La Corée du Nord vient une fois de plus de défrayer la chronique en se livrant à un essai thermonucléaire.
Comme à leur habitude, les élites du monde actuel, qui n'ont plus rien à proposer, temporisent en affirmant que la "la guerre n'est jamais la solution". Or, c'est précisément parce que la guerre n'est prétendument jamais la solution que nous en sommes là aujourd'hui.
La Corée du Nord, un vieux cancer
Comptant parmi les derniers pays communistes staliniens de la planète, poursuivant méthodiquement l'asservissement systématique de sa population à travers la famine, les camps de concentration et les procès politiques, la Corée du Nord est une sorte d'enfer sur Terre. L'évasion de nombreux Nord-coréens a permis au reste du monde de se faire progressivement une idée de l'inhumanité du régime et des épreuves endurées par les habitants. Les plus pauvres tentent de ne pas mourir de faim - souvent en vain - et les couches supérieures de la société vivent constamment dans la peur de l'arrestation et de l'exécution sommaire.
La Corée du Nord réussit le tour de force d'être un pays dans lequel personne n'est heureux.
Dès 1965, la Corée du Nord disposa d'installation de recherche nucléaire, grâce à un réacteur de recherche fourni par les grands frères de l'Union soviétique. La matière fissile put quant à elle être extraite directement des gisements du pays.
La culture du secret étant ce qu'elle est en Corée du Nord, il est difficile de déterminer quand le programme nucléaire clandestin du régime entra dans une phase active. Certains avancent l'année 1989, alors que le pays était encore officiellement signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), mais nous n'avons pas de certitude.
Bien entendu, selon le mode de pensée propre à la dialectique marxiste, le programme nucléaire nord-coréen n'a jamais eu d'autre but qu'une "visée défensive" destinée à préserver le régime de ses innombrables ennemis extérieurs, ceux-ci étant largement fantasmés par une clique paranoïaque et délirante. Pour s'en convaincre, il suffit de recompter le nombre d'opérations hostiles visant la Corée du Nord et son régime durant, disons, les cinquante dernières années - très exactement zéro. Les exactions militaires de la Corée du Nord furent elles bien visibles, tout comme les opérations hors du pays telle l'exécution à l'arme chimique du demi-frère de Kim Jong-Un à l'aéroport de Kuala Lumpur.
L'apathie prévalant contre la Corée du Nord aurait pu, aurait dû changer en octobre 2006 lorsque Pyongyang procéda à un premier essai nucléaire. Mais rien ne se produisit, ni pour lui, ni pour les suivants. De vagues sanctions économiques et ce fut tout - comme si les dirigeants du pays allaient plier devant des sanctions menaçant le bien-être d'une population qu'ils laissent volontiers mourir de faim. Le cynisme et l'inaction de la communauté internationale sont sans limites lorsque le sujet est un pays sans intérêt géostratégique immédiat.
La triste vérité est que l'Occident a eu l'occasion d'en finir avec la Corée du Nord à de multiples reprises, mais n'en fit rien. L'effondrement de l'Union Soviétique ouvrit une exceptionnelle fenêtre d'opportunité pour régler une bonne fois pour toute la "question coréenne" mais au cours de ses deux mandats Bill Clinton se montra surtout concerné par ses frasques sexuelles. Les États-Unis restèrent inactifs lors d'une décennie riche en opportunités.
George W. Bush ne brilla pas non plus pour son intérêt envers la Corée du Nord durant ses deux mandats - à sa décharge, les attentats du 11 septembre l'amenèrent à tourner son attention plutôt vers les pays musulmans. La surprise du premier essai nucléaire nord-coréen en 2006 aurait pu l'amener à réagir de façon plus efficace, mais à ce stade les États-Unis étaient déjà empêtrés en Irak et en Afghanistan.
Bien entendu Barack Obama, le Messie intergalactique, n'en fit pas davantage. Trop occupé à diviser l'Amérique à l'aide de polémiques raciales et partisanes, le prix Nobel de la Paix se contenta en matière de politique extérieure de poursuivre les offensives engagées jusque-là à grands coups de bombardements par drones, mettant son inaction entre parenthèses juste le temps de faire chuter le régime de Kadhafi. Les soubresauts du "printemps arabe" et ses fruits islamistes furent bien assez nombreux pour occuper le monde, mais pendant ce temps les essais nucléaires nord-coréens s'enchaînaient en toute impunité.
Chronologie de la lâcheté
Internet n'oublie pas. Le réseau permet de retrouver de belles réactions liées au programme nucléaire militaire nord-coréen. Dès le début, l'accent fut mis sur l'incrédulité, la minimisation, le fait que la Corée du Nord ne disposait pas des capacités de frappes à distance... Livrons-nous à une modeste chronologie de ces essais nucléaires et des réactions suscitées:
- Premier essai nucléaire le lundi 9 octobre 2006 sur le site de Hwadaeri, près de Kilju, à 100 km de la frontière chinoise. Tout va bien, c'est un essai "de faible puissance". Il serait même raté. Et puis la communauté internationale réagit fermement: elle dénonce cet essai, y compris la République populaire de Chine, principal soutien de la Corée du Nord, nous dit-on. La résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations unies impose des sanctions. Pyongyang n'a qu'à bien se tenir.
- La Corée du Nord annonce le 25 mai 2009 avoir réalisé un second essai nucléaire souterrain, dont la puissance estimée varie selon les observateurs entre 2 et 20 kilotonnes. Deux ans et demi plus tard, les diplomates réalisent que les sanctions n'ont peut-être pas plus marché en Corée du Nord qu'en Irak avec le régime pétrole contre nourriture, ou que partout ailleurs en fait. Plus personne ne prétend que les explosions atomiques sont des trucages, mais la presse se veut toujours rassurante: "le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé lundi soir une réunion d'urgence pour discuter du nouvel essai nucléaire effectué par la Corée du Nord." Et puis, qu'on se le dise, Barack Obama a de son côté estimé que les ambitions nucléaires de la Corée du Nord représentaient une "menace pour la paix" et nécessitaient "une action de la communauté internationale". Rassurons-nous, les grands de ce monde se penchent sur le dossier.
- Troisième essai le 12 février 2013. La puissance augmente ; les services sud-coréens l'estiment entre 6 et 7 kilotonnes. Mais il est condamné "par une très large majorité de la communauté internationale", fort heureusement. Ici, on en rigole ; "La Corée du Nord a toujours des atomes crochus", plaisante Paris-Match. Et puis Pyongyang a violé des résolutions des Nations-Unies et ça c'est très grave, on va voir ce qu'on va voir. Au bout de trois essais en toute impunité, on commence, lentement, à s'interroger sur l'efficacité des sanctions...
- Le 6 janvier 2016, quatrième essai. La télévision officielle annonce par la voix enthousiaste de sa présentatrice que la Corée du Nord a fait exploser une bombe H miniaturisée. Mais le succès de cet essai est mis en doute par certains experts. Ce ne serait qu'une bombe atomique de plus, pas une vraie bombe H, donc pas de quoi fouetter un chat. Toutefois en Suisse les esprits supérieurement intelligents du Temps commencent à réaliser le problème: "le monde est démuni face au chantage nucléaire nord-coréen". Incidemment, l'article nous apprend que "La stratégie de Pyongyang est limpide: continuer de faire chanter la communauté internationale. Cela avait très bien marché après les premiers essais, puisque Pyongyang avait obtenu une coopération dans le nucléaire civil et une aide alimentaire." Certains auraient apparemment pris goût aux terribles mesures de rétorsion de la communauté internationale...
- Le monde s'était presque habitué aux explosions nucléaires du paradis communiste tous les trois ou quatre ans, mais le rythme s'accélère. Le cinquième essai a lieu quelques mois plus tard seulement, le 9 septembre 2016, menant à une activité sismique de magnitude 5,3 enregistrée par les pays voisins. Les autorités nord-coréennes confirment que cette activité est liée à un essai nucléaire souterrain, le plus puissant mené jusqu'à présent. On se pose des questions. En retard d'une guerre, les analystes éclairés du Courrier International proclament: "la menace est devenue une réalité."
- Sixième et dernier essai en date, le dimanche 3 septembre 2017. Une déflagration souterraine localisée à 24 km au nord-est de la localité de Sungjibaegam, dans la province de Hamgyeong au nord du pays, entraîne un séisme d'une magnitude de 6,3 et des protestations internationales. Le président de la commission de la Défense du parlement sud-coréen estime qu'il s'agit d'une explosion de 100 kilotonnes. Pékin "condamne vigoureusement" le nouvel essai nucléaire. Séoul demande "la punition la plus forte" contre la Corée du Nord... C'est sûr, Kim Jong-un doit trembler de peur.
Cette modeste énumération ne s'étend que sur les essais nucléaires militaires de la Corée du Nord. Le pays avance en parallèle ses pions dans le domaine des missiles balistiques - le moyen privilégié d'envoyer des bombes à destination. Là aussi les progrès sont patents, comme peuvent en témoigner des Japonais voyant des missiles passer au-dessus de leur archipel.
Sur le plan de la communauté internationale, en revanche, les progrès s'apparentent au néant absolu.
Procrastination fatale
Rares sont les problèmes qui se résolvent d'eux-mêmes. Ils ont plutôt tendance à empirer et la Corée du Nord en est l'exemple parfait.
"Résoudre" le problème de la Corée du Nord à travers un changement de régime n'aurait rien eu d'une partie de plaisir, quelle que soit l'époque. L'adversaire de Pyongyang aurait eu à affronter les millions de soldats d'une armée pléthorique et une population fanatisée à l'extrême. Toutefois, il paraît probable que l'État nord-coréen se serait alors effondré comme un château de cartes - les routes défoncées, les tanks rouillés des années 50 et les hordes dépenaillées d'infanterie à demi morte de faim n'auraient guère posé problème au moindre régiment d'armée moderne.
Les principales difficultés auraient été liées à la crise humanitaire révélée après le bref affrontement, et à la gestion de l'impérialisme chinois. Pékin se targue d'être l'acteur majeur de la région. La Corée du Nord mérite-t-elle un affrontement militaire direct avec d'autres pays? Il n'est pas certain que les dirigeants chinois, des êtres doctrinaires mais néanmoins capables de raison, souhaitent risquer l'aventure armée pour maintenir un tyran dément à la tête d'un allié aussi embarrassant.
Depuis que la Corée du Nord dispose de l'arme nucléaire et de missiles intercontinentaux, tout est plus compliqué, plus dangereux et plus incertain. Certains analystes prétendent encore que les principaux dangers sont écartés, la technologie balistique de la Corée du Nord n'étant pas encore complètement au point. Peut-on se contenter d'une si faible assurance? Au vu des énormes progrès militaires accomplis par le pays en seulement quelques années, cette maigre réserve est aussi amenée à disparaître.
La folle trajectoire vers la catastrophe se poursuit. Les pays directement menacés envisagent diverses mesures allant de boucliers anti-missiles à l'éventualité de lancer eux-mêmes leur programme nucléaire - la promesse d'une destruction mutuelle fonctionnant mal face à un ennemi irrationnel. Avec l'augmentation de portée de ses missiles, le problème nord-coréen passe de régional à continental, puis mondial. Nul doute que cela donnera lieu à encore plus de réunions d'urgence à l'ONU, où de nombreux diplomates pourront faire part de leur immense préoccupation avant un agréable déjeuner au restaurant. La diplomatie internationale ne parvient même pas à arracher au régime de Pyongyang des concessions aussi rétrospectivement dérisoires que l'ont été en leur temps les Accords de Munich.
Transposée dans un quartier résidentiel, la Corée du Nord s'apparente à un voisin irascible et paranoïaque qui tire au fusil au hasard et bricole des explosifs dans son garage. "Mais il ne vise pas bien", se rassure-t-on. Et plusieurs pétitions ont déjà été dûment consignées dans sa boîte aux lettres. Sûr qu'avec tout ça les choses ne peuvent que s'arranger.
Et dans l'ombre, un barbu iranien bricole sa propre bombe, enhardi par l'impunité dont jouit son compère.
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 6 septembre 2017
@ Peter Bishop : Exact…
Depuis le mercredi 23 août, l’armée américaine présente en Corée du Sud s’entraîne en prévision d’un conflit armé avec la Corée du Nord.
Ces exercices de simulation sont effectués conjointement par l’armée américaine et l’armée sud-coréenne.
Et il est prévu que cela continue encore un certain temps.
On sait que les Etats-Unis sont en perte de vitesse au niveau économique et démographique, et que le vrai centre économique et démographique du monde s’est déplacé en Asie. Et les Etats-Unis le savent.
Leur seule façon d’avoir encore du poids en Asie, c’est en s’assurant des positions militaires dans cette partie du monde. Et c’est bien leur objectif, militarisme impérialiste oblige.
Dans cette optique, n’importe quel conflit local, n’importe quelle provocation est récupérée comme prétexte pour mettre en place leurs positions militaires dans la région, face à la Chine, la Russie et l’Inde.
Pour rappel, la Corée du Nord compte 25 millions d’habitants.
La Corée du Sud 51.
Cela fait 76 millions d’innocents.
Une peccadille pour l’impérialisme américain ?
http://www.voltairenet.org/article197539.html
“Et dans l’ombre, un barbu iranien bricole sa propre bombe, enhardi par l’impunité dont jouit son compère.”
Et alors?
C’est la Chine qui a les clefs et qui maintient le dictateur, qui a aussi le soutien de la Russie . C’est pour cela que les USA ne peuvent pas l’agresser.
C’est une affaire délicate et il faut questionner l’histoire de la Corée-du-Nord pour bien comprendre d’où vient la détestation de ce pays pour les États-Unis. Il est très difficile de trouver quelque chose dans les articles actuels, car tous parlent de provocations et de menaces de la part de la Corée-du-Nord, mais jamais de la part des États-Unis. Cependant il y a ce petit historique qui permet de comprendre la position de la Corée-du-Nord :
http://m.7sur7.be/7s7/m/fr/1733/Coree-du-Nord/article/detail/3228346/2017/08/09/Pourquoi-la-Coree-du-Nord-deteste-tant-les-Etats-Unis.dhtml
Depuis que Irak ou Libye (entre autres) ont profité des bienfaits de l’humanisme américano/occidental on sait comme le peuple est devenu heureux dans ces pays
Petit rappel : SECURITÉ: A Genève, des Nord-Coréens tirent au fusil d’assaut: ……Sécurité: Une étrange soirée pour des officiers étrangers s’est déroulée jeudi sur une place d’armes genevoise. LIEN : https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/geneve-nordcoreens-tirent-fusil-assaut/story/23749978
Malheureusement pour le pauvre peuple nord-coréen qui crève de faim, il va se prendre sous peu un déluge de feu… espérons au moins que leur débile en chef crèvera…. tout ça pour essayer de faire peur au barbu iranien qui bricole sa bombe… ça c’est une autre ligue…. et ne se préoccupe pas non plus des Iraniens…
Et pendant ce temps, les bien-pensants donneurs de leçons mettent toute leur énergie à contrer Trump….
Nous (les peuples de la Terre) sommes confrontés au problème suivant :
– Il y a une menace identifiée depuis DES ANNÉES !
– Cette menace a été discutée moult fois à l’ONU (le grand machin qui sert à RIEN)
– Les sanctions ont été contournées extrêmement facilement (La Chine ayant jour un rôle pas très ragoutant) complice ?
– Les échanges verbaux des 2 côtés (USA – RDNK) ne mettent que de l’huile sur le feu …
Une conférence au sommet (Russie-Chine-USA-Corée du Nord-Corée du Sud et quelques pays NEUTRES) s’impose avec des garanties IMMÉDIATES (non agression, pas de tire de missile, pas d’explosions nucléaires).
Un peu de bonne volonté, mais qui a ce genre de volonté ?
Une seule question : pourquoi certains pays ont le droit de faire ce qu’ils veulent et d’autres non ? Les USA ont été et sont encore la pire menace de toute la planète que je sache…
Il suffit de se mettre dans la tête du satrape nord-coréen et de raisonner de la façon suivante, très RATIONNELLEMENT: Sadam Hussein n’avait pas la bombe atomique, Kadafhi n’avait pas la bombe atomique, je dois donc avoir la bombe atomique.