L’Initiative des Trois Mers, un contrepoids au couple franco-allemand ? En plus si l’UE se disloquait…

L’Initiative des Trois Mers, un contrepoids au couple franco-allemand ?

Mardi à Rzeszów, en Pologne, avait lieu le premier forum des régions dans le cadre de l’Initiative des Trois Mers lancée en 2015 par les présidents de Pologne et de Croatie. L’Initiative des Trois Mers est un cadre de coopération régionale réunissant douze pays d’Europe centrale et orientale situés entre la mer Baltique, la mer Adriatique et la mer Noire. Il s’agit, du nord au sud et d’ouest en est, de l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, l’Autriche, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Le but de cette initiative, c’est de rapprocher des pays de l’Union européenne qui ont de nombreux intérêts en commun et qui partagent un même attachement à la souveraineté, aux libertés démocratiques et aux valeurs chrétiennes mises à mal plus à l’ouest. Si ce forum de coopération de l’Europe centrale se veut complémentaire et non pas concurrent par rapport à l’Union européenne, l’expérience du groupe de Visegrád (V4) formé en 1991 par la Pologne, la Tchécoslovaquie (qui s’est partagée en deux en 1993) et la Hongrie montre que cela pourrait rapidement devenir un contrepoids efficace au couple franco-allemand.

La réunion de mardi, à laquelle le président polonais Andrzej Duda a prononcé un discours d’introduction, avait pour but de passer à la vitesse supérieure en encourageant les régions d’Europe centrale à coopérer pour des projets transnationaux et contribuer ainsi, au niveau des collectivités locales, au rapprochement entamé au niveau intergouvernemental. Les Trois Mers, ce sont d’abord et avant tout des projets d’infrastructures destinés à compenser le déficit de connexions dans les transports et l’énergie dans l’axe nord-sud et le retard économique sur l’ouest du continent, car, avec 120 millions d’habitants, c’est 22 % de la population de l’UE mais seulement 10 % de son PIB.

Le premier grand projet en cours concerne des gazoducs qui relieront les terminaux gaziers polonais, lituaniens et croates afin de pouvoir offrir aux pays participants une alternative au gaz russe dont beaucoup d’entre eux étaient jusqu’à récemment – où sont encore – totalement dépendants. La Pologne vient justement de signer deux très gros contrats qui lui permettront après 2022 de couvrir le quart de sa consommation avec du gaz naturel liquéfié américain dont une partie pourra éventuellement être revendue à d’autres pays de la région. Dans ce contexte, le soutien actif des Etats-Unis à l’Initiative des Trois Mers ne surprend pas. L’autre grand projet en cours de réalisation, c’est la Via Carpatia, un ensemble d’autoroutes et de voies express qui relieront à terme la Lituanie à la Grèce en longeant le flanc oriental de l’UE. D’autres projets concernent les interconnexions ferroviaires et fluviales.

Mais le président polonais a aussi souligné mardi au forum des régions des Trois Mers, de même que d’autres participants venus de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie, de Roumanie, de Bulgarie et de Croatie, la dimension politique et sociale de cette coopération. Une dimension dont il a été dit qu’elle était particulièrement importante en cette période où l’Union européenne semble s’éloigner toujours plus de ses fondamentaux.

Ce qui est sûr, c’est que l’Initiative des Trois Mers pourrait aussi être pour l’Europe centrale une alternative utile au cas où l’UE se disloquerait dans un avenir proche.

Olivier Bault

Un commentaire

  1. Posté par miranda le

    TOUT ce qui ne ressemble pas à l’Europe actuelle destructrice de l’âme Européenne est bon pour l’Europe Future. L’initiative des trois mers a le MERITE de nous montrer que “réagir” peut nous engager à trouver d’autres voies possibles.
    Une question à se poser en ce qui concerne la partie Gréco-latine de l’Europe : pourquoi n’a-t-elle pas su réagir aussi vite que nos amis de l’Est, quand l’Europe allait anéantir sa culture?

    Les Européens savent qu’il faut rester liés car nous aurons toujours face à nous des “empires”. L’union des nations européennes reste malgré tout une nécessité vitale.

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