Les trois partis de la grande coalition en place depuis 2013 – la CDU d’Angela Merkel, son parti frère bavarois CSU et le SPD social-démocrate sous la houlette de Martin Schulz – sont parvenus mercredi à un accord pour continuer de gouverner ensemble.
Avec moins de 33 % des voix pour la CDU-CSU et moins de 21 % pour le SPD aux élections fédérales du 24 septembre dernier, ces partis avaient réalisé leur plus mauvais score de l’après-guerre.
Schulz, un gauchiste sectaire
C’est malgré tout le SPD qui sort gagnant de ces négociations, en obtenant le ministère des Affaires étrangères pour l’ancien président du Parlement européen Martin Schulz. Schulz est un européiste convaincu qui a surtout laissé à Strasbourg et Bruxelles le souvenir d’un gauchiste sectaire. Il va donc abandonner ses fonctions de président du SPD. Le SPD prendra aussi la tête du ministère des Finances et du ministère du Travail. Martin Schulz s’est réjouit de cet accord en y voyant l’occasion pour l’Allemagne de reprendre son leadership au sein de l’Union européenne. L’ex-trotskyste français Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, voit aussi dans cet accord une bonne nouvelle pour l’Europe. Réaction enthousiaste aussi du président du Parti populaire européen (PPE), le groupe politique auquel appartiennent Les Républicains français : l’Allemand Manfred Weber parle d’un gouvernement allemand « prêt à contribuer à une Europe plus forte et meilleure » et qui « est une réponse aux populistes ». Schulz, qui dit avoir souvent parlé au président français Emmanuel Macron au téléphone, a déclaré vouloir « une Europe meilleure et plus juste » qu’il compte construire en partenariat avec Paris. Il est vrai qu’avec une telle coalition de gouvernement à Berlin et de tels ministères aux mains du SPD, Macron peut espérer un soutien de l’Allemagne à son projet de fédéralisation d’une partie de l’Union européenne, dans le cadre d’une UE à deux vitesses.
Le SPD à 17% d’intentions de vote
Le journal allemand Bild parle du premier gouvernement SPD dirigé par un chancelier de la CDU. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung estime qu’il ne reste de la CDU plus que… Merkel et affirme que l’inquiétude est grande au sein du parti de la chancelière de voir lui échapper les Finances au profit du SPD. En compensation, le ministère de l’Intérieur reviendra au chef de la CSU et ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, afin sans doute de donner quelques garanties en matière de maîtrise de l’immigration. La CSU et Seehofer demandent depuis longtemps des politiques plus strictes dans ce domaine. La CDU devra se consoler avec, outre bien sûr la chancellerie, le ministère de l’Économie et d’autres ministères de moindre importance.
Le SPD doit néanmoins encore consulter sa base sur cet accord de gouvernement, ce qui prendra jusqu’au 2 mars. C’est sans doute parce que le résultat de la consultation est incertain que ce parti, qui n’est plus donné qu’à 17 % des intentions de vote, a pu obtenir des concessions majeures à la fois en termes de ministères et de programme de gouvernement.
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