De notre correspondant en Amérique latine. – Après avoir laminé avec succès son opposition politique, laquelle, privée de ses chefs, court comme un poulet sans tête dans une basse-cour, Nicolás Maduro s’attaque maintenant à sa seule véritable opposition structurée : l’Eglise. Dans un pays où 80 % de la population se déclare catholique, l’Eglise est une force avec laquelle Maduro doit compter.
Devant la situation catastrophique du Venezuela et la misère de leurs paroissiens, les homélies des membres du clergé se font de plus en plus critiques envers le pouvoir, car, comme le souligne la Conférence des évêques du Venezuela, « la vérité doit circuler », ce qui n’est pas du goût de Maduro qui considère que les églises ont été transformées en arènes politiques.
Maduro attaque donc l’Eglise et ses membres de deux façons. D’une part, afin de réduire au silence un clergé qui fait bloc, il laisse planer la menace de faire passer une loi contre les propos haineux, selon laquelle ils deviendraient passibles de prison. D’autre part, par la persécution de certaines personnalités religieuses, telles Monseigneur Antonio López Castillo, archevêque de Barquisimeto, Monseigneur Diego Padron, archevêque de Cumaná, traité par Maduro à la télévision de « Monseigneur Satan », ou Monseigneur Victor Hugo Basabe, évêque de San Felipe, lequel a courageusement déclaré lors de l’un de ses sermons que les socialistes au pouvoir « refusaient de reconnaître que la cause fondamentale des problèmes du Venezuela était de promouvoir un modèle économique, politique et social qui niait Dieu et la dignité humaine ». Les autorités religieuses visées voient les murs extérieurs de leurs cathédrales et des bâtiments environnants couverts de graffitis injurieux, blasphématoires ou menaçants.
Les attaques contre l’Eglise au pays de Maduro, que ce soit par des actes de vandalisme, des brutalités contre les évêques, des interruptions de messes ou par l’enfermement des fidèles dans les églises, ne sont malheureusement pas chose nouvelle, mais, dans le contexte actuel, elles semblent avoir pris un tour pour le pire. Déjà, dans une déclaration publiée le 12 janvier dernier, la CEV dressait un constat sans appel sur le futur du pays si les choses ne changeaient pas : « Il y aura soit la perte définitive de la liberté, avec toutes ses conséquences, soit des actions de résistance et de rébellion contre le pouvoir usurpateur. »
Cette aggravation de la relation entre le pouvoir de Nicolás Maduro et ce qui semble être le dernier rempart contre son délire marxiste intervient au moment où le salaire minimum vaut moins d’un dollar – soit 0,0059 dollar de l’heure –, où le taux d’inflation prévu pour 2018 atteint les 13 000 %, et où la dette extérieure non honorée, principalement envers la Russie et la Chine, s’élève à 200 milliards de dollars.
Pierre Barbey
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