A Aix-la-Chapelle, mardi, Merkel et Macron ont signé à la va-vite, sans « grand débat » préalable, un traité dont les conséquences pourraient se révéler catastrophiques.
Après le « pacte mondial de Marrakech », c’est la seconde fois en quelques semaines que le président engage notre pays dans des accords majeurs. A chaque fois la démarche a été accomplie dans une quasi-clandestinité. Est-ce du « complotisme » que de le constater ? Ces textes prennent à rebrousse-poil l’opinion publique, sur l’immigration, dans un cas, sur la souveraineté nationale, dans l’autre. Ceci explique sans doute cela.
Cet accord se contente d’actualiser, d’« approfondir » un traité signé en 1963 entre de Gaulle et Adenauer. Le texte de 1963 correspondait à une situation géopolitique bien précise : les Soviétiques occupaient la moitié de l’Europe. Leurs complices communistes allemands venaient d’édifier le mur de Berlin. Chaque jour ou presque des Berlinois tombaient sous les balles des Vopos pour avoir tenté de se réfugier à l’Est. Des jeunes gens agonisaient pendant des heures sur la ligne artificielle séparant les deux Etats. Ce traité était un moyen de réintégrer l’Allemagne de l’Ouest dans le concert des nations européennes, et de matérialiser les liens étroits unissant désormais tous les pays libres face à la nouvelle menace bolchevique. Quelques semaines plus tard, Kennedy devait à son tour apporter son soutien, avec sa fameuse phrase, qui fit le tour du monde : « Ich bin ein Berliner ».
Cela signifie-t-il que nous allons partager notre siège à l’ONU ?
Mais nous ne sommes plus à l’époque de la guerre froide, et ce nouvel « accord de convergence » franco-allemand aurait mérité d’être préalablement exposé aux Français. « Fake news », « mensonges », « fantasmes », « interprétations » : hommes politiques et journalistes macroniens n’ont pas eu de mots assez durs pour qualifier les inquiétudes, les objections, les interrogations émises par les porte-parole du RN, de Debout la France, voire des mélenchonistes.
Mais ces journalistes et ces hommes politiques sont-ils bien certains de faire correctement leur métier, quand ils découvrent ou font découvrir à leurs lecteurs, leurs auditeurs, leurs électeurs, ce texte le jour même de sa signature, à peu de chose près ?
Et n’est-il pas normal de se poser des questions quand on apprend la création d’une « zone économique franco-allemande dotée de règles communes », quand on découvre que la France va faire de l’admission de l’Allemagne comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU une question prioritaire ? La France a un siège, pas l’Allemagne. Cela signifie-t-il que l’on va désormais devoir le partager ? Et cette présence d’un membre du gouvernement d’un Etat au conseil des ministres de l’autre Etat, n’est-ce pas un début d’institutionnalisation d’une supranationalité franco-allemande ?
Cet accord pose une fois de plus la question de notre souveraineté. Question d’autant plus pressante que, sur le plan économique, la France a été largement distancée par son voisin, au fil de ces quarante dernières années. Partager notre poids diplomatique, partager nos moyens militaires, c’est-à-dire nos points forts, c’est accentuer encore ce déséquilibre global.
L’accord d’Aix-la-Chapelle est évidemment un mauvais coup. C’est une façon de favoriser la dilution nationale au profit de l’Europe de Bruxelles. Et l’absence d’information, l’absence de concertation correspondent tout simplement à une volonté de passer en force, contre l’opinion publique, et même contre les urnes.
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