Le député brésilien représentant les LGBT fuit son pays à cause de menaces de mort

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Le député brésilien de Rio, Jean Wyllys, a jeté l’éponge. Celui qui représentait la communauté LGBT au Parlement a décidé de quitter ses fonctions et son pays à cause de la recrudescence de menaces de mort le visant.

Figure du Parti socialisme et liberté (PSOL, à gauche), il renonce ainsi à son troisième mandat, qu’il aurait dû effectuer durant l’exercice du nouveau président Jair Bolsonaro. Le nouveau chef de l’Etat avait déclenché une controverse avec ses propos envers la communauté gay, expliquant notamment qu'il préférait que son fils soit «tué dans un accident plutôt qu'homosexuel».

«Préserver une vie menacée est aussi une stratégie de lutte pour des jours meilleurs. Nous avons fait beaucoup pour le bien commun. Et nous ferons beaucoup plus quand viendront des temps nouveaux, peu importe que nous agissions par d'autres moyens», a tweeté le député sur le départ, le 24 janvier, en guise d'adieu.

Preservar a vida ameaçada é também uma estratégia da luta por dias melhores. Fizemos muito pelo bem comum. E faremos muito mais quando chegar o novo tempo, não importa que façamos por outros meios! Obrigado a todas e todos vocês, de todo coração. Axé! ✊ https://t.co/Xy6SyDNXDypic.twitter.com/Tf6SGmZFHq

— Jean Wyllys (@jeanwyllys_real) 24 janvier 2019

En novembre 2018, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) avait intimé au Brésil de prendre les «mesures nécessaires pour protéger les droits, la vie et l'intégrité personnelle» du député et de sa famille. «Jean Wyllys a bien fait», a déclaré à RT France Rafael Heiber, Brésilien et directeur du think tank Common Action Forum, qui estime que la vie du député est vraiment en danger s'il reste dans son pays.

Le discours haineux ne peut pas être minimisé. Il est potentiellement meurtrier et a déjà fait des victimes 

En effet, de nombreux assassinats politiques ont entaché l'actualité brésilienne. La mort de Marielle Franco, figure montante de la gauche brésilienne exécutée dans sa voiture le 9 mars, avait ébranlé l’opinion et provoqué de grandes manifestations à Rio et à Sao Paulo contre la violence à l’égard des opposants politiques. Dans ce contexte, Jean Wyllys explique avoir pris au sérieux le harcèlement quotidien dont il est victime.

«Les menaces orchestrées et les diffamations, en particulier sur les réseaux sociaux, sont réelles et ne peuvent pas simplement être ignorées ou [...] étiquetés comme victimaires. Le discours haineux ne peut pas être minimisé. Il est potentiellement meurtrier et a déjà fait des victimes !», explique Jean Wyllys dans un tweet.

Ameaças e difamações orquestradas, especialmente em redes sociais, são reais e não podem ser simplesmente ignoradas, ou, como pede o senso comum, rotuladas como "vitimismo". O discurso de ódio não pode ser minimizado. Ele é potencialmente assassino e tem produzido suas vítimas! pic.twitter.com/YKxo8YHG2R

— Jean Wyllys (@jeanwyllys_real) 9 avril 2018

Le député se plaignait également de campagnes de diffamation orchestrées sur les réseaux sociaux où son nom était injustement associé à la pédophilie. «Sur Facebook, des politiques associés à Bolsonaro publiaient constamment de fausses informations sur Jean Wyllys, comme par exemple Alexandre Frota, un ancien acteur porno», explique-t-il.

David de Miranda palliera la défection du député contraint à l'exil. Ce célèbre activiste LGBT est le compagnon du journaliste Glenn Greenwald, l'homme qui a rendu publiques des révélations sur le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Un départ lié à l'arrestation de deux meurtriers présumés d'une autre personnalité politique brésilienne militante LGBT

Selon Rafael Heiber, le départ précipité du député n’est pas dû au hasard. Il coïncide avec les arrestations de deux hommes suspectés du meurtre d'une jeune socialiste brésilienne. «Les criminels que l’on suspecte d'avoir assassiné Marielle Franco sont les conseillers de Flavio Bolsonaro, le fils du président», révèle-t-il. «Quand ces connexions sont devenues évidentes, Jean Wyllys a décidé de se retirer. Même Pepe Mujica, l’ancien président de l’Uruguay, le lui a conseillé», ajoute-t-il.

«Maintenant, les "chefs politiques" des milices se mettent à gouverner le pays», estime Rafael Heiber, au sujet de l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro. Le président brésilien a fait quelques déclarations publiques favorables aux milices paramilitaires qui entendent mettre au pas les quartiers. «Les nouveaux dirigeants sont vraiment liés à l'échelon le plus haut de la criminalité. Les milices sont vraiment dangereuses et très organisées, et très proches de Bolsonaro», conclut-il.

Lire aussi : Le nationaliste Bolsonaro élu président du Brésil

 

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3 commentaires

  1. Posté par va-t-on le

    Il “fuit” pour faire faire des dégâts ailleurs

  2. Posté par Iris le

    L’article que vous relayez a un parti pris, et j’attendrais d’une presse alternative comme la vôtre plus de nuance! Cet article nous parle quasiment d’un fait, comme si un procès avait déjà eu lieu et que Flavio Bolsonaro était rendu coupable dans les deux affaires, ce qui est loin d’être le cas. Je parle en connaissance de cause, car j’accompagne de près la presse brésilienne et comme en Suisse, les médias sont gauchistes et ont un parti pris, n‘hésitant pas à propager des fakenews… je suis rarement déçue de vos articles, mais cette fois c’est le cas…je ne peux que vous encourager à chercher des informations véhiculées par la presse conservatrice brésilienne, pour vous faire votre propre son de cloche! Meilleures salutations

  3. Posté par Vautrin le

    Ben tiens ! Dès qu’un dirigeant veut remettre la situation en ordre -et il ne peut pas le faire sans des moyens musclés- les forces du désordre glapissent à qui mieux-mieux. Maintenant : tout dépend ce que l’on entend par “ordre”. Dans le cas de Bolsonaro, c’est clair : avoir raison de la criminalité et du relâchement des mœurs. On ne peut qu’approuver. Dans le cas d’un certain président français, c’est l’asservissement aux monopoles mondialistes. On ne peut que désapprouver.

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