Avec les problèmes grandissants de fertilité, de plus en plus de couples se tournent aujourd’hui vers la procréation médicalement assistée (PMA). En 2014, il y aurait eu plus de 144 000 « tentatives » qui auraient donné naissance à 25 208 enfants. La PMA serait la baguette magique permettant à tous les couples qui le souhaitent de procréer. Mais quelles limites instaurer ? Notamment concernant l’âge jusqu’auquel elle peut être proposée. C’est ce que s’est demandé le Conseil d’orientation de l’agence de biomédecine, en juin dernier.
N’étaient concernés jusqu’à présent que les couples souffrant d’infertilité dite pathologique. Sans parler de la volonté du gouvernement d’ouvrir la PMA aux lesbiennes, de plus en plus de couples viennent consulter pour des problèmes de fertilité liés à l’âge. Il ne s’agit donc plus de remédier aux conséquences d’une maladie, mais bien de contourner l’horloge biologique au rythme de laquelle on ne veut plus se plier aujourd’hui.
« C’est une responsabilité vis-à-vis de l’enfant, de soi-même et de son conjoint, mais aussi de la société. L’assistance médicale à la procréation rend plus aiguë la question de l’âge », remarque le Conseil d’orientation. Ainsi des institutions se retrouvent-elles contraintes de statuer sur des situations auparavant naturelles. L’exercice est périlleux. D’autant que l’on brandit très facilement désormais la pancarte de la stigmatisation. Le terrain est miné et le Conseil d’orientation le sait, qui glisse qu’il « s’arrogerait un regard exorbitant en érigeant une norme d’âge pour être parent ».
Faut-il donner une limite normative d’âge ? Et ainsi « discriminer » les plus âgés ? En fonction des pays, la limite d’âge pour la femme peut varier grandement : elle est de 50 ans pour des pays comme la Grèce ou l’Estonie, de 40 ans pour la Finlande ou la Belgique. D’autres encore ne donnent aucune limite. Certains médecins, ou patients, sont prêts à repousser les limites autant que le permet la science, sans considération pour le bien-être des enfants à venir. C’est ainsi que l’on a pu voir une femme de 64 ans accoucher de jumeaux en Espagne, après s’être fait implanter des embryons par FIV aux Etats-Unis.
En France, si la loi ne fixe pas de limite en tant que telle, l’Assurance Maladie ne rembourse plus les frais de PMA au-delà de 42 ans révolus pour les femmes et 59 pour les hommes. Une politique qui coûte 200 millions d’euros par an… Libre ensuite aux médecins et aux couples de continuer au-delà s’ils sont prêts à financer eux-mêmes les traitements.
Mais les risques sont loin d’être nuls. Pour la mère d’abord, qui risque d’autant plus qu’elle est plus âgée (embolie, prééclampsie, détresse cardiaque, etc.). Pour l’enfant ensuite : prématurité, malformation. Du côté des pères, la situation n’est pas plus réjouissante : des études ont montré que, lorsque le père avait plus de 50 ans, il y avait plus de risque que l’enfant soit autiste ou développe une pathologie comme la schizophrénie. La science force les limites de la nature, mais non sans conséquences. Est-ce à l’enfant, et à la société, d’assumer de tels risques ? Le Conseil d’orientation ne fait que poser la question sans y répondre, et suggère des campagnes de communication pour rappeler qu’il est mieux d’avoir des enfants jeunes…
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