Migrants : Angela Merkel renonce aux quotas obligatoires. L’UE propose comme alternative que les pays paient 250 000 euros par migrant qu’ils refusent.

Pressée par sa base et la CSU, la chancelière abandonne les quotas. Mais elle mise toujours sur la solidarité européenne, notamment envers l'Afrique.

Angela Merkel ne redoute rien de plus qu'une nouvelle crise migratoire. D'autant que la réforme en cours de l'asile européen n'est pas achevée et fait l'objet de très vifs débats entre les États membres. Face à la pression d'une immigration illégale, « les piliers mêmes de l'Europe trembleront sur leur base, et notamment la liberté de circulation », frémissait-elle, mercredi, à Munich, devant un public composé des élus du PPE, le principal parti du Parlement de Strasbourg dont la CDU-CSU est adhérente.

Le sujet est plus que délicat pour Merkel, qui doit faire face à plusieurs fronts : ses détracteurs lui reprochent d'avoir trop largement ouvert les portes de l'Allemagne en 2015-2016 et d'avoir contribué, ce faisant, à faire grandir l'AfD, le parti d'extrême droite anti-immigration. Son partenaire bavarois, la CSU, représenté dans son gouvernement par le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, n'a de cesse de courir après les thèses de l'AfD afin de contenir l'extrême droite lors des élections régionales de Bavière en septembre. Au sein du PPE, Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, a pris la tête d'une fronde anti-migrants (Pologne, Slovaquie, Autriche) et refuse farouchement la solution d'une répartition obligatoire des demandeurs d'asile en cas de crise grave. A contrario, le nouveau gouvernement italien de Guiseppe Conte entend que l'Europe soulage l'Italie de la pression migratoire et espère la mise en place d'une répartition automatique des demandeurs d'asile...

Orbán emporte le morceau

Devant un tel sac de nœuds, Angela Merkel marche sur un fil. Elle admet que le consensus politique n'est pas possible à court terme. Elle rejette l'idée que le Conseil européen puisse, comme en 2015-2016, voter à la majorité qualifiée l'instauration de quotas obligatoires qui, de fait, n'ont pas été respectés par ceux qui n'en voulaient pas. Quand bien même le droit européen le permet, la chancelière reconnaît que l'on ne peut pas imposer à des États européens souverains la présence sur leur sol d'individus indésirés. Autrement dit, elle renonce en l'état à la solution des quotas obligatoires en cas de pic migratoire. Viktor Orbán peut triompher : sa résistance a fini par payer... D'autant plus que, dans les faits, tout le monde admet que les migrants installés dans les pays de l'Est n'y restent pas. Ils repartent vers l'Allemagne ou la Suède, où les chances de rebâtir leur vie sont plus grandes...

Viktor Orbán est loin d'être le seul à se cabrer. Lors du conseil européen des Affaires intérieures, mardi, au Luxembourg, le secrétaire d'État belge à l'Asile et aux Migrations, Theo Francken, du parti nationaliste flamand N-VA, a semé le trouble en déclarant que la solution consistait à repousser les bateaux vers l'Afrique, quitte à ignorer l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme(*). Le tollé provoqué par ses propos a amené son cabinet à corriger sa première déclaration. Le secrétaire d'État belge visait davantage la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme que l'article lui-même. En fait, le droit international coutumier a instauré le principe du non-refoulement en haute mer.

Le prix des « solidarités souples »

De son côté, l'Italie ne comprend pas pourquoi elle devrait systématiquement ouvrir ses ports aux bateaux de Frontex qui secourent des migrants en Méditerranée... La Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio s'accordent pour demander que d'autres ports méditerranéens les soulagent. C'est écrit en toutes lettres dans le pacte de coalition conclu entre les deux formations.

Bien que le gouvernement Conte ne soit pas sa tasse de thé, Angela Merkel ne peut laisser ni l'Italie, ni la Grèce, ni l'Espagne se débattre seules avec le flux de migrants. « Il faut s'orienter vers un système de solidarité flexible où chacun peut contribuer », dit-elle, sans entrer dans les détails. Bruxelles a d'ailleurs imaginé une solution alternative : les États membres qui refusent l'accueil en seraient de leur poche à raison de 250 000 euros par migrant... Cette somme serait versée à l'État qui prendrait à sa charge le demandeur d'asile. Officieusement, Viktor Orbán a fait savoir aux responsables du PPE que la Hongrie était prête à payer pour épargner à son pays une présence étrangère indésirable.

Plan Marshall pour l'Afrique

Afin de sortir de cette impasse, la chancelière essaie de prendre le problème à sa racine. « Les gardes-frontières, à terme, ça ne suffira pas », prévient-elle. Elle espère tarir l'exode à sa source par des accords passés avec les pays d'origine ou de transit à l'image de la Turquie. Et même ce genre de verrou la laisse sceptique... « Quiconque qui prétend fermer les frontières et passer des accords pour empêcher l'immigration ne connaît pas le dossier », tranche-t-elle. Pour la fille du pasteur Horst Kasner, la solution durable à l'immigration consiste à investir en Afrique à travers un plan Marshall généreux qui offre aux Africains une perspective de vivre décemment dans leur pays.

La chancelière est lucide sur l'inefficacité actuelle de l'aide au développement. « Aujourd'hui, c'est inefficace, car l'aide au développement n'est pas coordonnée au sein de l'Union et ne crée pas un dynamisme économique dans ces pays, dit-elle en appelant les Européens à agir de manière cohérente. Nous avons trop souvent fermé les yeux. » Du reste, elle ne dissocie pas la question du développement des problématiques de sécurité et de défense. Relatant une conversation avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, Angela Merkel admet qu'un pays qui doit faire face à une rébellion terroriste sur une partie de son territoire ne peut sérieusement construire son développement économique. Aussi envisage-t-elle que l'Europe non seulement aide les pays africains à dynamiser leur économie mais aussi à assurer la sécurité sur leur territoire. En somme, l'Union européenne doit se résoudre à une sérieuse facture migratoire si elle veut préserver son cadre de vie.

Source

15 commentaires

  1. Posté par Vansteene Gérard colonel en retraite le

    C’est cette europe là que nous refusons, celle qui ose nous imposer des migra,nts et nous réclame un quart de million d’Euros par migrant refusé !
    L’EUROPE que nous voulons n’est pas celle là !

  2. Posté par Yolande C.H. le

    C’est quand l’Europe sera dévastée que les migrants iront chercher fortune ailleurs, soit dans un pays qui leur offre des opportunités, soit chez eux où ils seront obligés de se les construire eux-mêmes.
    L’Europe, c’est la caverne d’Ali Baba, également sur le plan du prestige. Mais le prestige,ce n’est pas de porter une Rolex à son poignet mais les compétences qui permettent sa réalisation.

  3. Posté par combattant le

    Un charter sans pilote,a envoyer par le fond infesté de REQUINS !La meilleures des solutions pas plus BABARE que le comportement de ces faux réfugiés avec le NÔTRES. Fini la sensibilité,le vivre ensemble imposé,les frais engendrés payés par des citoyens honnêtes et respectueux des LOIS. Faudra t-il que DAME NATURE fasse le travail d’éffacer l’humain de cette planète en conservant les animaux dignes dans leurs comportement.EXEMPLE A SUIVRE!

  4. Posté par oxygène le

    L’Europe, l’éternelle tirelire de l’Afrique… on se demande pourquoi, puisque le reste du monde ne se sent pas concerné. Et donc, l’européen doit payer sa dîme éternellement. Pourquoi la vie d’un européen doit-elle être hypothéquée sur l’autel de la misère africaine ?

  5. Posté par Lucie le

    De toute facon, cette UE est en voie d’auto-destruction, voici un article bien senti.
    IL VA Y AVOIR UNE ATTAQUE SUR L’EURO DANS LES 6 MOIS.

    Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

    Nous sommes, nous autres les sans-dents, pris en otage et les victimes collatérales du combat de géants que se livrent quelques psychopathes pour le contrôle du monde, le contrôle des âmes, des ressources, des richesses qu’abrite notre si petite et si fragile planète.

    Nous sommes, nous autres les sans-dents, soumis à une propagande de plus en plus intense, y compris évidemment sous nos contrées dites « civilisées ». On nous demande de détester la Russie, et chaque jour, Poutine est décrit comme un ogre mangeur d’enfants par nos médias. On nous demande d’accueillir les migrants, et l’on vous monte en épingle l’affaire (dramatique) du petit Aylan. Souvenez-vous. Cette information, ou plus précisément le traitement de cette information, fera ouvrir les frontières de l’Europe avec les résultats électoraux que l’on peut voir en Hongrie, en Autriche, et désormais en Italie !

    L’Italie va fermer ses frontières, la France ouvrira les siennes, regardez comme Mamadou est sympathique ! Et la machine à propagande s’emballe.

    Nous sommes, nous autres les sans-dents, totalement instrumentalisés. Nous aimons ceux que nos maîtres souhaitent que nous aimions, nous détestons ceux que l’on demande de haïr sans bien savoir d’ailleurs pourquoi nous menons des guerres illégales (et je parle de nous la France) en Libye, en Syrie. Nous votons pour ceux que l’on nous désigne. Regardez cette vidéo (passionnante) de Michel Onfray qui explique à partir de 3.30 minutes que l’on n’a pas le choix de la politique qui sera menée, juste de celui qui la conduira ! Illusion du choix. Illusion démocratique. (…)

    https://fr.sott.net/article/32613-Pour-Poutine-il-va-y-avoir-une-attaque-sur-l-euro-dans-les-6-mois

  6. Posté par Antoine le

    ”La chancelière (Mme Merkel la bolchévik) est lucide sur l’inefficacité actuelle de l’aide au développement”.
    Quelle lucidité de la part de la pire menteuse et manipulatrice de tous les temps en Allemagne !!
    Pour détourner l’attention de la Katastrophe qu’elle a volontairement créer en Europe, elle détourne notre attention sur l’Afrique !

  7. Posté par sitting bull le

    quand a moi je veux bien payé …pour les remballer tous

  8. Posté par UnOurs le

    Léon Bloy avait une expression parfaite pour décrire Angela Merkel (il l’employait pour la République) : “le vagin sanglant de la trahison”.

  9. Posté par Carole le

    Si nous aidons là-bas et coupons ici tout l’argent qui leur est octroyé, ils ne viendront plus

  10. Posté par François Brélaz le

    Pour Merkel, il faudrait investir en Afrique. Je reviens du Burkina-Faso. Si l’on prend l’exemple de ce pays, investir dans quelle économie ou industrie ? Il n’y a rien.

  11. Posté par G. Guichard le

    J’ai l’impression que ces divers gauches, ça se résume toujours à des histoires de gros sous…

  12. Posté par kitty le

    La Chancelière a mis le bazar dans toute l’Europe , depuis le temps que nous aidons l’Afrique financièrement, rien ne change là-bas, on peut y injecter de plus en plus d’argent, ils n’en feront jamais rien de probant. Il doivent se débrouiller eux-mêmes avec leurs dirigeants qui n’arrêtent pas de les spolier. Nous, nous sommes spoliés depuis longtemps avec les nôtres.

  13. Posté par Mauron le

    Ça met le migrant cher! À ce prix là un charter pour le retout au pays serait moins onéreux ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.