L'Empire russe a été un acteur conséquent de la Première Guerre mondiale, en étant l'allié de la France et du Royaume-Uni au sein de la Triple-Entente. A l'occasion du centenaire de l'Armistice du 11 novembre, l'historien et spécialiste de la Grande guerre Jean-Yves Le Naour revient pour RT France sur le rôle des Russes durant le conflit. Il a notamment publié 1918 : l'étrange victoire aux éditions Perrin.
RT France : L'Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914 ; la Russie quant à elle lance l’offensive en Prusse-Orientale le 17 août. En ouvrant un front à l'Est de l'Europe, la Russie a-t-elle permis à la France de contenir l'invasion de la coalition menée par l'Allemagne ?
Jean-Yves Le Naour (J-Y. L. N.) : La France connaissait le plan Schlieffen [daté de 1905], le plan de campagne allemand. Elle savait que les troupes du Reich allaient d'abord attaquer la France avant de s'en retourner contre la Russie. C'est pourquoi le commandement français pousse son homologue russe à attaquer l'Allemagne le plus tôt possible. Dès août, sans attendre l'achèvement de la mobilisation, l'armée russe attaque l'Allemagne et pénètre en Prusse orientale. Cette attaque, qui se finira mal pour la Russie, sème la panique à Berlin, si bien que le commandement allemand finit par prélever des unités sur les forces qui envahissent la Belgique puis la France. Ces unités vont manquer cruellement lors de la bataille de la Marne [du 6 au 12 septembre 1914]. Aussi, l'intervention de la Russie a été déterminante étant donné qu'il s'en est fallu d'un cheveu lors de cette bataille de la Marne [victorieuse pour la Triple-entente].
RT France : De 1914 à 1917, la guerre n'est-elle pas un fiasco pour la Russie, avec notamment la déroute en Pologne?
Jean-Yves Le Naour (J-Y. L. N.) : En 1915, l'Allemagne applique son plan de 1914 à l'envers : elle reporte ses forces à l'est et garde l'arme aux pieds à l'ouest. Supérieure matériellement, notamment en artillerie, elle s'empare dès 1915 de la Pologne russe. C'est une défaite cruelle pour la Russie qui accentue les tensions internes et accélère la venue de la révolution.
RT France : Quel impact a eu le désengagement de la Russie en 1917 sur la suite de la guerre et la Triple-Entente ?
Jean-Yves Le Naour (J-Y. L. N.) : Après la révolution de février, le commandement français ne compte plus trop sur la Russie mais espère qu'elle continuera au moins à maintenir un front, même passif. Avec la révolution bolchevique en octobre, cette illusion s'écroule. L'armistice est conclu en décembre 1917 et la paix de Brest-Litovsk est signée le 3 mars 1918. Résultat : l'Allemagne reporte toutes ses forces sur le front occidental pour mener la grande offensive du printemps. Sans la Russie, la France est en difficulté... Mais elle saura tenir, avec les Britanniques. En effet, elle dispose du soutien du nouvel allié américain. Elle sait qu'à partir de l'été, l'Allemagne ne pourra plus l'emporter.
RT France : Enfin, savez-vous quel rôle a joué le Corps expéditionnaire russe en France ?
Jean-Yves Le Naour (J-Y. L. N.) : Ce ne sont pas deux brigades, plus une dans les Balkans, aux côtés de l'armée d'Orient, qui peuvent changer les choses. Ce Corps expéditionnaire a eu une importance symbolique. Elle va rappeler l'Union des deux pays et réactiver en France le mythe du rouleau compresseur russe... car on espérait bien en France recevoir 500 000 hommes ! Avec quelle ferveur les Russes sont fêtés quand ils débarquent à Marseille en avril 1916 ! Ce sont des alliés populaires.
Propos recueillis par Bastien Gouly
Extrait de: Source et auteur
Il ne faut pas oublier qu’au cours de la Grande-Guerre, la Russie a été le seul pays dont le Chef d’Etat, le Tsar Nicolas II ait perdu la vie à la suite de son engagement pour la victoire des alliés contre l’Allemagne. En 1914 il s’était porté fort pour l’offensive russe en Prusse Orientale, pour soulager la pression de l’offensive sur la France à la veille de la bataille de la Marne. Cette offensive s’était soldée par la perte de deux armées. Sans compter les pertes russes sur le front, l’extermination de la noblesse et de la bourgeoisie russe lors de la révolution bolchevique soutenue et financée par l’Allemagne, qui avait laissé transiter Lénine en wagon plombé etc. Les puissances occidentales ont une dette historique vis à vis de la Russie, qu’elles devraient acquitter autrement aujourd’hui que par des insultes et des demandes d’embargo économiques!
Comme la deuxième, le pire l’offensive Broussilov en 1916 pour sauver Verdun, Darius vous l’a surement dit.11 novembre une grande victoire des banksters, serait inventé par Céline blessé de guerre.