La moitié des jeunes Allemands (51 % de la tranche d’âge 16-25 ans) estiment qu’exprimer son opinion sur certains sujets – notamment sur le sujet de l’immigration et de l’islam – est chose risquée car on peut vite être catalogué comme partisan de l’extrême droite. C’est ce qui ressort d’une étude sur la tolérance et la diversité réalisée par l’Institut Forsa à la demande de la Fondation Friedrich Naumann et publiée au début du mois. Pour 38 % des jeunes Allemands interrogés, la démocratie allemande est menacée, et ils sont un sur quatre à penser que la présentation des partis de droite comme l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans les médias est malhonnête et biaisée.
Mais l’islam et l’immigration ne sont pas les seuls sujets sensibles dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Comme ailleurs en Europe, il devient de plus en plus difficile de résister à la doxa imposée du lobby LGBT. « Nous sommes aujourd’hui le peuple le plus crispé du monde, cela ne peut plus durer ! », a lancé la semaine dernière aux Allemands Annegret Kramp-Karrenbauer, la nouvelle présidente de la CDU. Celle qui a succédé à Angela Merkel à la tête du parti de centre droit avait eu le malheur de plaisanter pendant une émission de télévision consacrée au carnaval, dans laquelle elle est apparue en habit festif dans le land du Bade-Wurtemberg, en affirmant que les toilettes de sexe neutre (demandées par les adeptes de l’idéologie du genre) sont « pour les hommes qui ne savent pas s’ils veulent être assis ou debout pour faire pipi ». Cette plaisanterie lui a valu une volée de bois vert de la part de la gauche et des associations homosexualistes. Car même le contexte du carnaval n’autorise pas à se moquer des LGBT. En effet, et c’est le ministre de la Justice Katarina Barley, du parti social-démocrate SDP, qui l’a dit en réaction à la phrase d’AKK, « les blagues maladroites contre les minorités sont la dernière chose dont a besoin notre société » et « le carnaval doit cibler les puissants, les politiciens, les entreprises, les banques, mais pas ceux qui doivent déjà se battre ».
Aggravant encore son cas, AKK s’en est prise dans un discours du mercredi des Cendres devant la CDU à une école maternelle de Hambourg qui avait demandé aux parents d’éviter pour le carnaval que leurs enfants viennent à l’école dans des costumes pouvant être vécus comme une insulte culturelle, tels les costumes d’Indiens d’Amérique ou d’Inde ou encore les cheiks arabes.
Début février, AKK avait prévenu que son parti ne pouvait pas laisser se répéter la situation de 2015, quand des centaines de milliers d’immigrants illégaux étaient entrés en Allemagne à l’invitation d’Angela Merkel. « Nous avons retenu la leçon », avait-elle affirmé à un moment où la CDU indiquait qu’elle souhaitait désormais que les demandes d’asile soient examinées aux frontières extérieures de l’UE et que les demandeurs déboutés soient systématiquement renvoyés chez eux, ce qui ressemble à première vue à un rapprochement des positions entre la CDU et l’AfD. Néanmoins, dans son discours du 6 mars, AKK a aussi déclaré, à propos de l’AfD : « Ceux qui veulent la haine, ceux qui veulent l’exclusion, ceux qui veulent le nationalisme, ceux qui veulent que l’Allemagne sorte de l’UE, ils peuvent voter pour eux. » Il semblerait que le Français Laurent Wauquiez ait son alter ego à la tête de la CDU et ce n’est pas AKK qui va renverser la dictature du politiquement correct.
Photo : Angela Merkel et Annegret Kramp-Karrenbauer.
Cet article Le Wauquiez allemand face à la dictature du politiquement correct est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?