C’est désormais officiel : Gerry Adams qui, pendant plus de trente ans – et dans des conditions particulièrement difficiles –, a dirigé le Sinn Féin, passe le relais à Mary Lou McDonald, son bras droit de longues années.
Agé de 70 ans, Gerry Adams avait annoncé l’an dernier qu’il souhaitait laisser le champ libre à une nouvelle génération : « Diriger, cela veut dire aussi savoir quand il est temps de changer. Et maintenant, il est temps. »
Toute la vie de Gerry Adams aura été marquée par son combat politique contre l’occupant britannique et ses partisans dans la province de l’Ulster (indûment désignée sous le nom d’Irlande du Nord). Aîné d’une fratrie de dix enfants, élevé dans la zone catholique de Falls Road à Belfast, il racontera combien la descente brutale d’unionistes protestants dans son quartier pour décrocher le drapeau irlandais fut déterminante dans son engagement nationaliste.
A 16 ans, il rejoint les rangs du Sinn Féin. Il ne tarde guère à connaître la prison. A plusieurs reprises. Vice-président du Sinn Féin pendant cinq ans, il en prend la présidence en 1983. Elu au Parlement de Westminster, il refuse d’y siéger : pas question, comme des Gallois et des Ecossais l’ont fait, de prêter allégeance à la monarchie britannique. Cela lui vaudra la haine de Margaret Thatcher qui interdira aux radios et aux télévisions de faire entendre la voix de Gerry Adams sous quelque prétexte que ce soit, et encore moins de l’inviter…
Au plus fort de la guerre civile dans l’Ulster (4 000 morts, des dizaines de milliers de blessés), Gerry Adams sera par deux fois la cible des milices paramilitaires « unionistes » (l’attentat de 1984 faillit lui être fatal).
Dans le camp nationaliste, il y en eut cependant pour lui reprocher une relative modération et le choix du dialogue. Avec Martin McGuiness, il va se rapprocher des modérés du SDLP et convaincre l’IRA (avec qui il a des liens privilégiés) de signer – et de respecter relativement… – les cessez-le-feu de 1994 et 1997. Avec in fine l’accord dit du Vendredi Saint en 1998. Accord bien souvent écorné, toujours fragile, mais qui a eu ce mérite de mettre un terme aux affrontements armés.
Décédé l’an dernier, Martin McGuiness, qui avait su orchestrer la stratégie du Ballot Box and Armalite (« le bulletin de vote dans une main, le fusil dans l’autre »), avait révélé (mais ce n’était pas vraiment un secret…) son appartenance à l’IRA. Pour sa part, Gerry Adams n’a jamais reconnu de liens éventuels avec les combattants de l’ombre de l’Irlande libre.
Le départ de Gerry Adams, remplacé par Mary Lou McDonald qui est sur la même ligne que lui, n’infléchira en rien le combat pour la réunification inéluctable de l’Irlande.
Malachi O’Doherty, auteur d’une biographie de Gerry Adams, écrit : « L’accomplissement final d’Adams peut être d’avoir façonné si fermement le Sinn Féin à son image que son départ ne fera aucune différence. » A Nation Once Again !
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