L’apaisement diplomatique entre Paris et Rome n’est semble-t-il pas pour demain. «J'espère que les Français pourront se libérer d'un très mauvais président, et l'occasion est celle du 26 mai [les élections européennes] quand finalement le peuple français pourra reprendre en main son avenir et son destin, son orgueil, mal représentés par un personnage comme [Emmanuel] Macron», a affirmé Matteo Salvini ce 22 janvier dans une vidéo Facebook tournée devant une ancienne usine de pénicilline de Rome, anciennement occupée par plus de 600 migrants. Le ministre italien de l’Intérieur s’est rendu sur place pour démentir les propos de la Maire de Rome, Virginia Raggi, qui avait déploré plus tôt la réoccupation des lieux.
Immigration : Salvini réaffirme son soutien à Marine Le Pen...
Dans son réquisitoire, le natif de Milan a ouvertement souhaité la victoire de Marine Le Pen lors des prochaines élections européennes. «Ce n'est pas Matteo Salvini qui interférera dans la démocratie française, ce seront les Français. J'espère qu'ils choisiront quelqu'un de plus représentatif, sérieux, concret, je pense à Marine Le Pen», a-t-il souhaité alors qu’il dénonçait la politique migratoire conduite par Emmanuel Macron, accusé «de parler d'accueil mais de repousser les migrants aux frontières».
Outre les nombreuses passes d’armes entre les deux hommes sur la prise en charge et l'accueil des migrants traversant la Méditerranée, le secrétaire fédéral de la Ligue a notamment réagi à la reconduite de migrants en Italie par des gendarmes français, le 12 octobre. Il avait alors exigé de Paris des «réponses claires, rapides et sans équivoque». La préfecture des Hautes-Alpes avait fait valoir dans un communiqué qu'il s'agissait d'«une procédure de non-admission à la frontière en tous points conforme à la pratique agréée entre la police française et la police italienne ainsi qu'au droit européen». En retour, Matteo Salvini avait décidé l’envoi de policiers italiens à la frontière franco-italienne.
Ce durcissement de la politique migratoire prôné par Rome avait maintes fois été salué par Marine Le Pen. «Nous partageons la même idée de l'Europe, de l'agriculture, du travail, de la lutte contre l'immigration, et nous sommes contre les ennemis de l'Europe que sont [Jean-Claude] Juncker et [Pierre] Moscovici, fermés dans le bunker de Bruxelles», avait-elle affirmé le 8 octobre aux côtés de son allié italien.
Un gouvernement pro-Gilets jaunes
S’il assure ne pas vouloir verser dans l’ingérence, Matteo Salivini n'a pas caché sa satisfaction de voir émerger, en France, des manifestations «non violentes» à Paris et dans l’Hexagone. Une allusion à peine voilée au mouvement des Gilets jaunes, auquel il avait déjà apporté publiquement son soutien.
«Je soutiens les citoyens honnêtes qui protestent contre un président gouvernant contre son peuple», avait alors affirmé le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, patron de la Ligue (droite anti-immigration), le 7 janvier. L'homme fort du gouvernement italien avait néanmoins fait savoir qu'il condamnait avec une «totale fermeté» la violence des dernières manifestations.
Le ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales, et chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S) Luigi Di Maio, avait plus été plus direct en déclarant : «Gilets jaunes, ne faiblissez pas !»
«Le gouvernement d'[Emmanuel] Macron n'est pas à la hauteur des attentes et certaines politiques mises en œuvre sont de fait dangereuses, non seulement pour les Français, mais aussi pour l'Europe», avait-il poursuivi, ajoutant : «Une nouvelle Europe est en train de naître. Celle des Gilets jaunes, celle des mouvements, celle de la démocratie directe. C'est une dure bataille que nous pouvons mener ensemble.»
Rôle de la France en Afrique : Salvini en remet une couche
Le 22 janvier, dans l'émission télévisée Mattino 5, il Capitano avait accusé la France de piller les richesses du continent africain alors qu’il abordait la crise migratoire en Europe : «Le problème des migrants a beaucoup de causes : par exemple, ceux qui ne vont pas en Afrique pour créer du développement, mais plutôt pour soustraire de la richesse au peuple africain. La France est parmi eux, l'Italie, non.»
Des propos qui font échos à ceux tenus le 20 janvier par son collègue du gouvernement, le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio. Ce dernier avait accusé Paris d’appauvrir l'Afrique, via notamment le Franc CFA, et d'être à l’origine de la mort de migrants dans la Méditerranée. Une déclaration qui avait alors provoqué l’ire du Quai d’Orsay qui avait décidé, le lendemain, de convoquer l’ambassadeur italien en France, Teresa Castaldo.
«En Libye, la France n'a aucun intérêt à stabiliser la situation, probablement parce qu'elle a des intérêts pétroliers opposés à ceux de l'Italie», a ajouté Matteo Salvini, alors que Rome et Paris se disputent le leadership pour résoudre la crise politique et sécuritaire en Libye, en proie au chaos depuis la chute du leader Mouammar Kadhafi après une intervention de l'OTAN.
La France avait hébergé le 29 mai une conférence sur la Libye, sous l’égide de l’ONU. Quelques mois plus tard, alors que la promesse d’Emmanuel Macron d’organiser des élections dans ce pays s’évaporait peu à peu, s’ouvrait le 12 novembre à Rome une conférence similaire. A son issue, l’Italie avait reconnu que son initiative n’avait pas non plus connu le succès escompté.
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