Rento du Conseil d’État: toujours gagnant!

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Pour se remettre des émotions de ce weekend (je fais évidemment référence à l'échec de l'initiative sur les vaches à cornes) rien de tel qu'un petit tour par Genève où, grâce à l'affaire Maudet, on apprend chaque jour quelque chose.

Le scandale arrive cette fois-ci par un article sans prétention du 20 Minutes du 23 novembre, qui rappelle factuellement les opportunités d'indemnités - vous avez bien lu - dont dispose le futur-ex-Conseiller d'État genevois.

Alors que les appels à Pierre Maudet pour qu'il quitte ses fonctions se multiplient depuis sa mise en prévention pour acceptation d'un avantage, à la suite de son voyage controversé à Abu Dhabi, le timing d'une éventuelle démission ne serait pas sans conséquence financière pour le magistrat PLR. Si ce dernier quitte son poste avant le 29 juin prochain, il touchera une indemnité unique de 437'802 francs. S'il s'en allait après le 29 juin, il aurait alors droit à une retraite annuelle de 89'161 francs, soit 7430 francs par mois, a indiqué ce vendredi la RTS. Des chiffres confirmés par le Département genevois des finances.

Le fait que Pierre Maudet ait été conseiller administratif de la Ville de Genève entre 2007 et 2012 jouera également dans le décompte final. En effet, la loi concernant le traitement et la retraite des conseillers d’Etat et du chancelier d’Etat précise à l'article 6, alinéa 6, que «lorsque le bénéficiaire reçoit également une pension d’une corporation de droit public autre que l’Etat de Genève (ndlr: la Ville, donc) et que le montant cumulé des pensions dépasse 75% du traitement le plus élevé, la pension allouée en application du présent article est diminuée de l’excédent».

M. Maudet aura donc le difficile choix entre la rente à vie ou le pactole immédiat, comme au Rento de la Loterie Romande, pour peu qu'il tienne jusqu'au 29 juin 2019. Mais quoi qu'il advienne, l'élu PLR sait déjà qu'il dispose d'un ticket gagnant.

pierre_maudet_rento.jpg
Tenir jusqu'en juin 2019....

Grillé en politique, il pourra, après avoir écrit ses mémoires, passer quelques décennies aux frais des contribuables à voyager confortablement (jusqu'à Abu Dhabi si cela lui chante) et à se dorer la pilule à la plage.

L'acharnement de l'élu à rester à son poste se comprend mieux en regard de ces petits détails financiers.

"Je ne connaissais pas à Pierre Maudet un tel côté grippe-sou", tombe des nues un membre du PLR genevois dans la Julie. L'intéressé nie, évidemment. "Je n’ai jamais pensé à calculer le jour où j'aurai droit à une pension de retraite", clame-t-il. Le problème est que sa parole devient de plus en plus difficile à croire: au scandale de ses voyages, de possible trafic d'influence à l'aéroport, de son passe-droit dans l'attribution d'une licence pour un bar (lui-même lié au financement d'une campagne électorale), des liens à creuser avec des affaires immobilières, et récemment, d'une association fantoche qui réglait à la place de l'élu sa cotisation annuelle au PLR s'ajoute cette polémique autour d'un pactole de départ. Mais quand, là, il dit que l'argent ne l'intéresse pas, vous pouvez le croire sur parole, promis!

On se demande à quelles profondeur M. Maudet, dans sa chute vertigineuse, réussira à entraîner le PLR genevois.

Pour l’UDC locale, Pierre Maudet ne devrait pas avoir droit à cette pension puisqu’il partirait à cause d’une affaire judiciaire. Seulement voilà, la législation ne dit pas cela. Elle ne dit rien du tout. Témoignage désuet d'une époque où la politique attirait les individus les plus honorables, la loi ne prévoit aucun cas particulier dans le cas d'un élu débarqué suite à une condamnation.

Si le parti des Démocrates du Centre ou un autre cherche à se faire une santé pour une prochaine initiative, un boulevard s'ouvre devant lui: demander à ce que nul élu ne puisse disposer d'une rente à vie ou autre indemnité de départ à l'issue de son mandat. Il n'y a même pas besoin de condamnation pour le justifier! Ces primes sont choquantes pour tout individu normalement constitué, et inadmissibles depuis l'initiative Minder dans le privé. Même la gauche avait soutenu cette initiative! Pourquoi ne pas appliquer une version équivalente dans le public?

On verra les arguments que sortiront les adversaires d'un tel texte. Quant à détourner les gens de la carrière politique dans un exécutif, comme je dis toujours, il sera temps d'y penser lorsque l'on manquera de candidats.

Croyez-vous vraiment que des gens qui refuseraient de se lancer dans l'aventure parce qu'il n'y aurait pas de rente à vie à la clef sont les meilleurs que l'on puisse élire?

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 27 novembre 2018

4 commentaires

  1. Posté par syl le

    Moi je dis gilet jaune en action. coupez-lui les vivres. c est votre pognon Ne payez pas vos prochains imp’ots….

  2. Posté par Bussy le

    Je crois que le but de ces rentes à vie était de mettre les politiciens à l’abri de la corruption et de l’abus de fonction en leur assurant financièrement leurs vieux jours.
    La mondialisation et l’ouverture multiculturelle n’apportant pas seulement des migrants mais aussi les pratiques des shitholes d’où ils proviennent, ces rentes feront bientôt double emploi avec d’autres revenus…. donc il faut songer à les supprimer ou en tous cas les baisser fortement, les autres travailleurs voyant d’ailleurs leurs revenus baisser d’année en année.

  3. Posté par Un Vrai Suisse le

    Normal, PM est français et comme tous les français (y compris les naturalisés), il est en Suisse pour l’argent et non pour servir le peuple.

  4. Posté par Peter Bishop le

    Je viens de faire des recherches pour essayer de savoir quel est le “package” des conseillers d’état et cie à Genève : Impossible de trouver l’information !
    C’est incroyable que ces information ne soit pas publique et transparente !
    Ce que j’ai réussi à trouver indique, pour l’exécutif de la ville de Genève (dont Maudet à fait parti…), un salaire de base à 296’000 CHF, plus des indemnités de frais divers et variés, plus voiture avec chauffeur, plus un nombre indéterminé d’autres avantages en nature, plus une retraite à vie après un certain nombre d’années de service…
    Punaise, ces chiffres sont juste hallucinants…
    Et il semblerait que la situation soit la même à tout les niveaux des états cantonaux et fédéraux partout en Suisse…
    Le “tous pourris” est encore trop faible…
    Comment une situation pareille à pu arriver ? Pourquoi n’y a t-il aucun contrôle ? Pourquoi les salaires des fonctionnaires ne sont pas soumis au vote de la population (qui paie des impôts uniquement) ?
    Et enfin, question subsidiaire à Mr Montabert (qui est l’un des rares politiciens que j’apprécie) : ne pouvez-vous pas (l’UDC), lancer un énorme audit des administrations cantonales et fédérales ? Histoire de rendre publique l’ensemble des salaires et autres magouilles ! Merci.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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