Le fameux navire Aquarius de l'ONG SOS Méditerranée, qui errait en mer à la recherche d'un port, a été autorisé à accoster à Malte avec 141 migrants à son bord, qui seront ensuite répartis entre cinq autres pays de l'Union européenne. Parmi ces derniers : la France, qui a déclaré qu'elle recevrait 60 de ces migrants.
«Je remercie Malte pour son geste humanitaire et l’assure de la totale solidarité de la France. Il n’y a pas d’alternative à la coopération», a tweeté à ce sujet le président de la République française, Emmanuel Macron, le 14 août.
Coopération européenne concrète actée sur l’#Aquarius, sur initiative franco-maltaise. Je remercie Malte pour son geste humanitaire et l’assure de la totale solidarité de la France. Il n’y a pas d’alternative à la coopération.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 14 août 2018
Cette décision, sur une thématique on ne peut plus clivante au sein de la classe politique française, a suscité des réactions aussi vigoureuses que divergentes.
Exaltation des valeurs de solidarité du côté de la majorité
Ministres et responsables politiques de la majorité présidentielle, sans surprise, se sont félicités de la décision française d’accueillir une partie des migrants transportés par l'Aquarius, y voyant une confirmation du respect par la République française des valeurs humanistes.
Ainsi, Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes, a ainsi loué la «solution coopérative» trouvée par Malte et les «progressistes européens».
#Aquarius: une solution coopérative, conforme à nos valeurs prévaut grâce à Malte et aux progressistes européens avec qui nous avons oeuvré.
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) 14 août 2018
De même, Christophe Castaner, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement, a opposé à «la démagogie à la sauce Salvini» (du nom du ministre italien de l'Intérieur, anti-immigration) à «l'action [...] voulue par la France, dans laquelle l'Europe assume son rôle et [Paris] sa solidarité».
Il y a la politique de la communication pure, la démagogie à la sauce Salvini.
Il y a la politique de l'émotion, sur laquelle rien ne se construit.
Puis il y a l'action, celle voulue par la France, dans laquelle l'Europe assume son rôle et notre pays sa solidarité. #Aquarius— Christophe Castaner (@CCastaner) 14 août 2018
Sonia Krimi, députée de La République en marche (LREM) qui s'était abstenue de voter la loi Asile et immigration pourtant portée par son camp politique, a salué le rôle d'Emmanuel Macron et de la France, qui a refusé de «laisser perdurer une errance faisant le pain bénit des extrêmes».
Je salue le rôle d’@EmmanuelMacron et celui de tous les pays européens (Allemagne, Luxembourg, Portugal et Espagne), dont la France, qui ont su montrer l’exemple, et n’ont pas laisser perdurer une errance faisant le pain bénit des extrêmes. #Aquarius
— Sonia Krimi (@Sonia_Krimi) 14 août 2018
Cet élan de solidarité française vanté par la majorité présidentielle n'a toutefois pas trouvé grâce aux yeux de tous les élus de l'opposition de gauche : Esther Benbassa, sénatrice Europe Ecologie Les Verts (EELV) de Paris, a ainsi déploré «des solutions au coup par coup», espérant plutôt «une politique d'accueil systématique et concertée».
#Aquarius. Sortira-t-on un jour des solutions au coup par coup pour mettre en œuvre une politique d'accueil systématique et concertée? Oui, quand la question migratoire cessera d'être un enjeu de basse politique intérieure – et sera prise pour ce qu'elle est: une urgence humaine.
— Esther Benbassa (@EstherBenbassa) 14 août 2018
Droite et Rassemblement national vent debout contre l’accueil des migrants
Mais c'est surtout à droite que la décision de l'exécutif d’accueillir une partie des migrants secourus en mer par l'Aquarius, a suscité une levée de boucliers.
Chez Les Républicains (LR), le député Eric Ciotti a jugé que seule une politique européenne ferme en la matière serait «gage d'humanité», le choix d'ouverture des Européens faisant selon lui une nouvelle fois «le jeu des passeurs».
Au lieu de se féliciter de la répartition des 141 migrants de l'#Aquarius dealé avec l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l'Espagne, @EmmanuelMacron ferait mieux d'impulser une politique migratoire européenne ferme, seule gage d'humanité. pic.twitter.com/BeHzWU4ddJ
— Eric Ciotti (@ECiotti) 14 août 2018
Similairement, Nadine Morano, eurodéputée du même parti, a jugé que la France avait envoyé un «message reçu 5/5 en Afrique pour continuer l’immigration illégale vers l’Europe».
En acceptant l’#Aquarius une fois encore l’Union Européenne fait preuve de faiblesse. message reçu 5/5 en afrique pour continuer l’immigration illégale vers l’Europe, message reçu aussi par les peuples européens qui s’exprimeront lors des élections européennes...
— Nadine Morano (@nadine__morano) 14 août 2018
Président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a lui fait valoir l'impopularité, aux yeux de l’opinion publique, de l'ouverture des portes de l'Hexagone à de nouveaux migrants. Partant, il a fustigé une politique «irresponsable et court-termiste». Fin juin en effet, quand les dirigeants européens étaient confrontés à une problématique similaire, un sondage Atlantico- Ifop révélait que 67% des Français pensaient que l’Aquarius (qui transportait alors aussi des migrants secourus en mer) ne devait pas être accueilli par la France.
Depuis la villa de Brégançon qu’il a fait rénover pour lui et son épouse, Emmanuel #Macron impose l’accueil de 60 nouveaux migrants aux Français qui pourtant refusent leur venue pour 67% d'entre-eux. Politique irresponsable et court-termiste. #Aquariuspic.twitter.com/VqDmwcxtyL
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 14 août 2018
Enfin, du côté du Rassemblement national (RN), le maire de Fréjus David Rachline a vitupéré le «en même temps» macronien, dans l'affaire de l'Aquarius : «Malte accueille l'Aquarius, et la France recevra près de la moitié des migrants». Deux jours plus tôt, avant que Paris ne prenne une décision à ce sujet, la présidente du RN Marine Le Pen avait déclaré : «L’Etat doit enfin envoyer le signal de fermeté qui s’impose et fermer nos ports à ces navires de migrants.»
Nouvel exemple du "en même temps" macronien : Malte accueille l'#Aquarius, et la France recevra près de la moitié des migrants... Aux #Européennes2019, le choix sera clair : Macron, l'immigration et le laxisme fou de l'UE, ou la souveraineté nationale ! https://t.co/9AERznjJt6
— David Rachline (@david_rachline) 14 août 2018
Lire aussi : Démantèlement d'un vaste trafic d'êtres humains entre l'Espagne et la France
Extrait de: Source et auteur
Heureusement que le ridicule n’a jamais tué personne.Castaner affirme que Salvini fait de la communication, ce n’est pas plutôt son parti lrem et son président qui sont dans la comm. et rien que dans la comm ?Salvini fait ce qu’il a dit avant les élections, et il a l’adhésion des Itlaliens contrairement à ce gugus de castagnette et de son parti produit du marketing.
Quand Nadine Morano était au gouvernement de Sarkozy, qui a fait rentrer plus d’un million d’immigrés dont un million de musulmans, elle ne disait rien.
Elle ne parle que lorsqu’elle est dans l’opposition et qu’elle a besoin des votes des électeurs de droite. Politicienne professionnelle qui pourrit le concept de démocratie.
Ce n’est pas l’arrivée massive de tous ces migrants qui n’ont pas, pour la plupart, les formations requises, qui va assurer le financement des infrastructures et de leur maintenance: la catastrophe du pont Morandi met en lumière les milliards que les états doivent engager pour assurer un minimum de sécurité aux résidents.
Il ne suffit pas de construire à tout va tel que le nécessite actuellement l’accueil; il faut des citoyens responsables capables de maintenir l’édifice en bon état de fonctionnement. L’Europe ne survivra pas d’être prise pour un hospice qui doit tout offrir.