La droite des valeurs partout à l’offensive

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Recul des partis traditionnels, fragmentation du paysage politique : face à l’offensive de la droite des valeurs dans l’Union européenne tout entière, les gouvernements européens, de plus en plus déconnectés de leurs citoyens, ne masquent pas leur inquiétude.

La poussée et le glissement vers des partis situés clairement à la droite de l’échiquier politique (Rassemblement national en France, Parti de la liberté en Autriche, Parti pour la liberté aux Pays-Bas, etc.) fragmentent de plus en plus les blocs majoritaires au profit d’une droite que l’on appelait auparavant « hors les murs », mais qui pourrait franchir ces murs haut la main en mai prochain. Immigration et identité nationale jouent désormais un tel rôle clé dans la préoccupation des électeurs que les gouvernements en place en deviennent nettement minoritaires dans l’opinion publique.

Ainsi, en Espagne, le gouvernement de la coalition socialiste (PSOE) de Pedro Sánchez, pourtant appuyé par les députés de la gauche radicale Podemos, mais aussi par les indépendantistes et nationalistes basques et catalans, n’est pas parvenu à faire voter le budget 2019. Une situation d’autant plus instable que l’apparition de Vox, formation de la droite de conviction, a d’emblée mobilisé à son profit 11 % des électeurs, lors des toutes récentes élections régionales en Andalousie. Quel sera le score de Vox au niveau de l’Espagne tout entière, dans cinq mois ? Tous les sondages montrent une progression constante de ce parti identitaire et nationaliste, qui n’existait pas il y a seulement quatre ans.

Influence majeure dans les domaines qui touchent à l’immigration

Position également délicate en Suède, où la progression des Démocrates de Suède (SD), nationalistes et anti-immigrés, qui ont doublé leur score à chaque élection depuis 2010, et qui soutiennent la droite de gouvernement, a bouleversé la donne. Même chose au Danemark, où les libéraux, alliés aux conservateurs, dépendent de la droite nationale, en l’occurrence les « populistes » nationalistes du Parti du Peuple Danois (Dansk Folkeparti). Avec 21,1 % des sièges, ce dernier parti exerce dorénavant une influence majeure dans le pays, notamment dans les domaines qui touchent à l’immigration et aux retraites.

L’instabilité est forte aussi dans les pays de l’est de l’Union européenne, notamment en Estonie, en Lituanie, en Croatie, en Slovaquie, ou encore en Lettonie, où le parti prorusse Harmonie est arrivé en tête avec 19,8 % des voix en octobre dernier.

L’Allemagne, la puissante Allemagne, avec ses démocrates chrétiens et ses sociaux-démocrates toujours prêts à gouverner de conserve, est largement bousculée depuis l’émergence de l’AfD. Elle en est à présent à envisager une modification des modes de scrutin pour pouvoir constituer des majorités stables.

La Belgique fait le même constat avec le basculement à droite des sociaux-chrétiens flamands, qui ont quitté et dynamité la majorité, après la signature du pacte de Marrakech.

Enfin aux Pays-Bas, la coalition de quatre partis qui dirige le pays ne dispose que d’un siège de majorité.

Dans tous ces pays, les élections européennes de mai pourraient bien consacrer la très forte progression des mouvements identitaires, voire, dans certains cas, un basculement de majorité au profit des droites nationales, ou de coalitions ancrées à droite, une voie qui a été tracée aussi bien en Italie qu’en Autriche, en Pologne, en Hongrie, etc.

C’est bien une progression générale, voire un raz de marée, qui s’annonce partout, là où la droite nationale est déjà au pouvoir, mais, plus encore, là où elle est dans l’opposition.

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