Réinformer, la réalité de la Vérité

 

Dans une démocratie, la presse doit être indépendante. On nous l’apprend à l’école, on nous l’assène à l’envi. En France, pays des droits de l’homme, toujours prompt à donner des leçons au reste du monde, il ne saurait en être autrement. Vous en doutez ? Alors voyons un peu ce qu’il en est. D’abord, l’État : L’aide à la presse a été créée en 1942 par Pierre Laval !

complot medias

Chaque année, l’État subventionne La Poste pour l’aider à acheminer les journaux. Près de 200 journaux sont concernés par cette aide au portage et qui s’ajoute à bien d’autres aides indirectes : TVA réduite, exonérations de taxes foncières, abattements des cotisations sociales et des impôts directs des journalistes.

Selon l’Observatoire du journalisme (OJIM), elles sont évaluées pour 2018 à plus de 1,4 milliard d’euros.

Quant aux aides directes, facilement consultables sur le site du ministère de la culture, (cliquez ici) et qui dépendent notamment de la diffusion, c’est Aujourd’hui en France qui tient la corde avec près de 8 millions d’euros. A contrario, Le Canard enchaîné les refuse.

Après l’État, c’est le pluralisme qui devient une peau de chagrin. Hachette contrôle la quasi-intégralité de la presse de la région Provence-Alpes-Côte D’Azur.

Bernard Arnault ce sont Aujourd’hui en France, Les Échos, Le Parisien ; Dassault c’est le groupe du même nom dont TV magazine, Niel en association avec Pigasse, ce sont Le Monde et Huffington Post, Vincent Bolloré, avec Canal +, i-Télé, C8, ne se cache pas de peser sur les contenus éditoriaux du groupe Vivendi, et bien sûr Patrick Drahi avec L’Express, BFMTV, SFR Presse, SFR Radio TV et SFR Sport.

Conséquence : Emmanuel Macron bénéficie du soutien de la plupart des médias. Tout particulièrement ceux du franco-israélien Patrick Drahi. Renvoi d’ascenseur assurément, car souvenons-nous, lorsque Emmanuel Macron était secrétaire général adjoint de l’Élysée, c’est à la demande de son ami de longue date, Bernard Mourad, par ailleurs banquier de Patrick Drahi, qu’il avait réussi à faire accepter le rachat historique d’une entreprise française de télécommunication par Altice, société luxembourgeoise dont Patrick Drahi détient 58 %.

Dans le sillage de Patrick Drahi, ce sont aussi Grégoire Chertok flanqué de l’inévitable Attali qui vont à la soupe. On comprend que l’éditorialiste de L’Express, Christophe Barbier, se découvre macroniste avec une telle servilité qu’il en serait presque attendrissant. D’ailleurs il nous le dit : « C’est lui qui incarne le plus l’esprit de réforme en France aujourd’hui, avec modernité. »

On comprend mieux maintenant le mépris affiché par cette chaîne et les médias officiels à l’encontre des gilets jaunes. Le samedi 24 novembre, BFM voyait une révolution fasciste à Paris. Il fallait convaincre l’opinion qu’ils n’étaient qu’un ramassis de casseurs extrémistes et de bouseux aigris, un peu homophobes, anti écolo, plus ou moins racistes. On va ainsi aller récupérer à dessein les plus ingénus et les moins à l’aise d’entre eux pour mieux se foutre de leur figure devant les caméras.

Une petite revanche sera prise au « Grand Journal » lorsque voulant malmener Dupont-Aignan, celui-ci va mettre au défi les journalistes de mentionner leur salaire. Tous se dégonfleront après quelques balbutiements scandalisés. Mais… impossible de revoir cette vidéo à l’heure d’aujourd’hui « qui n’est plus disponible ! » (sic).

Journalistes, ou supposés tel, des plateaux de télé, journalistes mondains, au pire ils n’ont jamais mis les pieds sur un théâtre d’opérations, au mieux ils s’y sont cantonnés prudemment au bar de l’hôtel, tous sont aux ordres. Ces journalistes stipendiés, trop grassement payés pour ne pas être complices ou pour s’amuser à faire des vagues en s’écartant des lieux communs, font semblant de s’affronter, mais se cooptent entre eux, cooptent leurs enfants et s’autocensurent spontanément avec un zèle émouvant allant même au-devant des exigences supposées de leur patron.

Ils peuvent ne pas être d’accord (c’est même recommandé !), mais à condition de rester dans les limites des bons usages sociaux. Dans leurs âmes humanistes, ils se sentent vaguement gênés lorsqu’ils font leur rapport pénibilité/salaire, alors, soucieux de déculpabiliser ils revendiquent un discours social.

Correctement éduqué dans un cadre parfaitement normé, le peuple votera convenablement. Et c’est précisément ce que le pouvoir attend d’eux. L’indépendance de la presse, des rodomontades ! La presse est aux ordres !

En 2017 la France est à la 39e position du classement mondial de la liberté de la presse. Chaque époque, chaque culture, est ordonnée par un discours prédominant, le rôle des journalistes mondains est de maintenir les hommes et les femmes de la société dans les bonnes soumissions. A contrario, un vrai journaliste, c’est celui qui se fait enlever.

Il y aurait aussi à s’interroger sur certaines opérations menées à long terme comme la fondation Young Leaders (Jeunes leaders) crée en 1976, pour promouvoir l’amitié entre les États-Unis et la France. Cette fondation a engendré un courant pro américain très influent auprès des politiques et des médias :

Jérôme Clément fondateur d’Arte, puis de la Cinq, Bernard Faivre d’Arcier. David Kessler ex-directeur du CSA, et de France Culture qui était chargé des programmes de Radio France. Jean-Noël Jeanneney a été PDG de Radio France et de Radio France International, Nicolas Escoulan est passé de Canal + à Europe 1 où il est directeur de la rédaction. Son camarade de la promotion d’avant Jérôme Chapuis est responsable du service politique de la radio concurrente RTL. Jean-Marie Colombani a été directeur du Monde pendant treize ans. Denis Olivennes du Nouvel Obs.

Yves de Kerdrel a été longtemps directeur de Valeurs Actuelles. Christine Ockrent (NBC, CBS, Antenne2, TF1, France3, TV5, France 24, BFM) ou radio (Europe1, RTL, RFI, France Inter) a été directrice de la rédaction de L’Express de 1994 à 1996. Guy Sorman a lui aussi été à L’Express. Tous jeunes leaders ! On va aussi les retrouver auprès de Patrick Drahi : Laurent Joffrin directeur de la rédaction du quotidien de Patrick Drahi depuis 2014. Michel Combes (1994) a longtemps dirigé Altice, la holding Europe du groupe multimédias de Patrick Drahi. Emmanuel Macron comme François Hollande ont été Young Leaders. Ce programme peu connu du grand public l’est par souci de discrétion des médias dominants, trop noyautés pour qu’ils le crient sur les toits.

Contre ce verrouillage, Internet est devenu une chance pour l’info, mais semée de pièges. Chance d’être libre, mais danger aussi de cette liberté. Car on y trouve tout et n’importe quoi. Les fake news y pullulent.

Le mérite des grands sites de réformation, notamment Boulevard Voltaire, TVLibertés, Radio Liberté et Eurolibertés, c’est d’être très exigeant sur les sources. Une lutte est ouverte avec le pouvoir politique qui à défaut de pouvoir censurer, va tenter la confusion des faits.

La méthode est simple : attendre que le site dérangeant s’empare imprudemment et sans l’avoir vérifié suffisamment d’une des fake news du net, voire au besoin la lui proposer, en espérant qu’il va commettre l’erreur de la rediffuser. Rediffusion qui permettra ensuite de la dénoncer puis dans la foulée et par extension de jeter le discrédit sur l’ensemble du site. La principale vertu du journalisme c’est sa fiabilité.

L’autre moyen ce sont les freins au statut. Dans les conditions décrites précédemment, on imagine mal que la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels composée de huit représentants des employeurs et de huit élus des salariés, tous syndiqués, accepte d’attribuer des cartes de presse a des gens qui pourraient leur donner des leçons d’éthique. Ce serait prendre le risque de promouvoir l’honnêteté. On imagine le bouleversement.

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