L’Irlande du Nord face à l’assaut des pro-mort

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Avec la légalisation en république d’Irlande de l’avortement jusqu’à la 12e semaine de grossesse, voire au-delà dans certaines conditions, l’Ulster est le dernier bastion pro-vie des îles britanniques. La pression pour que l’on y légalise l’infanticide en phase prénatale vient donc désormais non plus seulement du reste du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, mais aussi du reste de l’île d’émeraude.

En principe, la question de l’avortement relève des compétences de Belfast, mais cela n’a pas empêché plus de 60 célébrités d’Irlande et du Royaume-Uni d’adresser en novembre dernier une lettre au Premier ministre Theresa May pour qu’elle légalise l’avortement en Irlande du Nord. Au même moment, un projet de loi était déposé par un député travailliste au Parlement de Westminster pour imposer à l’Ulster la légalisation de l’avortement sur simple demande jusqu’à la 24e semaine de grossesse, afin d’aligner le régime en vigueur dans cette province sur le reste du pays.

Theresa May, dans une réponse à un électeur membre de la Society for the Protection of Unborn Children (Société pour la protection des enfants à naître, SPUC, la plus ancienne organisation pro-vie de Grande-Bretagne), a fort heureusement fait savoir qu’elle s’opposait à ce projet de loi car trop laxiste, même au regard des standards britanniques particulièrement permissifs, et interférant dans les compétences du Parlement de Stormont, ce qui ne saurait être accepté même si l’Irlande du Nord est privée de gouvernement depuis maintenant plus d’un an, à la suite de la sortie du parti républicain Sinn Féin de la coalition au pouvoir. Ce parti a d’ailleurs complètement revu ses positions après le référendum irlandais sur l’avortement et s’est prononcé en juin 2018 en faveur de la légalisation de l’avortement sur simple demande en Irlande du Nord.

En revanche, les unionistes du DUP, dont les voix sont indispensables à la survie du gouvernement de Theresa May (mais dont elle pourrait bien être privée à la faveur du conflit sur les modalités du Brexit), refusent toute libéralisation de l’avortement qui reste donc interdit en Ulster dans tous les cas de figure sauf lorsqu’il s’agit de sauver la vie d’une femme enceinte. L’avortement y étant considéré pour ce qu’il est, c’est-à-dire un assassinat, avorter est passible d’une peine de prison à vie. En 2015, un juge de la Haute Cour de Belfast avait considéré que cette interdiction couvrant également les cas de grossesse due à un viol ou d’anomalie létale de l’enfant à naître était contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, mais ce jugement a été renversé deux ans plus tard par la Cour d’appel, la plus haute juridiction d’Irlande du Nord.

Passer la frontière pour un avortement gratuit

Néanmoins, les femmes nord-irlandaises qui souhaiteraient, de leur propre initiative ou sous la pression de leur entourage, se débarrasser en cours de grossesse de l’enfant qu’elles portent, et qui pouvaient déjà le faire en Grande-Bretagne, pourront désormais aller se faire avorter de l’autre côté de la frontière entre les deux Irlande. Le ministre de la Santé de la république d’Irlande, Simon Harris, a promis que les avortements seraient bientôt gratuits pour les femmes du Nord. Pour le moment, elles doivent payer une somme qui peut varier d’un établissement à l’autre et qui se monte par exemple à 450 euros dans les centres de « planning familial ».

Dans le cadre de la campagne pour la légalisation de l’avortement en Irlande du Nord, les résultats d’un sondage ont été publiés en octobre pour démontrer qu’une importante majorité (65 %) des Nord-Irlandais serait favorable à une légalisation de l’avortement. Ce sondage provenait toutefois de l’organisation pro-avortement Amnesty International et il n’est donc pas très crédible.

Il montre en revanche que tous les moyens seront bons pour faire plier la petite Irlande du Nord prise en étau entre une république d’Irlande qui s’est détournée de sa foi catholique et une Grande-Bretagne qui est de loin le deuxième pays de l’UE où l’on avorte le plus, après la France.

Photo = La SPUC, société pour la protection des enfants à naître, se veut « la voix des sans-voix ».

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