les milices de l’ouest du pays s’étant apparemment à nouveau unies pour soutenir le gouvernement d’el-Sarraj. Celui-ci est accusé de complicité avec certaines milices islamistes, mais Haftar, qui a dans le passé repris Benghazi et une partie du sud de la Libye aux djihadistes, est lui aussi accusé de s’appuyer sur des milices, et notamment, tout comme el-Sarraj, sur des groupes de salafistes madkhalistes financés par l’Arabie saoudite. Un récent rapport de l’ONU pointait d’ailleurs du doigt l’augmentation de l’influence salafiste dans les régions contrôlées par l’ANL et sur le maréchal Haftar lui-même. Ainsi, en février 2017, celui-ci signait un décret interdisant aux femmes de moins de 60 ans de voyager sans être accompagnées par un homme de leur famille.

La France a néanmoins fait le pari de Haftar dans la lutte contre les islamistes en Libye et lui fournit une assistance militaire depuis 2015. L’Italie, de son côté, soutient le gouvernement d’el-Sarraj pour s’assurer sa coopération dans la lutte contre l’immigration illégale par la Méditerranée centrale, et elle a une présence militaire de 400 hommes environ à Tripoli et Misurata. D’après Il Giornale, le gouvernement Conte, tout en continuant de soutenir officiellement Tripoli face à l’offensive de l’ANL, aurait toutefois pris des contacts avec le maréchal Haftar ces derniers jours pour tenter d’assurer ses arrières.

Quoi qu’il en soit, la « renaissance européenne » annoncée par Macron, ce sera pour une autre fois. En Libye, c’est chacun pour soi.

Dans cette situation, l’ONU a annoncé cette semaine le report de la conférence pour la paix qui devait se dérouler du 14 au 16 avril dans le but de réunifier le pays.


Erratum : Dans notre article « Combats en Libye – L’Italie craint une nouvelle crise des migrants » de mercredi, nous avions parlé de « l’Armée nationale libyenne (ANL) qui contrôle tout l’ouest du pays » et « la compagnie pétrolière italienne ENI qui exploite les puits de pétrole de l’est du pays ». C’est en fait le contraire. Avant son offensive contre Tripoli, l’ANL contrôlait l’est du pays (la Cyrénaïque, avec pour capitale Benghazi, le gouvernement de la Chambre des représentants, soutenu par l’ANL, siégeant à Tobrouk) et ENI exploitait le pétrole dans l’ouest du pays, sous contrôle du gouvernement de Tripoli.

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Un commentaire

  1. Posté par miranda le

    Créer encore le chaos dans cette région. Cela ne suffit pas de l’avoir déstabilisée une première fois par l’intervention de Sarkozy-Cameron, voilà donc une répétition avec le soutien de Mr Macron. Les destabilisations ont toujours un but. Y a-t-il volonté de redonner à la LIBYE son rôle de passoire migratoire?Auquel cas Mr SALVINI devra redoubler de vigilance pour l’ITALIE ET POUR L’EUROPE ENTIERE.

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